Gestion des actifs médias – pour harmoniser notre monde numérique

Il y a quelques semaines, le conseil d'administration de CBC/Radio-Canada a approuvé la proposition du Conseil stratégique des technologies (CST) d'investir dans une infrastructure de gestion des actifs médias (GAM) à l'échelle de l'entreprise. Il s'agit d'une étape importante dans le parcours de la Société pour se positionner de manière définitive dans le monde de la création et de la gestion de contenu numérique. Cet article vise à expliquer pourquoi nous franchissons ce pas et ce que nous souhaitons réaliser.

Contexte

Voyons à quoi ressemble l'écosystème de production de contenu de CBC/Radio-Canada. Il y a de nombreux types de technologies que nous déployons pour soutenir notre mission en matière de contenu ; en fait, il y en a plus que jamais auparavant.

Dans certains cas, ce sont des technologies courantes, à petite échelle, qui proviennent du marché de l'électronique grand public et ont l'avantage d'être peu coûteuses, faciles à utiliser et flexibles. Citons comme exemple notre utilisation des appareils iPhone pour créer du contenu radio, télé et numérique.

D'autres technologies coûtent plus cher et visent à combler des besoins de production de niveau supérieur. L'utilisation de Pro Tools[1] pour le montage audio haut de gamme, de nos caméras de studio HD et de VizRT[2] pour la création graphique en sont des exemples.

Enfin, certaines sont de vastes systèmes d'entreprise, comme notre Réseau convergent de nouvelle génération (RCNG)[3], iNews[4], Dalet[5] (radiodique) ou AVID Interplay Central[6] (vidéotique). Ces systèmes offrent des avantages d'échelle et d'interconnectivité et, par conséquent, ouvrent des possibilités que nous ne pouvions guère imaginer il y a cinq ans à peine. Dans chacun de ces outils, le contenu est associé à des données relatives à ce contenu (les métadonnées) et est traité sous forme de fichiers numériques. Ces éléments réunis nous ont permis de mettre en œuvre le concept de flux de travail en mode fichier[7] dans l'ensemble de l'organisation.

La situation actuelle

Examinons la situation actuelle. L'infrastructure de connectivité est offerte par le RCNG, qui permet d'accéder au contenu et de le déplacer sans barrières géographiques ou technologiques. Nous avons des systèmes de production en mode fichier qui permettent d'acquérir, de produire et de déployer le contenu de façon rapide et efficace. Pour n'importe quelle entité de production considérée isolément, les besoins seraient essentiellement comblés.

Figure 1 – Écosystème de production de CBC/Radio-Canada

Cependant, dans la perspective où nous cherchons à obtenir la pleine valeur de notre contenu, nous devons savoir quel contenu nous avons, quels formats sont disponibles, où se trouve le contenu et comment nous pouvons le déplacer à travers l'environnement de production. Nous devons également relever les utilisations que nous en faisons à des fins de référence future. Comment trouver le contenu ? Comment le gérer ? La réponse à ces questions réside dans la gestion des actifs médias.

On entend par « gestion », dans un tel contexte, la capacité de suivre le contenu d'une manière utile à la production et à l'exploitation ; en fait, il s'agit de savoir quel contenu nous avons et où il se trouve. Cela nous permet de maximiser les occasions d'utiliser un contenu de qualité sous différentes formes et nous évite de consacrer du temps et de l'argent à répéter des efforts déjà faits. Le fait de connaître l'emplacement des copies permet aussi de mieux gérer le stockage et éventuellement de réduire la charge de pointe imposée aux connexions du RCNG.

La gestion des actifs médias offre également la possibilité, dans un monde de fichiers, d'automatiser des tâches que les ordinateurs accomplissent mieux que les humains. C'est le cas du transcodage – un processus inhérent à tout environnement de production numérique, qui consiste à convertir le contenu et ses métadonnées d'un format de fichier à un autre. Au stade actuel, ce processus est largement manuel et exige que des experts effectuent la configuration du processus de transcodage pour chaque type de transfert. À l'avenir, ce processus sera automatisé et transparent pour le gestionnaire de contenu, et permettra de libérer nos experts pour qu'ils s'attaquent à des problèmes que les ordinateurs sont moins aptes à résoudre.

