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LE MONDE ENTIER ATTEND ANXIEUSEMENT LA LENTE ARRIVEE DU "CARPATHIA" A NEW YORKSi les informations sont exactes, le vaisseau de la ligne Cunard, portant à son bord les 868 rescapés du « Titanic », arriverait dans le port de la métropole américaine, jeudi après-midi, demain.---Il était à 596 milles de New York, hier soir, à 11 heures. ON SAURA A QUOI S’EN TENIR BIENTOTQuels sont ceux qui on péri ? Quels sont ceux qui sont sauvés ? A peine, jusqu’ici, connaît-on les noms de 300 des rescapés sur les 868 à bord du « Carpathia ». LE DOUTE REGNE ENCORE AUTOUR DU SORT DE M. HAYSC’est avec une angoisse profonde que tous ceux qui avaient des parents, des proches ou des amis à bord du malheureux « Titanic » attendent les nouvelles que le télégraphie transmet trop lentement et cherchent avec anxiété sur la liste des passagers sauvés le nom de celui ou de ceux qui leur étaient chers. Encore aujourd’hui, les détails qui nous sont transmis sont maigres. Nous donnons ci-dessous une version du désastre, version venue de Saint-Jean de Terreneuve et transmise par le « Bruce », un navire postal qui fait le service entre la Nouvelle-Ecosse et Terreneuve. On croit qu’il a été fondé sur des dépêches interceptées par ce navire au moyen de son appareil de télégraphie sans fil. Il faudra attendre encore pour en vérifier l’exactitude. Le désastre du « Titanic » a déjà provoqué une nouvelle politique de la part des compagnies maritimes. Celles-ci ont décidé d’abandonner au printemps la route du nord pour s’en tenir à la route du sud. On comprend pourquoi les navires passent si près des bancs de Terreneuve, qui ne sont pas en ligne droite entre New York et l’Angleterre, quand on réfléchit que la courbe de la terre raccourcit de beaucoup une route qui fait un arc de cercle vers le nord. Cette décision aura l’avantage d’empêcher les capitaines de se risquer dans la région des glaces flottantes. La liste des passagers sauvés se grossit peu à peu et on croit qu’elle sera complète aujourd’hui, mais il ne reste maintenant aucun espoir pour ceux qui ne sont pas à bord du « Carpathia ». Le « Virginian » et le « Parisian » ont télégraphié qu’ils ne portaient aucun naufragé. Il reste encore une grave question qu’un ingénieur anglais vient de placer devant le public en déclarant que les vaisseaux modernes, tout en se conformant au règlement du Board of Trade, ne portaient pas un nombre de chaloupes de sauvetage suffisant. Une dépêche disait hier que toutes les chaloupes du « Titanic » avaient été retrouvés et cependant elles ne contenaient, remplies, que le tiers des passagers et de l’équipage. On a droit de se demander : « Le « Titanic » avait-il assez de chaloupes ? » Quant à la manière dont l’accident s’est produit, on l’ignore encore. Il est maintenant prouvé que le capitaine du « Titanic » connaissait parfaitement la présence des icebergs dans les eaux qu’il traversait. Il en avait été prévenu par plusieurs capitaines entre autres par celui de la « Touraine » arrivée au Havre lundi et qui s’est trouvé en communication avec le « Titanic » vendredi de la semaine passée. « L’Amerika », de la ligne allemande, lui avait même signalé la présence des icebergs juste à l’endroit oû le « Titanic » a sombré, et cette dépêche a été communiquée au service hydrographique de Washington. Que s’est-il passé le soir du dernier jour pour expliquer cette apparente négligence ? |