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Mon expérience « immigrante » en Italie

Avant tout, je veux mettre une chose au clair : je n'ai jamais vraiment été immigrante. Je suis née au Canada, et bien que j'aie vécu à l'étranger à deux reprises, c'était toujours en sachant que je rentrerais un jour au Canada. La première fois, je suis allée en Angleterre, où j'avais des amis et de la famille. J'en connaissais aussi la culture et la langue. Pas de problème.


Mes sacs, y compris mes étiquettes à bagages du Musée. Mon secret? Des sacs de plastique scellés sous vide, une technologie certainement inaccessible pour la plupart des arrivants au Quai 21.

Mais la deuxième fois, j'ai finalement eu une idée assez claire de ce que bon nombre d'immigrants ressentent. Entre septembre et décembre 2016, j'ai eu une occasion de rêve. Mon mari a été accepté comme scientifique visiteur dans une installation de l'OTAN en Italie, et j'ai pu l'accompagner. Quelle chance! Mes trois mois en Italie m'ont fait réfléchir aux expériences des immigrants que nous présentons ici, au Musée. Certes, j'ai beaucoup pensé aux expériences canadiennes de ces immigrants (sans quoi je ne pourrais pas m'acquitter des mes responsabilités d'emploi), mais il s'agissait de la première fois que je me sentais vraiment comme une nouvelle arrivante.

Alors que nous nous préparions à partir pour l'Italie, il était impossible de ne pas penser de nouveau aux préparations de tant d'immigrants à la veille d'une arrivée au Canada. J'ai lu tout ce que j'ai pu au sujet de notre nouvelle ville, La Spezia, et sa région. J'ai rédigé liste par-dessus liste. (À un moment donné, j'avais peut-être même une liste de listes.) Que devrais-je emporter avec moi? Que pouvais-je laisser ici? J'ai préparé les valises, et repréparé les valises et mon bagage de cabine.

Je me suis souvenue du défi de préparation dans la salle sur l’immigration canadienne : tout comme dans cette activité, je ne pouvais emmener qu'un certain nombre de choses dans mes valises. Je devais faire des choix.


Manifestement, j'avais encore plusieurs choix à faire.

Bien que j'étais heureuse de ne pas emporter mes souliers de claquette (j'ai réalisé que, même si je m'arrangeais pour trouver un cours de claquette, je ne comprendrais pas les instructions), j'ai regretté de ne pas emporter mon équipement de course. La Spezia avait un bord de l'eau magnifique, et chaque fois que je le longeais en marchant, je souhaitais pouvoir y courir.


Le magnifique port de La Spezia, près du débarcadère des navires de croisière.


Par un jour clair, sur le bord de l'eau à La Spezia, il est possible de voir les Alpes apuanes, d'où le fameux marbre de Carrare est extrait..

J'ai aussi réfléchi aux questions de culture que nous posons à nos visiteurs alors qu'ils décorent et remplissent leurs petites valides dans notre Coin de la collaboration. Je savais quels articles de culture canadienne iraient dans ma valise (chocolats à l'érable!), mais quelle culture immatérielle emportais-je dans mon cœur et mon esprit? Pourrais-je même répondre à cette question avant mon premier jour en Italie? Est-ce qu'il faudrait plus de temps encore?


Les valises des visiteurs dans le Coin de la collaboration.

Une des réponses à la question de la culture immatérielle était d'ores et déjà évidente : la langue. L'anglais et le français sont ma zone de confort. Heureusement, j'ai étudié l'italien pour les débutants au secondaire et à l'université, mais jusqu'où cela me mènerait-il? J'ai recommencé à étudier, et j'utilisais mes rudiments d'italien avec les visiteurs italiens du Musée, pour m'entraîner. Je commençais à me sentir plus confiante, surtout puisque je ne commençais pas à partir de zéro, à l'instar de mon mari. Malheureusement, ma confiance s'est effondrée dès les premiers jours dans notre nouvelle ville.

