Régie de production automatisée du CDI

CDI Automated Production Control

Il y a déjà quelques années que des régies de production automatisée existent à CBC/Radio-Canada. Pour ce qui est des Services français, la première a été installée à Ottawa, ce qui a permis d'automatiser une partie des bulletins de nouvelles d'Ottawa. Par la suite, la mise en œuvre de régies de production automatisée s'est poursuivie à Sherbrooke, à Trois-Rivières, à Saguenay, à Rimouski et à Québec, avec l'adoption de la solution OverDrive[1] de Ross Video’s[2] .

À la vue du succès remporté par ces mises en œuvre régionales, un projet a été mis sur pied pour réaliser le même travail au Centre de l’information (CDI) de Radio-Canada afin de gérer la programmation de fin de soirée du Réseau de l’information[3] de Radio-Canada, qui, à moins qu'il n'y ait une couverture spéciale de nouvelles, consiste en rediffusions de la programmation de la journée. L'idée était de demeurer en ondes 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an, mais sans avoir besoin d'une régie de production avec tout son personnel après les heures de travail normales. Le projet a finalement pris une orientation différente, mais la régie de production automatisée a quand même été mise sur pied.

Cet article vise à expliquer comment Radio-Canada a choisi de pousser le concept d'une régie de production automatisée encore plus loin que ce qui avait pu être fait auparavant par un autre radiodiffuseur, et d'ouvrir une voie qui a depuis été suivie par d'autres.

Un concept en pleine évolution

Une fois que la régie de production a été automatisée, on a décidé de lui confier la tâche de gérer les besoins de production du RDI durant les soirées du week-end. Les manifestations étudiantes de 2012 à Montréal ont été la première mise à l'épreuve de la nouvelle régie, avec une programmation spéciale quotidienne de trois à quatre heures pour les couvrir. On a alors vite compris que les installations pouvaient gérer la situation en mode automatisé.

À la suite de cette réussite, on a lancé une initiative pour étendre l'utilisation de la régie de production automatisée au-delà de la programmation du week-end du RDI et des nouvelles régionales, afin de couvrir l’ensemble du contenu des nouvelles produit à Montréal, qu'il soit diffusé au RDI ou sur les ondes d'ICI Radio-Canada Télé. Il est vrai qu'un bulletin de nouvelles national est beaucoup plus complexe qu'un bulletin local au Québec; ce qui distingue le projet de Montréal, ce sont les recherches approfondies qui ont été menées, tant à l'intérieur de la Société qu'à l'extérieur. Quand le projet a vu le jour dans ce nouveau format, il est apparu évident qu'aucun autre radiodiffuseur dans le monde n'utilisait d'installations de production automatisée pour réaliser un bulletin de nouvelles national. Par conséquent, cela a permis à Radio-Canada d'être le premier radiodiffuseur à utiliser le concept (la BBC a toutefois suivi quelques semaines plus tard avec sa propre solution de production automatisée pour les bulletins de nouvelles nationaux).

Si on compare la régie de Montréal avec les installations régionales, on peut constater que la différence réside dans le degré de complexité beaucoup plus élevé à Montréal, et également que, dans les régions, on peut se faire déjà une très bonne idée à 17 h de ce que sera le bulletin de nouvelles lorsqu'il sera diffusé à 18 h. À Montréal, si une nouvelle importante se présente à 17 h, le bulletin peut être totalement modifié avant sa mise en ondes; il faut par conséquent disposer d'une bien plus grande souplesse. La taille de l'infrastructure nécessaire pour la production d'un bulletin de nouvelles est un autre détail qui distingue Montréal des régions : en région, les établissements ne sont dotés que d'un seul plateau et d'une seule régie, tandis que le CDI comporte sept plateaux – chacun doté d’une multitude de caméras, de microphones, de moniteurs, de télésouffleurs et de l'équipement additionnel – et trois régies de production (ainsi qu'une autre pour le bulletin en anglais de CBC à Montréal).

Comme vous pouvez l'imaginer, tout cela se traduit par un degré de complexité particulièrement élevé que la régie de production automatisée doit prendre en charge. D'une part, les processus sont automatisés, ce qui simplifie la quantité de travail nécessaire durant la diffusion, mais, d'autre part, il faut procéder à une préparation méthodique pour s'assurer que l'ensemble de l'infrastructure et de l'équipement qui sera utilisé pendant le bulletin de nouvelles fonctionne sans accroc au moment de la diffusion. Il convient de garder à l'esprit que l'infrastructure en question s'étend bien au-delà de l'équipement utilisé dans l'immeuble, pour intégrer une série de sources audio et vidéo externes, des cars de reportage aux téléphones. Par conséquent, l'équipe de développement (composée de Pascal Viau et Patrick Boutin) a dû concevoir un ensemble d'outils et de flux de travail pour simplifier la réalisation d'émissions composées de plusieurs plateaux. Il a fallu que l'équipe détermine ce qu'il faudrait avoir dans la « boîte à outils » d'une régie de production automatisée et qui permettrait de procéder rapidement à des changements dans ce type d'environnement dynamique et avec de multiples plateaux. L'élaboration de cette boîte à outils a duré plusieurs mois.

