L'eau
L'inondation de Winnipeg, mai 1950
En 1950, la rivière Rouge a atteint son niveau le plus élevé depuis 1861, ce qui a déclenché une inondation majeure qui allait durer du mois d'avril au mois de juin. La région avait connu d'abondantes pluies à l'automne et d'importantes chutes de neige pendant le long hiver. Au printemps, la froidure avait empêché la fonte des neiges et d'épaisses couches de glace accumulées sur la rivière l'avaient fait monter en crue dès le 22 avril. Au début de mai, des pluies intenses ont maintenu la rivière à un niveau supérieur à la crue habituelle pendant 51 jours.
La rivière tourbillonnante, montant du Minnesota vers le nord, a transformé en une vaste mer intérieure 600 milles carrés de terres agricoles du Manitoba entre la frontière américaine et Winnipeg. Alarmées par la probabilité d'une inondation, les autorités manitobaines ont demandé l'aide de l'Armée canadienne et de la Croix-Rouge. La Croix-Rouge a coordonné les secours et les équipes de secours, composées entièrement de bénévoles.
Du 1er au 5 mai, le niveau de l'eau a monté d'heure en heure, envahissant les rues et les bâtiments de Winnipeg. Le 5 mai fut une journée de tempête. Dans la soirée de cet infâme « vendredi funeste », où se mêlaient pluies torrentielles, grésil et neige, la puissante rivière Rouge a défoncé huit digues et démoli d'innombrables bastions de sacs de sable. Quatre des onze ponts de Winnipeg ont été détruits et des maisons ont été engouffrées sous les eaux. Le 6 mai, à la demande insistante des principaux responsables de la lutte contre la crue, le premier ministre du Manitoba, Douglas Campbell, a demandé au premier ministre canadien, Louis Saint-Laurent, de déclarer l'état d'urgence, rendu nécessaire par « l'inondation la plus catastrophique que le Canada ait jamais vue ». [traduction] (Rasky, 1961, p. 175)
Source
Membres du Princess Patricia's Canadian Light Infantry travaillant à contenir l'inondation survenue à Winnipeg, au Manitoba, en 1950
Sous le commandement du brigadier Ronald E.A. Morton, l'armée a installé le quartier général de la lutte contre l'inondation dans des bureaux improvisés de l'édifice de la Législature du Manitoba. Le 18 mai, tandis que le niveau de la rivière Rouge était de 30,3 pieds plus haut qu'en temps normal, deux plans différents ont été discrètement élaborés. Le premier, intitulé « Opération If » ou « Blackboy », prévoyait la stratégie à adopter pour évacuer toute la ville de Winnipeg si la rivière montait de deux autres pieds. Le deuxième plan, « Opération Rainbow », visait la reconstruction de Winnipeg, si tout se passait bien.
Winnipeg a tenu bon et, enfin, le 25 mai, lorsque la rivière a commencé lentement à redescendre à 28,5 pieds, on a lancé l'« Opération Rainbow » et les résidants ont pu regagner leur maison qui dégageait une odeur très désagréable.
La Marine royale du Canada, l'Aviation royale du Canada et l'Armée du Salut ont tous joué un rôle important dans le combat que le Manitoba a livré contre la puissante rivière Rouge en 1950, tout comme les cent mille bénévoles de tous les âges qui, épuisés, mais tenaces et héroïques, se sont occupés des digues dans toutes les communautés. Les millions de sacs de sable qu'ils ont entassés témoignent de l'énormité de leur tâche. Devant la menace d'une épidémie de typhoïde, la ville d'Ottawa a fait don d'un chlorateur et l'Université de Montréal, de vaccins contre la typhoïde.
Le coût de l'inondation a été estimé à plus d'un milliard de dollars. On a créé un fonds de secours pour les victimes de l'inondation et l'on rapporte qu'entre huit et dix millions de dollars ont été recueillis. Bien que 107 000 personnes aient été évacuées de la région, l'inondation de 1950, qui avait noyé la ville de Winnipeg, n'a causé la mort que d'un seul de ses résidants, Lawson Alfred Ogg. À la suite de cette catastrophe désastreuse, la ville de Winnipeg a établi des mesures de lutte contre les inondations.
Référence
Frank Rasky. Great Canadian Disasters, Toronto, Longmans, 1961.