La puissance des technologies connectives

CBC/Radio-Canada vient de prendre le « virage Google ». La Société est aussi sur le point de lancer la dernière version de l'espace de travail AVID pour le montage dans le service des Nouvelles, qui permettra d'intégrer les outils de production que nous utilisons et d'étendre nos capacités de production à des tablettes et à d'autres types d'écran. Au quotidien, nos employés s'activent dans un écosystème complet d'outils destinés à recueillir du contenu et qui vont de l'équipement professionnel à haute capacité, aux téléphones intelligents de base. Le contenu est disponible dans toute la Société avec une facilité d'utilisation qui favorise d'autant plus la création de contenu.

C’est une révolution qui s’annonce : une révolution dans la capacité et une révolution dans les choix offerts. Il y a cinq ans, notre environnement de production ressemblait encore à ce qu’il avait toujours été, alors que nous vivons actuellement un processus de changement profond et continu.

Tout cela est fondé sur une révolution technologique. La puissance de l’informatique répartie, combinée à des réseaux omniprésents, des capacités de stockage peu coûteuses et une largeur de bande en pleine expansion donnent jour à de nouvelles fonctionnalités qui, à leur tour, créent de nouvelles possibilités. Toutes ces possibilités permettent aux êtres humains de se connecter, d’être informés, de se divertir et d’être productifs d'une manière encore inimaginable jusqu’à récemment.

Nous évoluons de plus en plus dans un monde où nos choix personnels nous accompagnent dans un environnement contextuel. Nos choix nous suivent et sont adaptés pour que nous puissions les utiliser où et quand nous en avons besoin, au moyen de la technologie qui se prête le mieux au contexte. Nous connaissons cela en raison de certaines marques, comme Netflix qui assure le suivi de ce que nous regardons et adapte le contenu au type d’appareil que nous utilisons à ce moment-là. Dans les derniers modèles d’automobiles, nos téléphones intelligents s’intègrent automatiquement à l’environnement numérique du véhicule lorsqu’on y entre, et redeviennent des téléphones intelligents lorsqu’on en sort.

Si nous tournons notre regard vers l’extérieur et les citoyens, ce nouvel environnement présente d’immenses possibilités pour un radiodiffuseur public redéfini en entreprise de média dans l’intérêt du public. Pour ce qui est de l’interne, cela présente pour nous des défis et des occasions de créer et de donner forme à ces expériences médias qui constituent notre offre aux canadiens.

Il y a déjà un certain temps que des gens avisés réfléchissent à ce type de monde contextuel aux connexions omniprésentes. Les idées à la base de cela ne sont pas nouvelles. Ce qui l’est, c’est que ce monde a atteint une échelle et provoqué des effets de réseau qui commencent à devenir évidents. Les synergies créées par ces effets de réseau génèrent de toutes nouvelles capacités.

Certains appellent ce phénomène « l’Internet des choses ». Une large structure de réseaux auxquels des appareils utilisés quotidiennement se connectent et collaborent entre eux pour produire des résultats que nous jugeons utiles. La clé ici, c’est que, à titre d’utilisateurs, nous pouvons n’avoir aucune idée de ce qui se passe, mais être en même temps conscient du fait que de bonnes choses se produisent.

Les constructeurs automobiles collaborent sur des normes et des systèmes de communication de véhicule à véhicule. On peut imaginer un monde dans un avenir pas si lointain où, lorsque vous prendrez l’autoroute, votre voiture communiquera avec d’autres dans un certain rayon afin de s’insérer le mieux possible dans la circulation, certaines voitures ralentissant légèrement et d’autres accélérant, sans intervention des conducteurs. La « conduite assistée » se profile à l’horizon.

Les entreprises de services mobiles sont déjà en train d’installer des tours de téléphonie cellulaire intelligentes qui gèrent automatiquement la puissance et les paramètres du spectre avec d’autres tours du secteur pour optimiser l’utilisation de la bande passante. Cela se fait de façon autonome, sans intervention.

