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Titre de section : Souvenirs communs
Mémoire, identité et archives

Elizabeth Grove-White
Département d'anglais, Université de Victoria

« Ce sont les symboles qui unissent et divisent les gens. Les symboles nous donnent notre identité, notre image de soi, notre façon de nous expliquer aux autres. Ils colorent les récits que nous racontons, lesquels déterminent à leur tour les nuances de l'histoire que nous faisons et refaisons. » [traduction]

 

- Mary Robinson, déclaration d'investiture en qualité de présidente de l'Irlande Le 3 décembre 1990


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« Buy Irish Free State Bacon, Buy Australian Sultanas » (entre 1926 et 1934)

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On considère depuis peu les musées, les archives et les bibliothèques comme des « institutions de la mémoire », ce qui reflète une sensibilisation croissante vis-à-vis de ce qu'on appelle la mémoire culturelle ou collective. Le terme « mémoire collective », inventé par Maurice Halbwachs, se distingue de la mémoire individuelle et désigne tant un ensemble de mémoires partagées au sein d'une culture commune qu'un mécanisme par l'entremise duquel une collectivité ou un groupe se rappelle d'événements faisant partie d'une expression plus large de son identité et de son appartenance.

Avec le temps, les questions associées à la mémoire collective ont préoccupé des chercheurs d'une vaste gamme de disciplines, dont des théoriciens de la culture, des spécialistes de la cognition, des philosophes, des linguistes, des géographes, des sociologues et des économistes. Les historiographes et les politologues reconnaissent également, avec le regard propre à leur domaine, l'importance de la mémoire collective en ce qui a trait aux modes de définition de l'identité et de connaissance de soi des populations.

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Obligation de dix dollars de la République d’Irlande (24 mars 1866)

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Cette connaissance de soi, qu'elle soit individuelle ou commune, semble si inextricablement liée à la mémoire que les questions relatives à la création, au partage, à l'expression, à la réalisation et à la transmission de cette dernière entre groupes ou d'une génération à l'autre vont bien au-delà du domaine purement théorique. Sur le plan politique, les décideurs doivent composer avec ces questions lorsqu'ils se buttent à des divisions nationales, ethniques ou religieuses. Dans le monde des affaires, le tourisme patrimonial crée et commercialise la mémoire collective, comme le font par ailleurs les publicitaires, les conglomérats médiatiques et les mercaticiens. D'un point de vue philosophique, la quête de cette mémoire se fonde sur deux éternelles énigmes : la question ontologique « Qui suis-je? » et le casse-tête épistémologique « Comment sais-je ce que je sais? ».

Dans ce domaine d'investigation de plus en plus exploré, on reconnaît que, loin d'être fixes et stables, les symboles et récits qui façonnent la mémoire collective et l'identité culturelle sont issus d'un ensemble mouvant d'objets et d'événements patrimoniaux. Dans les espaces communs, virtuels autant que géographiques, les incidents, les sites et monuments, les rituels communaux, les célébrations publiques, les images, les sons, la musique, les textes ainsi que, plus récemment, les films et les émissions de radio et de télévision revêtent un symbolisme partagé. Ils deviennent, comme l'a si bien écrit Pierre Nora, des « lieux de mémoire » autour desquels les identités et les souvenirs collectifs sont tissés, renforcés et communiqués.

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Motif de trèfles brodé en poil d'orignal sur une empeigne iroquoise (1912)

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L'expérience contemporaine des Irlandais illustre la nature dynamique et interdépendante de la mémoire collective. Les récents déchirements culturels, sociaux et économiques de la mère patrie ont engendré des débats publics à grande échelle sur les idées reçues concernant les mémoires du pays, ses patrimoines et ses histoires nationales. On travaille présentement à la détermination de différents « lieux de mémoire » destinés à soutenir de nouveaux discours sur l'identité collective en célébrant la diversité ethnique et confessionnelle, les cultures urbaines et rurales, les patrimoines en fonction des classes et des sexes ainsi que les mémoires collectives des émigrants et des membres de la diaspora irlandaise.

Peu d'institutions du monde occidental ont été autant touchées par ce regard vers la mémoire collective que nos « institutions de la mémoire », c'est-à-dire les musées, les archives et les bibliothèques, chargés de recueillir et de préserver le patrimoine culturel. On associait autrefois ces lieux à la production et à la conservation d'une mémoire nationale, en se demandant ce qu'il fallait inclure et, plus important encore, qu'est-ce qu'il était « bon de savoir oublier » (comme l'avait affirmé l'historien français Ernest Renan). Les collections numérisées d'aujourd'hui pourraient augmenter la quantité et la portée des objets symboliques stockés et représentés par les institutions de la mémoire, mais les éternelles questions relatives à l'organisation, à la taxonomie et au sens inhérent à donner à ces objets numérisés sont plus problématiques que jamais. Que faut-il inclure, et que faut-il exclure? Comment doit-on naviguer dans ces collections? Quels principes organisationnels doivent entrer en jeu? Qui doit construire les façons de penser, les histoires et les identités de qui, et pour qui?

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Communiqué de presse annonçant le nom des musiciens qui apparaîtront à l’émission télévisée « Irish Rovers », et description de la tournée de ces derniers en Irlande du Nord et dans l'est canadien (30 juin 1971)

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Pour des générations de collectivités immigrantes et émigrantes, y compris les Canadiens d'origine irlandaise, ces questions ne sont ni nouvelles, ni simplement conceptuelles, mais bien essentielles à leur insertion au sein de leur patrie d'adoption. Aussi maladroite, sentimentale ou complaisante qu'elle puisse sembler dans ses diverses itérations, la mémoire collective des collectivités dispersées leur procure un pont entre cultures ancienne et adoptée en leur permettant de construire, comme le disait Mary Robinson, les symboles appelés à déterminer leur identité, les récits qu'ils racontent et l'histoire qu'ils font et refont.

Traduit par Bibliothèque et Archives Canada

Bibliographie

Elizabeth Grove-White est la directrice générale du programme d'enseignement coopératif de l'Université de Victoria. Née à Dublin, en Irlande, elle y a en outre obtenu un doctorat en littérature anglaise du Trinity College. Ses plus récents travaux s'orientent sur l'alphabétisation, la langue et la culture irlandaises, de même que sur l'influence des nouveaux médias sur cette dernière.

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