Les temps changent
La Grande Crise, aggravée par une période de sécheresse et le marasme qui sévit à l’échelle mondiale, contribue à l’élection d’un nouveau gouvernement et favorise les critiques virulentes de la population à l’égard du système bancaire canadien. Durant cette période, l’absence d’un mécanisme de règlement direct des soldes des comptes internationaux au Canada inquiète également le premier ministre de l’époque, R. B. Bennett. En 1933, ce dernier nomme une commission royale pour étudier « l’organisation et le fonctionnement de tout notre système bancaire et monétaire [et] peser les arguments pour ou contre l’établissement d’une institution bancaire centrale ».
Les arguments en faveur de l’établissement d’une telle institution l’emportent. Dans son rapport, la commission royale, présidée par lord Macmillan, recommande la création d’une banque centrale. Une semaine après la publication du rapport, le premier ministre annonce que son cabinet suivra les recommandations.
Une annexe du rapport de la Commission Macmillan, intitulée « Suggestions quant à certains des principaux aspects de la constitution d’une banque centrale au Canada », sert de canevas pour la rédaction de la Loi sur la Banque du Canada, qui reçoit la sanction royale le 3 juillet 1934. Constituée sous la forme d’une société privée dont les actions sont vendues au grand public, la Banque du Canada ouvre ses portes en mars 1935.
Une institution solidement établie
Graham F. Towers est le premier gouverneur de la Banque du Canada. Âgé de 37 ans et fort d’une grande expérience à la Banque Royale du Canada, tant à l’étranger qu’au pays, ce Canadien se présente devant la Commission Macmillan en qualité de représentant des banques. Il dirige la Banque du Canada pendant vingt ans.
Peu après la fondation de la Banque du Canada et à la suite d’un changement de gouvernement, un projet de modification à la Loi sur la Banque du Canada est présenté en vue de nationaliser l’institution. Celle-ci devient une société publique en 1938, ce qu’elle est encore aujourd’hui.
La banque centrale se voit confier à la fois des fonctions jusque-là exercées par d’autres organismes ainsi que des fonctions toutes nouvelles. Dès le départ, le ministère des Finances transmet à la Banque du Canada ses fonctions relatives à l’émission de billets de banque, tandis que les bureaux du receveur général, répartis dans tout le pays, deviennent des agences de la Banque.
Un département des Recherches est établi afin de fournir des renseignements et des conseils sur l’évolution financière et sur la conjoncture économique au Canada et à l’étranger. Le Service des changes et le Service des valeurs entrent presque immédiatement en activité, mais le Service de la dette publique n’est transféré du ministère des Finances à la Banque qu’au moment où celle-ci dispose de locaux appropriés. Ce transfert a lieu en 1938, après l’achèvement de l’immeuble situé au 234 de la rue Wellington. Cet immeuble et les deux tours de bureaux qui viennent s’y greffer dans les années 1970 forment le complexe qui abrite toujours le siège de la Banque du Canada. Le complexe est en rénovation jusqu’en 2017.
La Loi sur la Banque du Canada, qui énonce les responsabilités de la Banque, a subi maintes modifications depuis 1934. Son préambule toutefois est resté le même, tout comme la raison d’être de la Banque, qui est toujours de « réglementer le crédit et la monnaie dans l’intérêt de la vie économique de la nation ».
Siège de la Banque
Les premières années : de 1935 à 1938