Critique du film par deux spécialistes des dinosaures

Mike Caldwell et Steve Cumbaa n'ont pas peur du Carnotaurus, le théropode à cornes meurtrier qui représente un danger perpétuel dans le film Le dinosaure de Disney.

Il est parfois difficile d'être paléontologue et cette expédition n'était pas de tout repos : il fallait se rendre dans un cinéma local, assister à la représentation du nouveau film, Le dinosaure, et en faire la critique. Nous nous sommes donc armés de la parfaite petite panoplie de l'homme de terrain (maïs soufflé, boissons, carnets de notes et stylos), nous nous sommes confortablement installés et nous nous sommes laissés bercer par l'imagination des concepteurs du film.

Et quel spectacle! Nous avons tout de suite été captivés par le réalisme étonnant de ces créatures préhistoriques produites par ordinateur, intégrées sans faille à des paysages contemporains bien réels.

Le récit allie habilement la vérité scientifique à l'impossible, à l'improbable et au carrément faux, mais ça marche! L'histoire racontée est intéressante, bien que des dinosaures parlants du Jurassique supérieur au Crétacé supérieur frayent entre eux et avec des lémuriens (oui, ces minuscules primates qui s'agripent aux troncs d'arbres pour y monter) de l'Oligocène, disons. Les gens chez Disney ont fait leurs devoirs et ils reconnaissent que le film comporte des inexactitudes scientifiques. Cependant, ils ont estimé que s'ils réunissaient dans le Crétacé supérieur des créatures de plusieurs continents couvrant 120 millions d'années de l'histoire de la Terre (se roulant dans l'herbe, qui n'existait pas encore) et s'ils faisaient survivre les dinosaures et autres créatures après l'extinction massive de la fin du Crétacé, l'histoire n'en souffrirait pas, au contraire.

Nous sommes disposés à nous montrer indulgents envers les auteurs du film, car Disney compense ce manque de crédibilité par le travail absolument extraordinaire de ses animateurs. Personne, qu'il soit scientifique ou qu'il se nomme Spielberg, n'a jamais donné vie à des dinosaures avec un tel réalisme. Pour ce faire, les animateurs ont longtemps étudié la façon dont les éléphants marchent; ainsi, les muscles des pattes des dinosaures répondent aux lois de la physique et de la biologie -- les forces qu'engendre le mouvement se répercutent à la fois vers le haut et le long des membres sauriens cinématiques. La séquence hyperréaliste du spectacle rouge fournaise et de l'onde océanique qui ont suivi la chute de l'astéroïde (ou des astéroïdes) et qui ont déclenché les extinctions de la fin du Crétacé il y a 65 millions d'années vaut le prix d'entrée à elle seule.

Si vous voulez vous amuser tout en faisant découvrir les principes de la science aux membres de votre famille, emmenez-les au musée, où les fossiles sont bien réels et où la science est exacte. Mais si vous voulez faire partie d'un monde perdu et très ancien, créé en alliant les meilleurs moyens techniques, scientifiques et imaginaires qui soient, alors allez voir ce film. Dites-leur que Mike et Steve vous ont envoyés. Et si l'idée d'entendre des dinosaures parler vous dérange, faites davantage de bruit en mâchant votre maïs soufflé!

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