Déménagement et restauration de précieux dioramas

Le bas de cet énorme diorama a été sectionné. On l'a ensuite retiré après avoir soulevé la partie supérieure.
Imaginez un édifice historique vieux d'un siècle. Au coeur du bâtiment, un majestueux atrium de quatre étages flanqué de magnifiques arcades. L'une d'entre elles conduit à une galerie où sont exposés d'authentiques mammifères naturalisés : orignal, boeuf musqué, grizzli, ours blanc, bison d'Amérique et autres. Ces animaux se trouvent dans d'immenses structures de fibre de verre peintes de magnifiques paysages canadiens. Pesant plus de 2 tonnes, le plus grand de ces décors atteint presque 5 m de hauteur et 8,5 m de longueur.
Ces spectaculaires dioramas tridimensionnels offrent une reconstitution saisissante de réalisme de divers habitats sauvages et de leur faune. Depuis la fin des années 1950 et le début des années 1960, ils occupent la même galerie de l'Édifice commémoratif Victoria du Musée canadien de la nature. Le paysagiste et peintre animalier Clarence Tillenius a signé le décor de huit d'entre eux en plus d'avoir participé à leur conception. Depuis de nombreuses années, ces dioramas ont séduit des milliers de visiteurs par leur réalisme et par le rendu des détails.
Lors de leur création, personne ne s'attendait à ce qu'on les déménage un jour. Mais quelques décennies plus tard, dans la foulée des rénovations entreprises au Musée, voilà qu'il faut les réinstaller dans la nouvelle Galerie des mammifères qui se trouve de l'autre côté du vaste atrium. Comment s'y prendre pour déplacer ces énormes décors de grande valeur historique?

Le démantèlement, le déménagement et la restauration des dioramas a requis les plus grands soins. Le déplacement des massives coquilles de fibre de verre représentait l'opération la plus délicate. On a dû les couper en morceaux pour qu'elles puissent passer par les arcades. Les animaux et leur environnement ont ainsi « migré » par un pont temporaire d'échafaudage qui traversait l'atrium au deuxième étage. Une fois dans la nouvelle galerie, de l'autre côté de l'édifice, on a procédé au réassemblage et à la restauration. L'exercice a duré trois ans en tout.
Une équipe dévouée de restaurateurs, de scientifiques, de concepteurs d'exposition, de taxidermistes et d'artistes ont collaboré pour remonter ces délicates reconstitutions d'habitats. Il a d'abord fallu consigner l'information concernant les milliers d'éléments composant les 18 dioramas. Puis, nettoyer, remonter et tout retoucher dans les moindres détails, depuis les peintures en toile de fond jusqu'aux spécimens de fleurs et de feuilles de l'avant-scène.
La nouvelle Galerie des mammifères s'enorgueillit de plusieurs améliorations intéressantes par rapport à l'ancienne. Par exemple, on a amplifié le réalisme de la mise en scène en jouant sur les angles de vue, en installant des vitrages sans reflet et en haussant les plafonds. On présente aussi davantage de spécimens. Par ailleurs, le nouveau scénario prend appui sur les reconstitutions pour aborder l'adaptation des mammifères. Pour chaque diorama, des ordinateurs grand format à écran tactile fournissent des renseignements supplémentaires sous une forme interactive. On dispose de plus d'espace pour les activités pratiques, elles-mêmes plus nombreuses.
En préservant les trésors du passé et en enrichissant l'expérience du visiteur, le Musée a réussi à insuffler une vitalité nouvelle à une galerie historique. Des générations de visiteurs pourront continuer d'admirer ces oeuvres d'art tout en s'instruisant sur les habitats exceptionnels du Canada.

Un peintre-paysagiste
Artiste amoureux de la nature, Clarence Tillenius s'est rendu dans des coins reculés du pays pour étudier les paysages et la faune du Canada. Comme toutes les toiles de fond des dioramas, ses oeuvres magnifiques représentent des paysages réels.