Scoop : Démocratiser la publication sur Radio-Canada.ca

Depuis bientôt 20 ans, Radio-Canada est présente sur le Web par l’entremise de son site Radio-Canada.ca. Une offre qui évolue au fil des années et pour laquelle les processus de travail et les technologies se métamorphosent constamment. Conçu à l’origine comme une collection de sites quasi indépendants les uns des autres d’un point de vue de leur gestion quotidienne et des contributions qui y sont faites, il est devenu au cours des trois ou quatre dernières années, une offre consolidée bâtie autour de grandes familles thématiques : ce qu’on appelle chez-nous les « sujets ».

Avec ces transformations, la création d’un outil de publication unique et moderne s’est imposée. Son objectif : permettre à tous les créateurs de contenu de devenir des contributeurs à Radio-Canada.ca sans avoir à être un expert.

Figure 1 – L’ancienne interface de publication sur le Web

Les étapes de publication sur le Web

Sans être un métier très technique, la publication sur le Web compte plusieurs étapes et, pour s’assurer que nos contributeurs se concentrent sur ce qu’ils connaissent le mieux, il importe de constamment épurer ce processus.

On peut séparer le processus de publication en six étapes :

  1. La création : l’écriture du texte comme tel;
  2. L’enrichissement : l’ajout d’images, d’audio et de vidéos ou d’hyperliens associés;
  3. La catégorisation : l’association du contenu à des sujets et des thèmes pour qu’il apparaisse automatiquement dans les diverses sections du site;
  4. La révision : la confirmation par un réviseur linguistique que la langue de l’article est conforme;
  5. L’approbation : la confirmation par un responsable éditorial que l’article est prêt à être publié tel quel; et
  6. L’ordonnancement : le choix de la position de l’article dans les conducteurs manuels par le responsable éditorial en fonction de son importance.

Configurer ou développer

Une des premières décisions auxquelles l’équipe a été confrontée était de déterminer s’il était plus efficace de travailler à partir d’un produit commercial ou de travailler avec des technologies plus légères. Le produit commercial est par définition robuste et éprouvé mais demande tout de même des efforts importants de configuration et impose un cadre de fonctionnement spécifique. Les technologies légères sont plus adaptables mais viennent avec un certain degré de risque.

Compte tenu des liens entre les diverses couches de technologies utilisées dans le développement Web, de la plate-forme sous-jacente jusqu’au produit final qui aboutit dans le fureteur de l’usager, nous avons choisi de développer avec les mêmes technologies que nous utilisons déjà.

La première étape du projet a été de créer une interface usager moderne et conviviale qui permette aux créateurs de contenu de passer à travers les étapes de la publication de façon intuitive et surtout en ayant une idée assez claire du résultat visuel des choix qu’ils font en cours de rédaction.

Les usagers au centre du processus

Un groupe d’usagers a été formé en amont du développement pour bien comprendre les besoins et, tout au long du processus, ils ont été consultés et ont fourni de la rétroaction. Avant la mise en production de la première version, un laboratoire de quatre jours a permis à ces usagers de tester l’outil en profondeur. Cette séance a été l’occasion de créer une liste d’améliorations et de corrections dont les plus importantes ont été implantées avant la formation des premiers utilisateurs.

En Décembre et Janvier, plusieurs dizaines de journalistes et d’édimestres ont reçu la formation et sont passés du monde de GHTML à celui de Scoop.

Prochaine étape : sous le capot

L’interface de Scoop est bien sûr le bénéfice le plus apparent pour les usagers mais, pour passer à la vitesse supérieure, il reste encore beaucoup de travail à faire sous le capot.

À l’origine, Radio-Canada.ca était plus une collection de sites qu’une véritable offre intégrée. Ce n’est qu’au cours des trois ou quatre dernières années que l’offre a véritablement été fédérée. Pour cette raison, le format des documents emmagasinés dans les bases de données et les étapes pour les y enregistrer sont différents d’une zone du site à l’autre.

La prochaine étape du développement de Scoop consiste donc à unifier la structure des documents et à migrer toutes les fonctionnalités dans la nouvelle interface. C’est à cette tâche moins spectaculaire, mais ô combien importante, que s’emploie l’équipe de développement en ce moment.

Dans les prochains mois, on débranchera le moteur de GHTML pour en brancher un nouveau basé sur la technologie .Net de Microsoft utilisée dans tous nos projets. Cette nouvelle « mécanique » permettra de faire disparaître certaines étapes manuelles du processus de publication et améliorera la fiabilité de l’ensemble de la chaîne de mise en ligne.

Une fois cette étape terminée, il restera à migrer les contenus des divers outils « héritage ». En plus de l’avantage évident de la simplicité et de la modernité de l’outil, cette migration permettra aussi une meilleure mobilité de contributeurs de contenu qui, jusqu’à présent, devaient connaître les particularités de l’outil spécifique à leur zone pour faire leur travail. Ils pourront désormais publier dans n’importe quelle section du site à travers d’un seul outil et un seul processus.

Les technologies utilisées

La plate-forme des sites Web de Radio-Canada est basée sur la technologie ASP.net de Microsoft. Au cours de ses diverses évolutions, ces dernières années, l’équipe de développement a créé une architecture orientée services[1] (« Service-oriented Architecture » en anglais, soit SOA) qui offre une grande flexibilité et une perméabilité des contenus entre les diverses sections et même entre les produits.

Dans le cadre du projet Scoop, cette approche a permis de solutionner la question de l’interface usager indépendamment du système sous-jacent. On a pu créer le nouvel outil de publication en premier et changer le moteur après. Grâce au service Web qui présente les données au système sous-jacent, Scoop est en quelque sorte agnostique. Il n’a pas à savoir à quel système il parle puisque c’est le service qui fait la traduction.

Pour le développement de l’interface usager, l’équipe a mis à profit Bootstrap, une collection d’outils gratuits contenant des librairies JavaScript basées sur jQuery, des modèles HTML, des feuilles de style CSS et des icônes et boutons préconfigurés.

Ce type de librairie permet la création d’une interface moderne et conviviale avec un minimum d’efforts. En cours de projet, lorsque notre spécialiste de l’ergonomie faisait des recommandations pour améliorer la fluidité et la lisibilité de l’interface, l’équipe pouvait implanter les changements en quelques heures.

Parmi les fonctionnalités qui simplifient la vie des créateurs de contenu, on peut penser au « glisser déposer » (« drag and drop » en anglais), au filtrage et au tri des résultats de recherche par date, auteur, etc., à l’édition en texte riche. Plus encore, l’interface s’adapte aux diverses tailles d’écran permettant ainsi la publication à partir d’appareils mobiles.

Figure 2 – Le résultat : l’interface de publication de Scoop

Conclusion

Le succès de Scoop est le résultat d’une collaboration directe entre les usagers et l’équipe de développement. La rétroaction fréquente et constante associée à la flexibilité des méthodes de production a permis de raffiner le produit et de lancer une version 1.0 à la hauteur des besoins de la production quotidienne. Mais ce n’est qu’un début. Les prochaines phases continueront de se faire dans cet esprit de saine collaboration et d’adaptation continue.

En terminant, vous vous demandez d’où vient le nom de Scoop? Dans leur temps libre, les développeurs mettent parfois le chapeau de directeur du marketing. Ils ont donc eu l’idée de baptiser les nouveaux outils avec des noms issus de l’histoire de Radio-Canada et, dans ce cas-ci, la télésérie des années 90. Qui sait, peut-être pourrait-on inviter Macha Grenon et Roy Dupuis à devenir les parrains de Scoop…?


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