Nos maisons sont sur le point de devenir des environnements gérés par réseau. Vous pouvez aujourd’hui acheter un thermostat sensible à votre présence quand vous êtes à la maison et qui règle les contrôles de l’environnement en fonction de vos habitudes et de vos souhaits. Il vous connecte à votre environnement mobile pour que vous puissiez suivre ce qui se passe et, puisqu’il s’agit d’un périphérique réseau, nous ne sommes pas loin du moment où les réseaux de thermostat Nest, ou leur équivalent, aideront les compagnies d’électricité à prévoir la demande. Vous pouvez acheter des appareils de surveillance de la santé que vous portez sur vous et qui se connectent de manière autonome à l’environnement sans fil pour mesurer votre activité pendant l’exercice et vos paramètres de santé. En outre, nous ne sommes plus loin du moment où les appareils personnels de suivi médical surveilleront par exemple les signes avant-coureurs d’une crise cardiaque ou d’un accident cardiovasculaire afin de permettre une intervention médicale rapide.

Tout cela concerne aussi CBC/Radio-Canada. Comprendre les environnements dans lesquels vivent les gens nous permet de savoir comment répondre le mieux possible à leurs besoins en matière de médias. De plus, tous ces changements se produisent au sein de la Société avec autant de force qu’à l’extérieur. La puissance des technologies connectives nous transforme.

Nous évoluons dans un monde à multiples niveaux. À la surface, nous avons des capacités intuitives et faciles à utiliser qui « fonctionnent ». Sous la surface, il y a les décisions de conception qui orientent notre manière de travailler, le « flux de travail ». En dessous du niveau du flux de travail, on trouve les fonctions puissantes de l’univers numérique, comme le traitement des médias en mode fichier et les appareils intelligents. Et, encore en dessous, les assises du système constituées de réseaux omniprésents qui assurent la connectivité.

Alors, en tant qu’entreprise de médias, comment devons-nous modifier nos comportements pour réagir efficacement à cet environnement? Je pense qu’il faudra trois grands changements, qui sont presque contre nature.

Premièrement, afin d’en arriver à un résultat souple, contextuel et personnalisé, nous devons nous assurer que les principaux processus et technologies sont normalisés. Si nous ne décrivons pas de manière uniforme les métadonnées qui transforment les objets médias en contenu, nous ne pourrons jamais exploiter pleinement la puissance dont nous disposons pour accéder au contenu et le partager. Si nous ne sélectionnons pas des systèmes communs qui utilisent une architecture ouverte et conviviale, nous ne pourrons jamais réaliser les effets d’échelle d’outils de production universels. De plus, si nous ne nous concentrons pas sur l’optimisation des flux de travail afin de nous assurer que nous faisons ce qu’il faut pour en arriver au bon résultat, nous ne pourrons jamais profiter des avantages et de l’amélioration continue.

Deuxièmement, nous devons opter pour les produits offerts au grand public dans notre écosystème de production, puisqu’ils permettent de grandes économies d’échelle et une grande souplesse. Il y aura toujours une place pour des solutions hautement spécialisées à grande échelle pour les besoins de base de la production média, mais, de plus en plus, l’environnement des appareils grand public offrira de nouvelles solutions et de nouvelles capacités que nous devrons prendre en charge. Notre passage à Google en est un exemple, et la mise en service de téléphones intelligents dans la collecte des nouvelles en est un autre.

Troisièmement, nous devons utiliser le potentiel humain. Celui-ci n’a jamais été aussi important, puisque de nouvelles capacités ouvrent la voie à de nouveaux produits et services. Ce sont nos employés qui nous feront avancer. Nous avons l’occasion de libérer la capacité d’innovation inhérente à chaque personne, et de connecter ces personnes non seulement à des outils puissants et collaboratifs pour le contenu et les outils, mais aussi à d’autres personnes qui ont une mission commune ou similaire. Nous devons aussi remettre en question la structure et le caractère motivationnel de notre environnement pour nous assurer qu’ils ne constituent pas des obstacles.

La puissance de ces technologies connectives nous ouvre un tout nouveau monde, un monde débordant de possibilités et de choix infinis. La clé du succès consiste à faire les bons choix et à permettre ensuite à cette puissance de produire les résultats attendus.

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