Durant l’été de 1897, la scène était étrange à Dawson City. Au milieu des bâtiments en bois délabrés, des rues boueuses et des prospecteurs couverts de crasse, une grande tente de cirque blanche couvrait l'espace d'un pâté de maisons. À l'intérieur, on y trouvait des éléments luxueux, notamment une allée de quilles portative, une distributrice de boissons gazeuses, deux douzaines de pigeons, de l’argenterie et de la porcelaine. Les propriétaires de la tente étaient deux riches dames américaines, Mary Hitchcock et Edith Van Buren, qui étaient venues à Dawson City non pas pour y faire fortune, mais bien pour expérimenter la fièvre de la ruée vers l'or du Klondike.

Les expériences de Hitchcock et Van Buren furent loin d'être habituelles, mais elles illustrent la ferveur de la fièvre qui a suivi la découverte d'or dans l'Ouest canadien. En 1858, la nouvelle de la présence d'or dans la Vallée du Fraser en Colombie-Britannique, puis dans la région du Klondike, au Yukon en 1897, s’est rapidement propagée. Des milliers d'aventuriers remplis d'espoir se sont précipités vers ces régions éloignées de l'Empire. Compte tenu de la proximité des États-Unis, plusieurs étaient des Américains issus de milieux divers, notamment des fermiers, des commerçants, et même certains mineurs expérimentés, qui ont connu la ruée vers l'or californienne de 1849. Les gens qui s’y sont rendus, la vie qu'ils ont vécue dans les champs aurifères et leur impact sur les peuples autochtones, ont contribué à façonner la région pour des années à venir.

La migration des Planteurs de la Nouvelle-Angleterre fut la première migration importante vers les colonies de l'Atlantique en Amérique du Nord britannique. Dans le sillage de la déportation des Acadiens en 1755, les terres nouvellement cultivées s’ouvraient en Nouvelle-Écosse, qui devait dorénavant être peuplée. Entre 1759 et 1768, près de huit mille hommes et femmes de la Nouvelle-Angleterre sont venus s'installer dans la vallée d'Annapolis, en Nouvelle-Écosse, ainsi quedans l’Upper St. John River Valley, maintenant le Nouveau-Brunswick. Ils y ont laissé un héritage que l’on retrouve dans la vie sociale, religieuse et politique du Canada Atlantique.

Les premiers pas vers la colonisation des terres nouvellement libérées après la déportation des Acadiens ont été faits lors de la proclamation du général Charles Lawrence à la Gazette de Boston, le 12 octobre 1758, invitant les colons de la Nouvelle-Angleterre à immigrer en Nouvelle-Écosse. La terre fertile de cette dernière constituait un attrait pour les émigrants, mais les colons de la Nouvelle-Angleterre se méfiaient. Lawrence a procédé à une seconde proclamation le 11 janvier 1759, indiquant qu’en plus des terres, les protestants obtiendraient la liberté religieuse et auraient droit, dans les colonies en Nouvelle-Écosse, à un système gouvernemental semblable à celui de la Nouvelle-Angleterre.

Avant 1850, les esclaves fugitifs qui s’étaient échappés du Sud des États-Unis pour se rendre dans les États du Nord étaient considérés libres. Cependant, après l'adoption de la Loi des esclaves fugitifs de 1850, les États du Nord ne constituaient plus un refuge sûr. Les esclaves en fuite risquaient d’être capturés par les chasseurs d'esclaves et restitués à leurs propriétaires. Cela signifiait également que ceux qui avaient échappé à l'esclavage en entrant dans un état libre plusieurs années plus tôt risquaient maintenant de retourner à l'esclavage. Compte tenu du racisme au sein de la société américaine de l'époque, il était beaucoup plus facile pour un propriétaire blanc d'esclaves de prétendre que quelqu'un était son esclave échappé que pour une personne de race noire de prouver qu'elle ne l’était pas. La même menace existait pour tous les Noirs libres. La Loi de 1973 visant à restreindre l'esclavage faisait du Haut-Canada (qui fait maintenant partie de l’Ontario) la première colonie britannique à abolir l’esclavage. Dès qu’ils arrivaient au Haut-Canada, tous les hommes, femmes et enfants, étaient libres.

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