Bon nombre de contributeurs à notre collection d'histoires orales discutent de leurs expériences en ce qui concerne les barrières linguistiques au Canada, et une citation tirée d'une de ces histoires me parle désormais tout particulièrement :

« Je n'arrivais pas à ouvrir la bouche. Je croyais que tout le monde se concentrait sur mes erreurs. » - Mariya Lesiv

Bien que je comprenais assez bien ce qui se passait autour de moi, j'ai rapidement et douloureusement compris que j'étais clairement une étrangère. C'était la première fois que je me trouvais dans un endroit où les gens ne parlaient pas au moins une de mes deux langues. Je voulais me joindre à ma nouvelle collectivité et faire bonne impression dans mon quartier, mais je ne pouvais pas le faire sans compétences linguistiques.

La plupart des gens ont composé avec mes tentatives en italien, m'ont répondu dans un mélange d'italien et d'anglais, et, ensemble, nous nous sommes débrouillés. Une des femmes qui travaillait dans une boutique de mon quartier a été particulièrement merveilleuse avec moi. Elle me parlait toujours lentement, mais gentiment, et elle prenait le temps de m'expliquer les ventes et les coupons chaque fois que je venais la voir. Elle comprenait pourquoi j'étais si heureuse, un jour, lorsque j'ai demandé un produit et que j'ai pu réellement suivre ses instructions pour le trouver. À l'épicerie près de chez nous, cependant, c'était une tout autre histoire. Une des caissières a remarqué que je ne pouvais pas suivre son papotage rapide à la caisse, et elle a cessé de tenter de communiquer avec moi de quelque façon que ce soit. Souvent, elle ne me disait même pas bonjour, ce qui est très inhabituel chez les Italiens. J'ai trouvé cette situation très démoralisante, surtout puisque j'y magasinais presque tous les jours !


Je l'ai surnommé Chat-Voisin.

Il m'a fallu du temps pour remarquer d'autres aspects de la culture immatérielle que j'emportais avec moi. Peu importe le charme et la merveille d'un nouvel endroit, il y aura toujours une chose parfaitement ordinaire qui rend perplexe, à laquelle il est difficile de se faire, ou qui semble carrément bizarre, du moins pour une personne venant d'ailleurs. Pour moi, c'était les chiens. À La Spezia, ils étaient partout. Ils étaient les bienvenus dans les commerces, dans le centre d'achats, dans les autobus, les trains, même les épiceries! Et il ne s'agissait pas d'animaux d'assistance, mais tout simplement d'animaux de compagnie ordinaires. Il était si normal que les chiens soient permis dans les épiceries que lorsque j'ai trouvé une épicerie qui les interdisait, je l'appelais « Sans chiens » plutôt que de l'appeler par son nom de marque. J'aime les chiens, mais il était très étrange pour moi de les voir à tous ces endroits, puisque ce n'est pas habituellement le cas au Canada. J'ai vu tant de chiens à La Spezia que je n'ai pas pris le temps de les photographier. J'ai cependant pris la photo du seul chat que j'ai vu pendant mon séjour.

Ce fait anodin m'a fait réfléchir : quels événements ou situations, que je considère comme normaux, sont parfaitement bizarres pour les nouveaux arrivants au Canada? Si j'étais restée plus longtemps en Italie, mes attentes auraient-elles changé?

Et s'il fallait quitter le Canada pour de bon, devenir un immigrant? Quels articles matériels faudrait-il mettre dans la valise dans ce cas? Quelle culture immatérielle, de cœur et d'esprit, viendrait alors avec moi? Et vous? Êtes-vous un immigrant qui a eu à répondre à ces questions? Nous aimerions vous entendre! Envoyez votre liste d'articles culturels sur Twitter, avec #valiseQuai21 et partagez-le avec @Quai21 pour ajouter à notre collection de valises numériques.