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L’héritage de la reine Victoria
COMMENT & POURQUOI
L’héritage de la reine Victoria
22 mai 2017

Plus d’un siècle après le décès de l’un des monarques de la Grande-Bretagne — et du Canada —au plus long règne, l’anniversaire de naissance de la reine Victoria demeure un jour férié au Canada et marque le début non-officiel de l’été. Toutefois, les Canadiens connaissent‑ils vraiment ce personnage titanesque de l’histoire ?

Victoria est montée sur le trône du Royaume-Uni en 1837 à l’âge de 18 ans et à une époque où la Grande-Bretagne pouvait se vanter de posséder le plus grand empire du globe, un empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais. Sous le règne de Victoria, l’Empire britannique a atteint le sommet de sa puissance et de son prestige, et la reine était alors perçue comme le symbole vivant de sa pérennité et de son autorité.

Toutefois, son héritage dépasse largement les frontières des petites îles où elle régnait. Sa Grande-Bretagne en est une où l’industrie et la démocratie ont connu un essor remarquable. Et pour couronner le tout ? Le Canada.

Cette sculpture de calcaire de la reine Victoria orne une corniche sur l’une des colonnes qui bordent l’entrée de l’antichambre du Sénat.

C’est exact : la reine Victoria est aussi la mère de la Confédération.

Toutefois, moins d’un an après son avènement au trône, le Canada était en rébellion.

Le Haut et le Bas-Canada (aujourd’hui l’Ontario et le Québec) bouillonnaient de mécontentement, et les populistes William Lyon Mackenzie, du Haut-Canada, et Louis-Joseph Papineau, du Bas‑Canada, remettaient en cause le statu quo politique. Un gouverneur britannique, conseillé par un petit groupe sélect de conseillers non élus, dirigeait les colonies pratiquement par décret. Les revendications pour un gouvernement responsable ont donné lieu à des manifestations de masse et à plusieurs affrontements sanglants entre les rebelles, les Patriotes canadiens-français et les troupes britanniques.

Si les deux insurrections étaient réprimées, les appels à la réforme qu’elles ont déclenchés continuaient cependant de se faire entendre. Les politiciens ont donc cherché de nouvelles façons de réorganiser l’Amérique du Nord britannique d’une manière plus stable et démocratique.

Or, c’est Victoria qui a donné la sanction royale à l’Acte d’union de 1840, qui unissait pour la première fois le Haut et le Bas-Canada. C’est elle qui a accordé aux Canadiens un gouvernement responsable, créant ainsi un pays plus démocratique, moins dépendant de la Couronne et qui entretiendra par la suite des liens plus étroits avec sa population. C’est elle aussi qui a signé l’Acte de l’Amérique du Nord britannique de 1867 (aujourd’hui Loi constitutionnelle) qui a ainsi donné naissance à une confédération qui, cette année, célèbre ses 150 ans.

Ce buste de marbre de Victoria, sculpté en 1936, occupe une niche derrière les trônes royaux et le fauteuil du Président du côté nord de la Chambre du Sénat.

C’est également la reine Victoria qui, comme il est bien connu, a choisi la ville de Bytown (aujourd’hui Ottawa) comme capitale du Canada. Bytown se démarquait des autres choix plus évidents, comme Kingston et Montréal, parce qu’était jugée moins vulnérable à une attaque des États-Unis, constituait un compromis acceptable pour les quatre provinces fondatrices, en plus d’être surplombée par Barracks Hill, le spectaculaire affleurement de calcaire connu aujourd’hui comme la Colline du Parlement.

Plus près de nous, en tant que Chambre haute, le Sénat conserve un lien unique avec la Couronne. À l’intérieur de la Chambre du Sénat, le trône du monarque (sous un buste de la reine Victoria) s’élève derrière le fauteuil du Président. C’est là où les monarques se rendent, lorsqu’ils sont en visite au Canada, d’où le nom de « Chambre rouge », et c’est dans cette salle que les premiers ministres présentent le discours du Trône qui est lu par le représentant de la reine, le gouverneur général.

Le foyer du Sénat, situé tout juste à l’extérieur des portes de la Chambre haute, abrite un portrait légendaire de la reine Victoria. Ce portrait a traversé un océan, a été sauvé des flammes à quatre reprises et a été retiré de son cadre et réduit de taille, coupé sans ménagement. La toile a frôlé la catastrophe pour la dernière fois en 1916, lorsqu’un incendie a éclaté en fin de soirée dans la salle de lecture du Parlement et a réduit en cendres l’édifice du Centre d’origine. Pendant que les flammes se propageaient dans les couloirs, le personnel tâchait désespérément de sauver le plus grand nombre possible de toiles. Le portrait de Victoria, trop grand pour l’embrasure de la porte, est rapidement coupé de son cadre et roulé. Voilà qui explique pourquoi aujourd’hui la moitié de la couronne de la reine n’y apparaît pas.

En quelques mots, le Canada a réellement été défini par l’ère victorienne.

À l’heure où les Canadiens réfléchissent aux réalisations de leur pays à travers ses 150 ans d’existence, une question se pose : le Canada serait-il le plus grand héritage de la reine Victoria ?

Ce portrait en pied de la reine Victoria, réalisé en 1842 par le peintre britannique John Partridge, est exposé dans le foyer du Sénat situé dans l’édifice du Centre sur la Colline du Parlement. Il a été sauvé des flammes à quatre reprises, notamment lors du violent incendie de 1916 qui a détruit l’édifice du Centre d’origine.

Portrait de la reine Victoria qui date de 1893, alors qu’elle était âgée de 73 ans. Il n’a été officiellement publié qu’en 1897, pour marquer son jubilé de diamant.