Nous n’avons pas à choisir entre combattre l’EIIL et aider ses victimes – nous ferons les deux : le PM

Par Stephen Harper

Au mois d’octobre dernier, j’ai parlé à la Chambre des communes de la montée de l’EIIL – soi-disant État islamique en Irak et au Levant – et de la menace qu’il présente non seulement pour cette région mais à plus grande échelle, pour le monde entier – et en particulier pour le Canada et pour les Canadiens.

J’ai également parlé de la nécessité de travailler avec la communauté in-ternationale pour élaborer un plan d’action énergique. La Chambre était d’accord.

Le 24 mars, j’ai pris la parole en Chambre pour faire état de l’évolution de la situation.

J’ai indiqué que l’orientation et la détermination de nos alliés et parte-naires quant à la façon de gérer cette menace n’avaient pas changé.

Et j’ai proposé que le Canada renouvelle son engagement auprès de la coalition internationale et sa mission en invitant tous les députés à appuyer la motion.

Voici la situation.

L’EIIL a établi un « califat » autoproclamé qui s’étend sur un vaste terri-toire, des environs d’Alep, en Syrie, jusqu’à proximité de Bagdad, en Irak.

Il se sert de ce territoire comme tremplin pour un djihad terroriste, non seulement dans cette région mais à l’échelle mondiale.

Voici la bonne nouvelle : l’expansion territoriale de l’EIIL, qui avançait au printemps dernier et l’été dernier à un rythme absolument terrifiant, a plus ou moins cessé.

En effet, l’EIIL a été plus ou moins repoussé aux limites.

Ce résultat est en grande partie attribuable à l’envergure et à l’intensité de l’opposition internationale qu’il a suscitée, non seulement en Occident, mais dans la majeure partie du monde musulman, à la fois chez les Chiites et chez les Sunnites, et plus particulièrement dans les pays arabes.

Néanmoins, l’emprise territoriale de l’EIIL reste substantielle; l’EIIL conserve son leadership et poursuit ses activités de propagande djihadiste à plus grande échelle.

Comme l’EIIL l’a juré, les attaques auxquelles il a participé, ou qu’il a inspirées à travers son réseau, se sont propagées au monde entier – y compris au Canada, ici-même, comme nous nous en souvenons bien. 

L’EIIL a clairement indiqué qu’il ciblait nommément le Canada et les Ca-nadiens.

Pourquoi ?

Pour la même raison qu’il cible tant de groupes. En fait, pour la même raison qu’il cible la majeure partie de l’humanité.

Du point de vue de l’EIIL, quiconque n’accepte pas sa version pervertie de la religion devrait être tué. Autant c’est une évidence pour l’EIIL, autant c’est une folie pour nous.

Mais cette menace est loin d’être vaine.

L’EIIL tue non seulement des combattants ennemis, mais aussi des jour-nalistes qui couvrent le conflit, des travailleurs humanitaires qui aident des civils innocents et, bien entendu, les civils innocents eux-mêmes – des hommes, des femmes et des enfants, notamment ceux qui appartiennent aux minorités ethniques et religieuses les plus vulnérables et pacifiques.

Comment nous le savons ?

Ce n’est pas parce que, comme c’est souvent le cas, le comportement des régimes brutaux finit inévitablement par être connu du public.

Non.

Nous le savons parce que l’EIIL s’en vante.

Et il fait plus que s’en vanter. Il tue les gens par les moyens les plus bar-bares qui soient, puis il diffuse les images dans des productions vidéo de grande qualité.

De toute l’histoire troublante des atrocités humaines, cette façon de faire est presque sans précédent.
Alors, le Canada, avec une soixantaine d’autres membres des Nations Unies, est passé à l’action.

Nous avons affecté des officiers d’état-major au commandement militaire de la coalition.

Nous avons transporté les armes fournies par les pays donateurs jusqu’aux forces irakiennes qui affrontaient directement l’avancée des terroristes de l’EIIL. En fait, au début de cette mission, c’est nous qui avons fourni le transport aérien de soutien le plus important.

Nous avons déployé des soldats canadiens pour qu’ils conseillent et assistent les forces irakiennes kurdes qui défendaient leurs habitations dans le nord de l’Irak.

Et, bien entendu, nous avons directement pris part à des combats aériens. Les CF-18 de l’Aviation royale du Canada ont mené des frappes aériennes stratégiques contre des cibles de l’EIIL en Irak, dans le cadre de la campagne aérienne de la coalition.

L’avion de surveillance CP-140 Aurora très performant du Canada a rendu possibles les bombardements de précision efficaces menés par la coalition.

L’aide à la reconnaissance, ainsi que le soutien logistique et le savoir-faire fournis par les Forces armées canadiennes ont été déterminants dans le cadre de la mission.

Le Canada aide ceux qui combattent les réseaux de financement du terro-risme dans la région et nous travaillons aussi pour endiguer l’afflux de combattants étrangers dans la région. 

