Déception et détection
Art
L'art documentaire
En 1984, Bibliothèque et Archives Canada (BAC) a acheté l'œuvre Left to Die (Abandonné à la mort) de l'artiste-peintre Frances Anne Hopkins. Lorsque nous avons vu l'œuvre pour la première fois, nous nous sommes souvenus que nous avions déjà vu une photo très semblable de cette œuvre dans un de nos albums. Lorsque nous avons vérifié, nous nous sommes rendu compte que les deux étaient presque pareilles. Les seules différences étaient la ligne d'horizon et quelques petits détails en arrière-plan. Nous nous sommes aussitôt demandé s'il s'agissait de deux peintures différentes ou si quelqu'un avait modifié l'original? Grâce à la technologie des rayons X, nous avons pu prouver que c'était le peintre qui avait modifié l'original quelques années après que la photo a été prise. Il s'agissait donc d'un original modifié!
Les rayons X sont souvent utilisés pour examiner les peintures parce qu'ils nous permettent de voir ce qui peut se cacher sous la surface sans l'endommager. Ce sont les mêmes rayons X que les hôpitaux utilisent pour voir si tu as un os cassé sous la peau. En utilisant différentes longueurs d'onde de rayons X, nos experts peuvent voir différentes couches de peinture et ainsi savoir si on a peinturé par-dessus une toile ou non!
Pourquoi Hopkins a-t-elle décidé de couvrir sa ligne d'horizon? Nous ne le saurons jamais. Mais ce que nous savons (grâce à la technologie des rayons X) c'est qu'elle l'a fait!
Les ruses du métier
Observe ces peintures attentivement. Peux-tu identifier les endroits qui ont eu de la peinture ajoutée?
Portraits
Lorsque BAC a acheté ce portait de Louise Amélie Panet-Berczy il était plutôt en mauvais état. Le vieux vernis avait jauni, il y avait de la saleté partout, le cadre était endommagé et on aurait dit que quelqu'un avait peint par-dessus certaines parties de l'image! Cette Mme Panet-Berczy avait grandement besoin d'une métamorphose!
Mais avant qu'on puisse faire du travail de conservation, nous devions faire nos devoirs. À l'aide d'un scalpel, nous avons prélevé un minuscule morceau de peinture et l'avons examiné au microscope. Nous en sommes arrivés à la conclusion que le visage, les fleurs et la dentelle de la robe avaient été peints à différents moments en utilisant différents types de peintures. Nous avons observé certains dessins faits par le mari de Mme Panet-Berczy et avons trouvé une copie du portrait, du moins, de ce qu'il aurait dû être. Ce croquis prouvait que dans la version originale du portrait, il n'y avait pas de fleurs masquant la poitrine de Mme Panet-Berczy. C'est en consultant des livres au sujet du beau-père et peintre de Mme Panet-Berczy, William Berczy, que nous avons découvert que les changements avaient été effectués par un membre de la famille de Mme Panet-Berczy. On croit qu'elle a repeint son visage parce que la peinture avait été endommagée et que les fleurs et la dentelle avaient été ajoutées pour couvrir ce qui était un peu trop de poitrine nue pour l'époque!
Après nous être assurés que les changements n'avaient pas été faits par l'artiste original ou par Mme Panet-Berczy elle-même, nous avons décidé de redonner à l'œuvre sa beauté d'origine. Nous avons utilisé des solvants avec précaution pour ôter le vieux vernis jauni et la surpeinture. Nous avons ensuite rempli les espaces où la peinture s'était entièrement écaillée et avons ajouté une fine couche de nouveau vernis. Voilà! Louise Amélie était à nouveau aussi jolie qu'avant!
Glossaire
- conservation : un procédé qui comprend l'identification du matériau d'origine des objets et des documents, et de leur aspect d'origine afin qu'on puisse ensuite les restaurer et les protéger.
- rayons X : ondes courtes qui pénètrent les objets sans les endommager.
- surpeinture : peinture ajoutée par quelqu'un d'autre que l'artiste qui couvre la peinture d'origine et qui n'est souvent pas nécessaire à l'image.