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Cérémonie d'assermentation, L'honorable Allan Lutfy, Juge en chef adjoint
Le 7 janvier 2000, Ottawa
Le juge en chef McLachlin, le juge en chef Richard, M. le juge Marceau, Mesdames et messieurs les juges, Madame et messieurs les protonotaires, Chers amis, mesdames et messieurs, Permettez-moi tout d'abord de remercier le sous-ministre et les autres membres des barreaux de leurs aimables propos. J'espère que je serai à la hauteur de vos attentes. Je souhaite aussi la bienvenue à Ottawa à deux juges dont les conseils me sont si souvent précieux : l'honorable Ronald Berger de la Cour d'appel de l'Alberta, mon compagnon d'études à la faculté de droit et grand ami, qui a fait le voyage d'Edmonton pour se joindre à nous aujourd'hui, et l'honorable Paul Carrière de la Cour supérieure du Québec, mon fidèle ami et ancien associé. Cette séance spéciale avait été prévue, avant ma nomination, pour célébrer la nomination de l'honorable John Richard en tant que cinquième juge en chef de la Cour fédérale du Canada. Je vous suis reconnaissant, Monsieur le juge en chef, d'avoir ajouté une seconde raison d'être à la présente cérémonie solennelle. Le fait que vous ayez reçu mon serment aujourd'hui et vos bons mots de présentation sont très appréciés. Je vous en remercie. Vos importantes réussites, pendant les dix-huit mois à peine où vous avez occupé le poste de juge en chef adjoint, rendront, sans aucun doute, ma transition plus facile. Les nouvelles Règles de la Cour fédérale ont été mises en oeuvre sous votre veille. Vous avez dirigé l'introduction du système de gestion des instances et vous avez favorisé le rôle plus actif que joue notre Cour en matière de règlement des litiges. Des milliers d'instances inactives, introduites avant 1997, ont été rayées de nos listes. Des retards dans certains domaines de compétence de la Cour ont également été éliminés. Les demandes de contrôle judiciaire sont maintenant entendues chaque mois de l'année. De plus, vous avez porté une attention particulière à la fusion des services administratifs et à l'établissement de nouveaux locaux de la Cour. Si la Section de première instance éprouvait certains ennuis, malgré ces importants accomplissements, je me réjouis à la pensée que je pourrai toujours vous joindre au bout du fil. Vous avez mené un groupe de juges et de protonotaires dévoués qui, malgré le caractère itinérant du travail de la Cour, s'épanouissent dans un environnement qui ferait l'envie de plusieurs professionnels. Je vous remercie en leur nom de votre bonne administration. Dorénavant, les deux sections de la Cour bénéficieront de vos talents d'administrateur et je réitère l'engagement de la Section de première instance à l'égard de votre leadership. Nous vous offrons tous, à vous et à Lily, nos meilleurs souhaits alors que vous entrez dans vos nouvelles fonctions de juge en chef. Madame le juge en chef McLachlin, je vous souhaite aussi le meilleur en tant que nouveau juge en chef du Canada. Votre présence aujourd'hui est un honneur pour le Juge en chef Richard ainsi que pour la Cour fédérale du Canada. Aujourd'hui plus que jamais, le visage de la Cour reflète les réalités géographique, linguistique et culturelle du Canada. Il y a encore beaucoup à faire, mais ce qui a été réalisé mérite d'être souligné. La Cour compte trente-et-un juges. Plus du tiers exerçaient leur profession d'avocat essentiellement à l'extérieur du Canada central, où réside environ 38 % de la population. Je suis aussi heureux de signaler qu'une proportion semblable des juges de la Section de première instance, soit sept sur vingt, sont des femmes. J'espère que votre présence aujourd'hui, non seulement en tant que juge en chef du Canada, mais aussi en tant que personne ayant ses racines dans l'Ouest canadien, illustrera d'une manière spéciale le succès et l'importance du mandat de la Cour dans notre fédération. Je fais partie d'une génération de Québecois pour qui les droits linguistiques et la participation des Québecois à nos institutions fédérales sont, depuis plus de trente ans et encore aujourd'hui, des questions d'actualité. La cérémonie d'aujourd'hui est très symbolique pour moi, et je crois qu'elle revêt une réelle et importante signification à l'égard des caractères linguistique et bijuridique de cette institution nationale. Il s'agit de la deuxième fois seulement dans l'histoire de la Cour que des avocats ayant une formation de common law et de droit civil occupent en même temps les postes de juge en chef et de juge en chef adjoint, et c'est la première fois que ces deux titulaires proviennent de la minorité linguistique de leur province d'origine. Nous avons le privilège aujourd'hui de compter parmi nous tous les juges en chef et juges en chef adjoints de notre Cour depuis sa fondation, sauf un. Par contre, le regretté Camilien Noël, premier juge en chef adjoint de notre Cour, est très bien représenté par son fils, mon collègue, l'honorable Marc Noël. L'excellence de votre père en tant que juriste sera toujours un modèle pour moi, son successeur comme deuxième juge instruit dans la tradition civiliste, à occuper l'une ou l'autre des deux principales charges judiciaires de notre Cour. Bien des choses ont changé depuis la création de la Cour, le 1er juin 1971. Toutefois, son objectif premier n'a pas changé. Le juge en chef Jackett a dit, dans son discours inaugural ce jour-là, que l'objectif premier de la Cour était de servir les parties. J'y souscris avec égards. En tant que juge en chef adjoint, je m'engage à être responsable de la bonne administration de la Section de première instance et à m'assurer que ses membres pourront travailler dans un environnement calme et serein. Alors, ensemble, nous rendrons justice au public que nous servons. Depuis 1996, j'ai pu participer pleinement à la vie de la Cour. J'éprouve une reconnaissance particulière à l'égard de l'ancien Juge en chef Julius Isaac, et de ceux qu'il a consultés, pour m'avoir permis de travailler dans des domaines de compétence spécialisée de la Cour et pour m'avoir permis de faire partie de plusieurs comités intéressants. Je tiens aussi à dire aux juges et aux protonotaires de la Section de première instance que je les apprécie beaucoup. Vous m'avez toujours fait sentir bienvenu quand je vous ai si souvent consultés, même si je vous dérangeais dans votre travail. Je vous en remercie sincèrement. Ne vous découragez pas si je vous dis que j'entends vous consulter encore davantage dans le cadre de ce nouvel emploi. Aujourd'hui, c'est le 86e anniversaire de naissance de mon père, décédé il y a déjà trop longtemps. Je suis très heureux de souligner la présence de ma mère, qui se porte toujours bien, parmi nous. Elle rappelle continuellement à notre famille sa joie de constater l'environnement heureux dont bénéficie ses trois fils, ses belles-filles et ses petits-enfants. Après tout ce qui a été dit aujourd'hui, c'est vraiment ça la vie. Pierre, Patrick et Caroline, je veux que vous sachiez que lorsque je prends le temps de vous écouter attentivement, j'apprends de chacun de vous. Continuez à m'enseigner!! Enfin, je vous invite à vous joindre à moi pour rendre hommage et applaudir la personne qui rend tout ceci possible pour moi, ma meilleure amie et mon épouse, Brigitte. Merci beaucoup à tous. |
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