Vote alternatif

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Article général Pour un article plus général, voir Système électoral.

Le vote alternatif est un système électoral par classement utilisé pour choisir un gagnant. Il est utilisé en Australie depuis 1918 pour l'élection de la chambre des représentants, en Irlande pour l'élection du président, à Nauru, dans les îles Fidji, en projet en Papouasie-Nouvelle-Guinée (2007). Il est utilisé pour les municipales à San Francisco, Takoma Park (Maryland) et Ferndale (Michigan). En mai 2011, son adoption a été rejetée au Royaume-Uni à la suite d'un référendum.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le vote alternatif a été inventé en 1871 par l'architecte américain William Robert Ware[1], bien qu'en fait ce ne soit qu'un cas particulier du scrutin à vote unique transférable, lequel a été indépendamment développé dans les années 1850. Par contre, les seuls transferts de votes, dans le cas du vote alternatif, proviennent de partisans de candidats qui ont déjà été éliminés.

Mise en œuvre[modifier | modifier le code]

Chaque électeur classe sous forme de liste, tout (forme absolue) ou partie (forme optionnelle) des candidats par ordre de préférence. Les électeurs votent une seule fois en déposant leur liste, et l'on simule alors plusieurs tours (jusqu'à n-1 tours pour n candidats). On compte les voix des candidats premiers de liste. Si un candidat obtient la majorité absolue des voix, il est élu. Sinon, on supprime le candidat qui a recueilli le moins de voix en barrant son nom sur les listes des électeurs, remontant ainsi de un le rang des candidats placés après le candidat éliminé. On compte à nouveau les voix des candidats premiers de liste… On répète l'opération jusqu'à l'obtention d'une majorité absolue, ce qui arrive inévitablement, au plus tard lorsqu'il ne reste plus que deux candidats en lice (à moins qu'ils ne soient alors à égalité parfaite).

Particularités[modifier | modifier le code]

Ce mode de scrutin favorise les courants de pensée majoritaires même s'ils sont représentés par un grand nombre de candidats.

Utilisé dans le cadre du vote par circonscription, il favorise les partis capables de s'entendre pour proposer aux électeurs une stratégie de transfert[2]. En conséquence ce système de vote est généralement considéré comme favorisant souvent les partis modérés ou centristes[3]. Cependant, l'exemple ci-dessous montre que la réalité peut contredire cette supposition : le scrutin a conduit au choix d'une extrémité, après un dernier tour opposant les deux extrémités (options A et D).

Avantages[modifier | modifier le code]

L'électeur peut s'exprimer sur l'ensemble des candidats et voter ainsi à la fois pour ses idées au travers d'un candidat, peut-être fortement minoritaire, et pour le candidat éligible qui lui convient le mieux ou lui déplaît le moins.

L'obligation d'obtenir une majorité absolue augmente la légitimité de l'élu.

Inconvénients[modifier | modifier le code]

Dans sa forme absolue, où l’électeur est obligé de classer tous les candidats, le dépouillement peut difficilement se faire simplement à la main, ce qui entraîne une lourdeur importante à sa mise en œuvre.

Dans sa forme absolue l'acte de voter peut se transformer en pensum. En Australie où il est en vigueur, l'électeur préfère souvent d'ailleurs, obéir aux consignes de classement du parti de son choix[4].

Ce système de vote ne respecte pas l'un des critères d'évaluation de ce type de scrutin, le critère de Condorcet : un candidat qui gagnerait un face-à-face avec n'importe quel autre candidat (gagnant de Condorcet) pourrait perdre dans certaines configurations.

Exemple de non-respect du critère de Condorcet[modifier | modifier le code]

Imaginons que quatre villes soient sollicitées pour déterminer, parmi elles, celle où sera construit leur hôpital.

schéma des 4 villes avec leurs distances respectives

Imaginons d'autre part que la ville A regroupe 42 % des votants, la ville B 26 %, la ville C 15 % et la ville D 17 %.

Chaque habitant souhaite que l'hôpital soit le plus proche possible de sa ville, tous les votants étant égoïstes. On ne trouve que quatre types de bulletins qui se répartissent ainsi :

Ville A (42 %) Ville B (26 %) Ville C (15 %) Ville D (17 %)
  1. Ville A
  2. Ville B
  3. Ville C
  4. Ville D
  1. Ville B
  2. Ville C
  3. Ville D
  4. Ville A
  1. Ville C
  2. Ville D
  3. Ville B
  4. Ville A
  1. Ville D
  2. Ville C
  3. Ville B
  4. Ville A

Notons que la ville A est à la fois le candidat qui est le plus approuvé et celui qui est le plus rejeté, ce qui a des conséquences majeures sur le résultat :

Ville Premier tour Second tour Troisième tour Quatrième tour
A 42 42 42 42 0
B 26 26 26 0 0
C 15 15 0 0 0
D 17 17 32 32 58 58

Aucune ville ne recueille la majorité des suffrages. La ville recueillant le moins de votes, la ville C, qui ne recueille que 15 % des voix, est éliminée et n'est alors plus décomptée dans le dépouillement des votes. Concernant les votes l'ayant placé en premier choix, c'est le second qui est pris en compte. Ce choix s'étant porté sur la ville D, celle-ci engrange la totalité des suffrages de la ville C, soit 15 points supplémentaires.

À l'issue du premier transfert de voix, les deux villes avec le moins de suffrages sont B (26) et D (32), avec un faible avantage pour D. La préférence des 42% d'électeurs de la ville A est claire : B puis C puis D, mais elle est ignorée car leur candidat est encore en lice. La ville B est donc éliminée, seules les villes A et D restent en lice. La même opération que pour la ville C est réitérée. La ville D, passant donc en tête dans le deuxième choix des électeurs de la ville B, passe alors à 58 % des votes.

C'est donc dans la ville D que sera construit l'hôpital. On peut observer qu'avec cet exemple ad hoc ce système de vote a conduit à choisir la ville pour laquelle le trajet moyen pour se rendre à l'hôpital, pondéré par les populations, est maximal (27,7 km), la ville pour laquelle ce trajet moyen est minimal étant la ville B.

Par comparaison, les méthodes Condorcet, Borda et de Coombs auraient donné la ville B comme gagnante, tandis qu'un scrutin majoritaire à un tour aurait abouti au choix de la ville A.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Wellfire Interactive, « Articles », FairVote.org (consulté le 17 avril 2011).
  2. Ce qui est le cas en Australie d'après le Projet ACE Vote préférentiel : avantage.
  3. Le Projet ACE considère comme acquis que ce système favorise les tendances centristes Vote alternatif en Australie, dernier paragraphe.
  4. Ce qui est le cas en Australie d'après le projet ACE, Vote alternatif en Australie, second paragraphe.

Articles connexes[modifier | modifier le code]