Et, bien entendu, nous avons offert de l’aide aux civils déplacés, qui souffrent, dans la région. En effet, parmi tous les pays du monde, nous avons été l’un des plus importants fournisseurs d’aide humanitaire.

Depuis six mois, nous avons aidé à nourrir 1,7 million de personnes en Irak, nous avons fourni des abris et un approvisionnement de secours à un million deux cent cinquante mille personnes et fourni un certain niveau d’éducation à au moins un demi-million d’enfants.

De plus, nous avons aidé à soutenir plus de deux cent mille réfugiés sy-riens en Irak en leur fournissant de la nourriture, de l’eau, des abris et une protection.

Il n’est pas question de choisir entre une action militaire et une aide humanitaire. La situation exige désespérément les deux et le Canada a énergiquement fourni les deux. De nombreux partenaires internationaux ont fait de même.
Le résultat est le suivant : le consensus mondial sur la nécessité de résister à l’EIIL, et d’y résister par la force, n’a pas diminué.

C’est pourquoi j’ai déposé une motion pour faire appuyer par la Chambre la décision du gouvernement de renouveler la mission militaire contre l’EIIL pendant un maximum de douze mois de plus.

Nos objectifs restent les mêmes; nous avons l’intention de continuer à réduire les capacités de l’EIIL, 

•    sa capacité de prendre part à des déplacements militaires de grande envergure;
•    sa capacité d’exploiter ouvertement des bases;
•    sa capacité d’étendre sa présence dans la région; 
•    sa capacité de propager ses attaques à l’extérieur de la région.

Nous allons prolonger notre mission de combat aérien, notamment en ce qui concerne ce qui suit :

•    notre capacité de frappes aériennes;
•    notre capacité de ravitaillement en vol;
•    notre mission de surveillance à l’aide de l’appareil Aurora;
•    le déploiement de personnel d’équipage et de soutien. 

La motion vise aussi à faire approuver par la Chambre la décision d’étendre explicitement les missions de combat aérien à la Syrie.

Notre gouvernement reconnaît que la place forte de l’EIIL – c’est-à-dire la capitale du soi-disant califat – se trouve en Syrie.

Les combattants de l’EIIL et une grande partie de son équipement lourd traversent librement la frontière irakienne pour entrer en Syrie, en partie pour mieux se protéger de nos frappes aériennes. 

D’après nous, l’EIIL doit cesser de pouvoir trouver refuge en Syrie.

Un point doit être clair : lorsqu’il a décidé d’étendre ses frappes aériennes en Syrie, le gouvernement a décidé de ne pas chercher à obtenir le consentement exprès du gouvernement syrien.

Nous travaillerons plutôt en étroite collaboration avec nos alliés, sous la direction des États-Unis, qui ont déjà commencé de telles opérations contre l’EIIL en Syrie au cours des derniers mois. 

En plus de renouveler la mission de combat aérien, le gouvernement a l’intention de permettre aux membres des Forces spéciales du Canada de poursuivre, pendant la même période, leur mission sans combat qui con-siste à conseiller et à assister les forces irakiennes combattant l’EIIL, ainsi qu’à accroître leurs capacités.  

Nous partageons le point de vue du Président américain, Barack Obama, et d’autres personnes, sur le fait que nous devons éviter, si nous le pou-vons, de participer à des combats terrestres dans cette région.

Nous cher-chons à faire en sorte que les Irakiens le fassent eux-mêmes; notre rôle consiste à les aider à prendre cette responsabilité.

Et bien entendu, le travail humanitaire du Canada se poursuivra. 

Nous n’avons pas à choisir entre lutter contre l’EIIL et aider ses victimes.

Nous continuerons à faire les deux.

Les Canadiens savent que ce n’est pas en fermant les yeux que nous éli-minerons les dangers qui existent dans le monde.

Les Canadiens n’ont pas inventé la menace du terrorisme djihadiste et ils ne l’ont certainement pas suscitée. 

Nous ne pouvons pas non plus, au moment où cette menace mondiale s’aggrave, protéger notre pays et nos communautés en choisissant de l’ignorer.

C’est pourquoi la mission de notre gouvernement contre l’EIIL a recueilli l’appui d’une forte majorité de Canadiens. Les Canadiens comprennent que cette mission n’est pas seulement dans l’intérêt général de la communauté internationale, mais qu’elle est spécifiquement dans l’intérêt national du Canada. 

Il n’est jamais facile de demander aux hommes et aux femmes qui portent notre uniforme d’accepter les risques qui accompagnent ce genre de mission.

La triste disparition du Sergent Andrew Doiron nous rappelle que ces risques sont bel et bien réels.

Mais les Forces armées canadiennes n’hésiteront jamais à défendre notre pays, nos familles et nos valeurs.

Nous admirons leur travail et nous leur serons éternellement reconnais-sants pour leurs sacrifices. 

D’après l’allocution prononcée par le Premier ministre à la Chambre des communes, le mardi 24 mars 2015 

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