Conflit dans le Sud de la Thaïlande

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Conflit dans le Sud de la Thaïlande
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Régions ethniques de la Thaïlande.
Informations générales
Date - en cours
(18 ans, 2 mois et 20 jours)
Lieu Province de Pattani
Issue En cours
Belligérants
Drapeau de la Thaïlande ThaïlandeFlag of the Barisan Revolusi Nasional (Koordinasi).svg Front national révolutionnaire (en)
Flag of the Pattani United Liberation Organisation (2005-present).svg Organisation de libération unie Pattani (en)
Flag of Jihad.svg Jemaah Islamiyah
Groupe moudjahid islamique Pattani
Mouvement moudjahid Pattani
Mouvement moudjahid islamique Pattani
Front de libération national Pattani
Runda Kumpulan Kecil
Commandants
[Quand ?]Drapeau de la Thaïlande Général Anupong Paochinda (en)
Drapeau de la Thaïlande Lieutenant-Général Pichet Wisaijorn
Drapeau de la Thaïlande Abhisit Vejjajiva
Wan Kadir Che Wan (en)
Pertes
155 soldats tués en 2007[1],[2]
~ 500 soldats et policiers, 270 paramilitaires (2011)
1 600 tués
~ 1 500 capturés

Notes

plus de 1 200 civils tués
2 729 civils blessés

Le conflit dans le Sud de la Thaïlande est un conflit séparatiste dans la région de Pattani, dans le Sud majoritairement malais et musulman de la Thaïlande, et a recommencé[3] en janvier 2004[4].

Contexte[modifier | modifier le code]

Le sud de la Thaïlande, particulièrement les provinces de Narathiwat, Pattani, Satun, Songkhla et Yala situées près de la frontière malaisienne regroupent l'essentiel des 5 % de musulmans que compte le pays. Pour 4/5e d'entre eux, il s'agit des personnes de langue malaise, les autres parlant le thaï[5].

Ces régions rurales et pauvres, passées sous l’autorité du royaume du Siam après la signature du traité anglo-siamois le 10 mars 1909, ont subi une politique d’assimilation forcée de la part du gouvernement de Bangkok dans les années 1960. Depuis ces provinces sont agitées par des mouvements rebelles indépendantistes prônant la reconstitution de l'ancien Royaume de Patani[5].

Entre 1976 et 1981, deux mouvements indépendantistes : le Pattani United Liberation Organization (de) (PULO) et le Barisan Revolusi Nasional (en) (BRN) prirent une première fois les armes pour faire connaitre leurs revendications, puis ces mouvements se cantonnèrent par la suite au simple activisme politique et à l’extorsion de fonds[5].

En 2002, le Premier ministre Thaksin Shinawatra déclare qu'il n'y a pas de « séparatisme, de terroristes mais seulement de vulgaires bandits ».

Des milliers de personnes suspectées d’être en rapport avec l’insurrection musulmane ont été emprisonnées, souvent en vertu de lois d’exception imposées à la région. Plusieurs ONG ont accusé les forces de sécurité de monter de toutes pièces des accusations contre des musulmans[6].

Déroulement[modifier | modifier le code]

2004[modifier | modifier le code]

En 2004, il revoit sa position et inscrit la lutte contre les insurgés dans le cadre de la guerre contre le terrorisme. La loi martiale est instaurée dans les régions touchées par l'insurrection (Pattani, Yala et Narathiwat). En réponse aux mesures musclées du chef du gouvernement, la minorité musulmane revendiqua de nouveaux droits et réclama notamment le port du hijab pour les femmes dans les lieux publics, l’ouverture de mosquées et l’expansion des études islamiques dans les écoles publiques[5].

Depuis 2004, les quatre provinces les plus au sud de la Thaïlande, proches de la Malaisie, sont victimes d'une guérilla violente menée entre autres par des groupes terroristes islamistes comme le Pattani Islamic Mujahadeen Movement (ou Gerakan Mujahideen Islam Pattani), qui a déclaré la djihad contre les populations bouddhistes qu'elle souhaite chasser du secteur, et la junte militaire thaïlandaise[5]. Les insurgés ont commencé à semer la peur lors d'attaques au cours desquelles des hommes et des femmes de la minorité bouddhiste locale ont été décapités[7].Selon des experts, les insurgés seraient liés au Front Moro islamique de libération (Philippines) et au Mouvement pour un Aceh libre (Indonésie).

