Dans un camp de réfugiés au Soudan du Sud

© HCR/T. Irwin
Samam Yasin tient le plus jeune de ses six enfants dans ses bras pendant qu'on l'inscrit auprès du HCR et de son organisme partenaire, ACTED. Kaya se trouve dans une région boisée. Selon Samam, cela fera en sorte que le camp sera plus frais que celui de Jamam.

Tim Irwin, un Canadien établi à Montréal, se trouve actuellement à Djouba, capitale du Soudan du Sud, où il occupe le poste d'agent des communications du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés  (HCR). Le Canada appuie financièrement cet organisme qui a pour mandat de diriger et de coordonner l'action internationale pour protéger les réfugiés et résoudre les problèmes de réfugiés dans le monde entier. Voici son récit en provenance du terrain.

Il est encore possible de se rendre en voiture au comté de Maban, dans l'État du Haut-Nil, au Soudan du Sud, mais ça ne saurait durer. D'ici quelques semaines, les routes de terre battue reliant la région au reste du pays seront inondées par les précipitations de la saison des pluies, déjà amorcée, et ces routes demeureront impraticables jusqu'en octobre. Au cours des deux derniers mois, une flotte de camions du HCR, de même que quelques bateaux sur le Nil, ont transporté des marchandises vers les quatre camps afin que les quelque 117 000 réfugiés du Soudan qui y résident disposent des fournitures dont ils ont besoin avant que les inondations se produisent.

Heureusement, ceux et celles qui travaillent dans le comté de Maban peuvent compter sur un petit avion des Nations-Unies pour parcourir en quelques heures la distance séparant le village de Bunj et la capitale nationale, Djouba; un trajet qui prendrait environ sept jours par la route. En travaillant au Soudan du Sud, on en vient rapidement à éprouver un profond respect pour la logistique et à développer une dépendance à son égard. Dans ce pays, rien ne va de soi, et pourtant de grandes choses y sont accomplies. Kaya, le plus récent camp de réfugiés, en est un parfait exemple. Il abrite environ 17 000 réfugiés. Ce sont des sinistrés d'un camp qui a été largement submergé pendant la saison des pluies l'an dernier. Un autre site a été trouvé et les travaux de construction du camp Kaya ont commencé plus tôt cette année. Pendant six semaines, à compter du début mai, le HCR et ses partenaires ont organisé deux convois par jour afin d'assurer le déménagement des familles et de leurs effets personnels vers le nouveau site.

Plus tôt ce mois-ci, je me suis rendu au camp Kaya en compagnie de Guor Mading Maker, ancien réfugié du Soudan du Sud qui habite maintenant à Flagstaff, en Arizona. Il a pris part au marathon des Jeux Olympiques de Londres. Quelques centaines d'enfants s'étaient rassemblés près des tentes servant de salles de classe à l'une des écoles de Kaya pour accueillir ce jeune homme devenu un symbole d'espoir et de vie meilleure qui, tout comme eux, avait affronté des difficultés et des épreuves que la plupart d'entre nous ne pouvons imaginer. Tous ont chanté et dansé, et une fois que Guor a eu prononcé son discours, les enfants l'ont raccompagné à sa voiture en scandant le mot « héros ».

© HCR/T. Irwin
Un employé du HCR escorte Samam Yasin et ses enfants à leur tente et parcelle de terrain. « C'est mieux ici, dit-elle, mais nous sommes encore réfugiés ».

On rencontre toutes sortes de héros dans un camp de réfugiés. Prenons par exemple Samam Yasine, une jeune mère de six enfants séparée de son conjoint en raison du conflit. Afin d'échapper aux combats qui faisaient rage dans son village de l'État du Nil-Bleu, elle a marché pendant deux mois en compagnie de ses enfants afin de trouver refuge dans le comté de Maban. J'ai eu la chance de passer du temps en sa compagnie lors du déménagement de sa famille au camp Kaya, pendant la soirée passée au centre de transit et le jour suivant alors qu'elle récupérait ses effets personnels et se rendait à la parcelle de terrain où avait été dressée la tente qui deviendrait leur chez-eux pour un avenir prévisible. Pendant tout ce processus, lequel aurait rendu la plupart des gens fous d'anxiété et d'incertitude, elle a pris soin de ses enfants avec calme et attendu patiemment la suite des événements.

Cette année, la Journée mondiale des réfugiés a pour thème « 1 seule famille déchirée par la guerre, c'est déjà trop ». Samam Yasine est à la tête d'une telle famille. Lorsque je lui ai demandé ce qu'elle pensait de sa nouvelle maison au camp Kaya, voici ce qu'elle m'a répondu : « Ici, c'est mieux, mais nous sommes encore des réfugiés. » À l'occasion de la Journée mondiale des réfugiés, nous rendons hommage aux gens comme Samam, nous nous engageons à les appuyer et nous nourrissons aussi l'espoir qu'ils pourront un jour rentrer à la maison.