The 'Indian Kings' return to London
The Globe and Mail
The Globe and Mail, journal national du Canada
Le mercredi 7 mars 2007
Voilà presque 300 ans, les Iroquois reproduits dans ces portraits ont traversé l'Atlantique et ont fait une vive impression sur la reine Anne, d'écrire Elizabeth Renzetti.
Ils sont maintenant de retour en terre anglaise pour une courte visite.
Londres
En 1710, la reine Anne a été si impressionnée par les quatre délégués de la Confédération iroquoienne, venus jusqu'en Angleterre pour demander l'aide de son gouvernement, qu'elle a commandé leurs portraits à son peintre officiel.
Ces tableaux, maintenant connus sous le nom des « Quatre rois indiens », sont de retour en Grande-Bretagne près de 300 ans plus tard, ayant été prêtés par le gouvernement du Canada à la National Portrait Gallery de Londres. Ces œuvres de John Verelst constituent les pièces maîtresses d'une toute nouvelle exposition intitulée Between Worlds: Voyagers to Britain 1700-1850, laquelle présente également des tableaux de visiteurs de l'Inde, de l'Afrique, du Pacifique Sud et d'autres régions de l'Amérique du Nord. Un portrait de Joseph Brant — qui, il se trouve, est le petit-fils de l'un des quatre émissaires — figure également parmi les œuvres exposées.
Les quatre délégués (appelés rois puisque, à l'époque, seule la royauté pouvait se présenter devant la reine) se sont rendus en Angleterre au début du 18e siècle dans le but d'obtenir le soutien des forces militaires britanniques dans leur lutte contre les Français, en Amérique du Nord. Bien que la cour et la reine étaient en deuil à l'époque — ce qui explique la robe noire portée par l'un des quatre monarques amérindiens —, la souveraine a été si frappée par ses visiteurs qu'elle a aussitôt fait faire leurs portraits.
« Cette délégation a grandement marqué l'imaginaire des Britanniques », explique Lilly Koltun, directrice du Musée du portrait du Canada, à Londres pour l'ouverture de l'exposition. « À cette époque, les gens étaient très intéressés par la vie des gens de l'Amérique du Nord. Bien que les quatre visiteurs avaient fait montre d'une conduite exemplaire, on leur avait demandé de porter, pour l'occasion, des vêtements d'allure plutôt exotique. »
Les quatre portraits sont restés longtemps en Grande-Bretagne; appartenant d'abord à la famille royale, ils ont ensuite fait partie d'une collection privée, jusqu'à ce qu'Archives nationales du Canada en fasse l'acquisition il y a environ 30 ans. Depuis, les tableaux sont parfois prêtés pour des expositions, mais demeurent surtout en entreposage.
La National Portrait Gallery a pu obtenir les tableaux historiques étant donné que son pendant canadien n'a toujours pas élu domicile (l'ancien gouvernement libéral avait annoncé, en 2000, que le Musée du portrait du Canada emménagerait dans l'immeuble de l'ancienne ambassade américaine à Ottawa).
Le gouvernement Harper a toutefois décidé d'examiner d'autres options — il discuterait présentement avec EnCana pour installer le musée dans les locaux du siège social de l'entreprise énergétique.
L'arrivée des portraits à Londres a pour ainsi dire produit la même fébrilité que celle de leurs sujets en chair et en os, trois siècles plus tôt.
Une fête a été organisée au Haut-commissariat du Canada pour souligner l'ouverture de l'exposition, à laquelle ont assisté nombre de dignitaires et de représentants du musée canadien et de la Gallery londonienne.
Les chefs héréditaires des Six-Nations, qui ne possèdent pas de passeports canadiens et qui ne pouvaient donc pas se rendre en Angleterre, ont envoyé Keith Jamieson, curateur mohawk et historien, pour lire une déclaration en leur nom : « Nous sommes heureux que les gens du Royaume-Uni auront l'occasion de revivre ce moment que nous partageons dans notre histoire collective, et nous tenons à rappeler à nos alliés anglais que ces portraits sont une expression de notre souveraineté en tant que nations ».
L'exposition Between Worlds: Voyagers to Britain 1700-1850, débute demain et se poursuivra jusqu'au 17 juin à la National Portrait Gallery, St. Martin's Place, Londres. L'entrée est gratuite, mais on recommande de réserver (020-7641-2498, ou arts@westminister.gov.uk).