Par Madeleine Allard et Janis Locas

Les Jeux du Canada 2013 ont lieu du 2 au 17 août, à Sherbrooke (Québec). Organisés pour la première fois au Québec, les Jeux d’été se promettent d’être inoubliables. En effet, le Comité organisationnel des Jeux s’est donné pour mission d’en faire l’événement sportif d’envergure le plus bilingue de l’histoire du Canada. Voici le portrait d’une mission sportive et linguistique.

Les Jeux du Canada, c’est plus de 2 400 athlètes (de 15 à 21 ans) qui s’illustrent dans une vingtaine de disciplines. C’est également plus de 4 000 bénévoles et une centaine d’employés qui travaillent de concert afin de créer un événement inoubliable, tant pour les athlètes que pour les spectateurs.

En plus d’être une manifestation sportive d’ampleur considérable, les Jeux sont une occasion pour les jeunes athlètes canadiens de se dépasser et de donner le meilleur d’eux-mêmes. C’est aussi une occasion unique pour eux de baigner dans les deux réalités linguistiques du pays, tout en créant des liens d’amitié qui dureront toute la vie.

Sherbrooke, une belle histoire de bilinguisme

Sherbrooke est situé au cœur de la région des Cantons-de-l’Est, dont l’histoire représente l’essence même de la dualité linguistique et culturelle du Canada. Les Loyalistes ont colonisé cette région vers la fin du 18e siècle et elle est devenue un véritable sanctuaire pour les colons américains restés fidèles à la Grande-Bretagne durant la guerre d’indépendance américaine.

Mais plus tard, au milieu du 19e siècle, l’arrivée massive de Canadiens français provenant des seigneuries surpeuplées des autres régions du Québec a changé à jamais la réalité culturelle et linguistique de la région. C’est ainsi qu’a pris forme une cohabitation improbable et pourtant harmonieuse.

Aujourd’hui, les Cantons-de-l’Est sont majoritairement francophones (90 p. 100). Malgré tout, la communauté anglophone continue de briller et de s’exprimer, ce qui contribue grandement à la richesse de cette magnifique région.

Une véritable mission linguistique

Bien que ce soit la première fois que le Québec accueille les Jeux d’été du Canada, le Comité organisationnel se promet d’en faire un événement marquant! En effet, William Hogg, directeur des services linguistiques des Jeux du Canada – Sherbrooke 2013, s’est donné la mission d’organiser la manifestation sportive la plus bilingue de l’histoire du Canada. « J’ai été embauché en 2010, soit au moment où le Commissariat aux langues officielles produisait son sévère rapport sur les Jeux olympiques de Vancouver. Je voulais qu’on apprenne de leurs erreurs et, surtout, qu’on ne les répète pas! », relate-t-il.

Surmonter les défis

« L’idée, ce n’est pas d’atteindre la perfection. Offrir un service bilingue, c’est surtout s’assurer qu’on peut transmettre un message à quelqu’un qui a besoin d’aide, et ce, dans la langue de son choix. »

William Hogg, directeur des services linguistiques des Jeux du Canada – Sherbrooke 2013.

« On avait quelques défis à surmonter! », rappelle M. Hogg au sujet du mandat qu’il s’était donné. Pour commencer, le directeur devait s’assurer de bien comprendre toutes les dispositions de la Chartre de la langue française qui définit les droits linguistiques au Québec et qui encadre, entre autres, la langue d’affichage. Il devait trouver la façon d’accueillir des jeux bilingues au Québec tout en respectant les règles strictes d’affichage en français. « Finalement, la Chartre prévoyait l’affichage bilingue pour des événements d’envergure comme le nôtre, alors c’était plus facile qu’on le croyait. », explique-t-il.

Le deuxième défi était de véritablement intégrer les deux communautés culturelles et d’attirer des bénévoles bilingues. « La région de Sherbrooke a notamment été choisie parce qu’environ 45 p. 100 de sa population est bilingue. Ça nous a facilité un peu la tâche, mais nous voulions aussi nous assurer que la communauté anglophone serait bien représentée. », précise M. Hogg. Pour y parvenir, il explique que les organisateurs des Jeux ont établi un partenariat avec l’Association des Townshippers, un organisme communautaire qui fait la promotion de la communauté minoritaire de langue anglaise dans les Cantons-de-l’Est. L’Association les a aidés à recruter des bénévoles anglophones dans toutes les régions du Québec.

Dualité linguistique et ouverture à la différence

Pour parvenir à atteindre ses objectifs, M. Hogg s’est appuyé sur le guide pratique qu’a publié le Commissariat aux langues officielles à l’intention des organisateurs d’événements sportifs d’envergure au Canada. « J’ai imprimé les deux pages de l’aide-mémoire. Elles sont affichées dans mon bureau, à côté de la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne 2008-2013 de Patrimoine canadien. Je cochais chaque point au fur et à mesure que j’avais accompli quelque chose! », raconte M. Hogg.

S’ouvrir à la dualité linguistique comporte des avantages non seulement en ce qui a trait au service, mais aussi à la sensibilité que tous développent à l’égard de la différence. « J’ai d’ailleurs hérité d’autres tâches dans le cadre de mon mandat », explique-t-il. Responsable de l’inclusion sociale, il s’est assuré de tendre la main à d’autres communautés, notamment aux Autochtones et aux francophones du reste du Canada.

« Je suis fier de ce que nous avons accompli. L’événement sera vraiment à l’image de ce que le Canada représente pour moi. J’ai hâte que tout le monde puisse le constater! »

Des rapports sur les Jeux olympiques du Commissariat :

Le premier rapport du Commissariat sur les jeux olympiques exposait des lacunes majeures dans les préparatifs. Le rapport final faisant le bilan de l’événement était plus positif.

Date de publication : Le mardi 13 août 2013