La proposition de valeur générale de la gestion des actifs médias pourrait donc être ainsi énoncée : la GAM nous permettra d'optimiser l'utilisation de notre contenu et de nos talents en rendant le contenu accessible peu importe où il se trouve, et en veillant à ce que nous investissions nos talents là où c'est le plus avantageux pour le produit et, en bout de ligne, pour nos auditoires.

La solution

Comment allons-nous y arriver ? Beaucoup de travail a déjà été fait. Le CST étudie ce dossier depuis deux ans, et l'acquisition du système en tant que tel n'est qu'une étape du processus. Un système de gestion des actifs médias fonctionne en gérant les métadonnées, puis en agissant sur le contenu associé dans le cadre de flux de travail définis. C'est une démarche que tous connaissent bien : quiconque a préparé une sélection de musique dans son lecteur audio personnel a utilisé des métadonnées pour indiquer comment le contenu sera utilisé.

Notre application, évidemment, est beaucoup plus complexe. CBC/Radio-Canada a des dizaines de millions d'éléments de contenu et elle en produit des milliers de nouveaux chaque jour. Chaque élément peut avoir des centaines d'attributs décrits par ses métadonnées. L'organisation des métadonnées pour s'assurer qu'elles sont cohérentes et exemptes d'erreurs est une tâche énorme.

Figure 2 – L'approche taxonomique appliquée aux métadonnées

Nous avons consacré une bonne partie de l'année écoulée à créer une taxonomie pour les métadonnées utiles à CBC/Radio-Canada. Il s'agit d'un schéma qui définit notre contenu et les attributs des processus pour l'ensemble de nos activités. Le schéma CBC/SRC Core est une version améliorée de la taxonomie Eureka/Medoc créée par nos archivistes il y a plusieurs années. Il respecte les principes du Dublin Core, qui est la base de la plupart des taxonomies modernes de gestion des actifs médias. Unique à CBC/Radio-Canada, ce schéma reflète l'information dont nous avons besoin pour notre production et nos activités ; cependant, tout au long du processus, la capacité d'interaction avec les autres entreprises et fournisseurs de contenu est demeurée un critère clé.

Nous sommes actuellement en voie d'acquérir le système de gestion des actifs médias. Quand ce sera fait, nous commencerons à transférer notre information d'archives existante vers ce système (dont l'un des buts premiers est de rendre les archives de contenu accessibles à l'utilisateur de façon transparente) et à préparer des flux de travail qui détermineront les modes d'interaction du système avec les utilisateurs et le contenu.

Plutôt que de tout changer d'un seul coup, nous avons opté pour une approche plus agile, c'est-à-dire que nous ferons l'implantation dans le cadre d'une série de petits projets, en commençant par les changements relativement simples et en passant ensuite aux étapes plus complexes. Le processus s'étendra sur au moins deux ans. Pour beaucoup d'entre vous, le déploiement de la gestion des actifs médias se traduira par la présence d'une nouvelle fonction de recherche dans votre environnement de travail existant.

Pour que tout fonctionne rondement, nous devrons notamment uniformiser les processus de travail dans tous les cas où il est utile de le faire pour la production et l'exploitation. L'objectif est d'en arriver à une configuration qui tire parti du système grâce aux fonctions de base standardisées, tout en permettant une personnalisation aux niveaux de la création et de la production afin de répondre aux besoins des différents genres, plateformes et produits.

Conclusion

La gestion des actifs médias aura une incidence sur chacun d'entre nous. Elle nous offrira des possibilités que nous n'avons jamais eues, nous permettra d'exploiter la puissance des médias numériques pour créer de nouveaux produits, et rendra plus efficace et rentable le processus de création d'un contenu de qualité. Des détails plus techniques et plus approfondis seront fournis dans de futurs articles de SYNC portant sur des aspects particuliers du projet.

Nous ne sommes pas les seuls à faire le pas. Toutes les grandes entreprises de médias que nous avons contactées ont déjà un tel système, sont en voie d'en faire l'acquisition ou en étudient l'application. L'heure est à la gestion des actifs médias.

Références

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