2006[modifier | modifier le code]

Le 3 juin 2006, le chef de l'armée Prayuth Chan-ocha déclare que l'insurrection est financée de l'étranger par les narcotrafiquants et les contrebandiers de pétrole.

Après le coup d'État de septembre 2006, l'insurrection n'a fait que s'intensifier.

2009[modifier | modifier le code]

Malgré le déploiement de 30 000 militaires des forces armées royales thaïlandaises dans la région, la violence se poursuit.

2010[modifier | modifier le code]

En juillet 2010, le bilan humain est estimé à 4 100 tués[8],[9].

2011[modifier | modifier le code]

Un rapport d'un centre de l'OTAN sur le terrorisme relève en 2011, selon les sources publiques, un total de 332 actes terroristes en Thaïlande (8e rang mondial) faisant 292 tués, 660 blessés et 16 personnes enlevées[10].

2012[modifier | modifier le code]

Le bilan de 2012 du même organisme s'établit à 185 attaques (9e rang mondial), 171 tués et 674 blessés, pas d’enlèvement signalé[11].

2013[modifier | modifier le code]

En septembre 2013, le bilan est estimé à 5 400 tués. Des attaques continuent alors que des négociations sont en cours en Malaisie[12].

2014[modifier | modifier le code]

En mars 2014, les négociations n'ont pas abouti et le bilan annoncé est alors d'environ 6 000 morts (dont 171 membre du corps enseignant)[13].

2016[modifier | modifier le code]

En décembre 2016, le bilan est monté à 6 800 victimes et la situation politique est bloquée alors que des attaques terroristes ont touché en août 2016 des sites touristiques hors du sud du pays, notamment Phuket et Hua Hin, tuant quatre Thaïlandais[14]. Un lien entre ces attentats et le conflit dans le sud n'a cependant par été établi de façon formelle[15].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Roadside bomb kills 7 Thai soldiers - Asia-Pacific - MSNBC.com
  2. (en) The Long War Journal
  3. Yamine Boudemagh, « Djiad ou Mafia ? L'exemple Thaïlandais » (Texte et Vidéo d'un entretien d'Arnaud Dubus (8 minutes 58 secondes) par Nabil Ayari pour Français du Monde), sur blogs.mediapart.fr,
  4. (en) Thitinan Phongsutthirak, « Conflict and Terrorism in Southern Thailand (review) », Contemporary Southeast Asia: A Journal of International and Strategic Affairs, vol. 28, no 1,‎ , p. 160–163 (ISSN 1793-284X, lire en ligne, consulté le )
  5. a b c d et e « « Le retour des moines guerriers - La question islamiste en terre bouddhiste » par Rémy Valat »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  6. « Thaïlande : un juge critique le système judiciaire et se tire dessus en plein tribunal », La Presse,‎ (lire en ligne)
  7. (en) « Thai Buddhist beheaded, another shot in Muslim south », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. (fr) Le « Djihad » thaïlandais continue de faire des morts, Romain Mielcarek, 2 juillet 2010
  9. Pierre Benedetti, « Thaïlande : Sompien Eksomya, chronique d'une mort annoncée », sur blogs.mediapart.fr,
  10. (en)[PDF]« 2011 Annual Terrorism Report »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Centre of Excellence Defense Against Terrorism, (consulté le )
  11. [PDF](en) « 2012 Annual Terrorism Report »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Centre of Excellence Defense Against Terrorism, (consulté le )
  12. Arnaud Dubus, « Thaïlande: semaine noire pour le processus de paix entre gouvernement et séparatistes musulmans », sur RFI, (consulté le )
  13. « Thaïlande: une enseignante abattue et brûlée dans le Sud insurrectionnel », sur BFM TV, (consulté le )
  14. AFP, « Thaïlande: dans l'extrême-sud, les rebelles ciblent les trains », sur Le Point, (consulté le )
  15. Le Monde avec AFP, « Quatre morts après l’explosion de plusieurs bombes en Thaïlande », Le Monde,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

Liens internes[modifier | modifier le code]