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Souvenirs de guerre et de paix : l'album de photos d'Alice Isaacson
Par Peter Robertson

L'album d'Alice Isaacson comprend 647 photographies illustrant les événements auxquels elle a été confrontée, les endroits où elle a vécu, travaillé ou séjourné, ainsi que les personnes qu'elle a rencontrées de 1916 à 1919. Il n'y a pas de correspondance exacte entre l'album d'Alice Isaacson et son journal personnel. En effet, l'album commence en 1916, vers la date où elle intègre le personnel de l'Hôpital général canadien no 2 au Tréport, en France, alors que le journal personnel ne commence que le 1er janvier 1917. De plus, bien que le journal personnel se termine en mai 1919, les dernières photos de l'album datent de juillet 1919.

L'album est une collection de souvenirs visuels personnels qui, comme le journal personnel, ne vise pas un vaste auditoire. Alice a constitué l'album quelque temps après son retour au Canada, en 1919. Le laps de temps qui sépare l'acquisition des images du montage de l'album (laps de temps qui pouvait atteindre trois ans) peut justifier les erreurs séquentielles dans la chronologie des photos, de même que les erreurs factuelles et les fautes d'orthographe (version anglaise) dans de nombreuses légendes inscrites par Alice sous ses photos.

L'album contient des photos (souvent prises par des photographes professionnels) d'événements correspondant aux textes du journal personnel d'Alice, comme l'ouverture officielle de l'Hôpital général canadien no 6 à Joinville-le-Pont, le 3 juillet 1918 (Journal personnel p. 40; Album p. 111) et l'arrivée du président Woodrow Wilson à Paris, le 13 décembre 1918 (Journal personnel pp. 118-119; Album p. 140). Toutefois, certaines photos ne sont pas contemporaines aux événements ni aux endroits consignés par Alice. Par exemple, lors d'un congé en Angleterre en juin 1917, elle se procure des photos de Lynton et de Clovelly chez Francis Frith & Co. (Journal personnel, pp. 58-59; Album pp. 23, 26). Ces photos datent en fait de 1907. Elles ont donc été prises 10 ans avant qu'Alice ne visite ces villes.

L'album contient également de nombreuses photos personnelles, prises par Alice ou par des amis et des connaissances. Alice ne précise pas, dans son journal personnel, si elle possède ou emprunte un appareil-photo; néanmoins, l'album contient des photos qu'elle a, selon toute vraisemblance, prises elle-même. Par exemple, en procédant par élimination, on peut en déduire qu'elle était la seule personne présente à pouvoir prendre la photo de l'infirmière militaire Alice Thompson à Bagsworthy Farm à Devon, le 18 juin 1917 (Journal personnel p. 59; Album p. 25).

L'album relate à divers égards la vie de l'Hôpital général canadien no 2, notamment à travers plusieurs photos, comme La salle d'opération! (Album p. 19) et Rétablissement trop rapide! (Album p. 21), celle-ci présentant un groupe de patients en convalescence. Le fait qu'elles aient été prises par Éditions Arnault, un photographe professionnel du Tréport, indique que les règles de sécurité entourant la photographie étaient moins strictes loin du front de bataille. Or, Alice semble s'être imposé des limites en la matière dans ses photos souvenirs. Par exemple, la note suivante : Salle des blessés à la tête, effroyable dernièrement, figurant dans son journal en date du 28 septembre 1917 (Journal personnel p. 84), n'est illustrée par aucune photo de l'album.

Près de la moitié des photos de l'album peuvent être décrites comme des photos touristiques recueillies par Alice lors de congés en France, au Tréport (Album p. 4), à Troyes (Album p. 77), à Joinville-le-Pont (Album p. 107) et à Paris. D'autres furent recueillies lors de congés en Angleterre et en Italie (Album p. 171). Ces photos dépeignent une Europe indifférente à la guerre, même au cœur du conflit. Toutefois, Alice a aussi choisi d'y inclure des photos contrastantes, qui illustrent Paris en pleine guerre, en mars 1918 (Album p. 118) et Ypres, très endommagée par les combats, en avril 1919.

À l'époque d'Alice, les albums personnels comportaient souvent des photos de célébrités. On en retrouve quelques-unes dans l'album d'Alice, qui illustrent toutefois des personnages qu'elle n'a jamais rencontrés. Parmi ses photos de célébrités figurent le prince de Galles (Album p. 41), le capitaine Georges Guynemer (Album p. 188), le maréchal Joseph Joffre, le général Ferdinand Foch et le premier ministre Georges Clémenceau. L'album contient également des photos d'événements dont Alice n'a pas été témoin, comme la bataille française de Verdun en août 1916 (Album p. 196), photos qu'elle aurait vraisemblablement obtenues d'un patient français à l'Hôpital général canadien no 6 en 1918-1919, ainsi qu'une vingtaine de photos d'officiers et d'infirmières militaires du personnel de l'Hôpital général canadien no 6 en congé sur la Côte d'Azur en décembre 1917. Enfin, elle a également choisi d'incorporer à son album trois photos de l'Alhambra de Grenade, bien qu'elle n'ait jamais visité l'Espagne.

Pourquoi Alice a-t-elle constitué son album? Le 27 décembre 1917 (journal personnel, p. 109), elle écrivait le commentaire révélateur suivant :

Dieu merci pour l'imagination et la vivacité d'appréciation! Si elle n'était enjolivée par la beauté et le pathétique, notre vie quotidienne serait bien banale! On se retrouve parmi les hommes, à réaliser ses tâches quotidiennes, et on y croise malgré tout des manifestations de beauté, l'expression soudaine de courants plus profonds et plus sacrés dans l'âme humaine, surgissant tels des joyaux précieux dans la sombre « monotonie » et dans la « banalité » de la routine quotidienne. La vue d'une vieille « maison » [en français dans le texte anglais] « en ruine », aux poutres pourries et aux tuiles moisies, couvertes de mousse, évoque aussitôt chez moi une grande fresque de personnages qui y ont probablement vécu, aimé et fini leurs jours il y a des siècles... [traduction libre]

Pour Alice, l'album servait à stimuler l'imaginaire et à conserver le souvenir des événements, des personnes et des endroits qui ont marqué sa vie.


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