Par le passé, le personnel de production se basait sur une liste fournie par le système iNews[4] d'Avid’[5] et il fallait exécuter manuellement les instructions de la liste. En mode automatisé, il reste encore un petit nombre de choses qui sont effectuées manuellement, mais l'équipe de la Production dispose d'une série de macros qui peuvent être activés dans iNews pour effectuer différentes tâches qui nécessitaient auparavant des interventions manuelles dans la régie de production. Le travail d'équipe est extrêmement important dans un environnement de production automatisée si on veut être en mesure de procéder rapidement aux changements à effectuer pour permettre la diffusion en direct de nouvelles de dernière heure. Étant donné la nature ouverte du système qui est maintenant en place et la large utilisation de macros d'iNews qui permet de simplifier considérablement des codes complexes, il faut continuellement créer de nouveaux macros et de nouvelles procédures dans le cadre d'un processus permanent destiné à améliorer la capacité et l'efficacité du système dans l'environnement en constante évolution des nouvelles.

mise en œuvre

Par le passé, le CDI était composé de deux grandes régies de production, une principalement utilisée pour les bulletins de nouvelles du RDI, et l'autre pour le contenu d'Ici Radio-Canada Télé et les bulletins de nouvelles nationaux, ainsi qu'une plus petite, la régie 3, qui servait à produire du contenu monté à l'avance. La régie 3 est celle qui a été choisie pour prendre en charge la production du RDI en mode automatisé en fin d'après-midi et en soirée.

La notion qui sous-tendait la deuxième phase du projet visait à rendre disponible la régie de production utilisée le week-end et à y transférer tous les bulletins de nouvelles qui étaient normalement produits dans la régie 1, permettant ainsi de transformer la régie 1 en une régie de production automatisée, et de faire ensuite la même chose avec la régie 2. Après une période de transition de 18 mois, le CDI était doté de deux régies de production automatisée de plus.

À l'heure actuelle, la régie 3 a déjà servi à diffuser des bulletins de nouvelles complets. La régie 1, pour sa part, sera prête en novembre 2013, et la programmation du RDI suivra immédiatement.

L’équipement installé dans ces régies automatisées est assez similaire à celui des régies traditionnelles, mais l’agencement est complètement différent, dans la mesure où les régies de production traditionnelles comportent un mur de moniteurs avec en face une rangée d’employés de la production et de la technique, et une deuxième rangée d’employés de la production. Une régie de production automatisée nécessite une équipe beaucoup plus réduite, mais elle exige un degré supérieur de fiabilité dans la capacité des différents membres de l’équipe, étant donné la plus grande responsabilité à assumer pour produire un bulletin de nouvelles fluide. Par conséquent, la cohésion de l’équipe est beaucoup plus importante et, à la suite de suggestions de l’équipe de Production, il est apparu évident qu’il fallait procéder à un réaménagement pour permettre aux responsables de la régie de se voir et de communiquer plus facilement pendant leur travail, plutôt que de les avoir installés face à un mur de moniteurs.

Figure 1 – Vue depuis un poste de travail dans la régie de production automatisée

La nouvelle régie a donc été conçue en tenant compte de ces questions de conception. Elle a commencé par prendre la forme d’un triangle, mais avec le temps et les améliorations apportées progressivement, elle s’est transformée en losange. Selon nos recherches, CBC/Radio-Canada est le premier radiodiffuseur à avoir adopté ce type de conception ergonomique.

Figure 2 – Vue du dessus

Considérations techniques

Radio-Canada a décidé d’utiliser le système OverDrive de Ross Video, parce que c’est la solution que les Services français connaissent le mieux, puisqu’il a été mis en œuvre dans les stations régionales; il semblait donc que c’était également la meilleure solution à adopter à Montréal. Pour des questions de synchronisation, CBMT, la station anglaise de CBC à Montréal, passera au même système simultanément. Le système de Ross Video a été largement adopté par l’industrie, puisqu’il est aussi utilisé par CTV, TVA, RDS, Musique Plus et City TV, entre autres.

Les clés de la réussite d’une régie de production automatisée résident dans la capacité du système à communiquer avec un vaste éventail de périphériques et à en assurer le contrôle : serveurs vidéo, consoles audio, générateurs de caractères, serveurs pour les extraits audio, commandes de caméra, etc., ainsi que dans l’automatisation de la distribution du contenu des nouvelles aux plateformes numériques de CBC/Radio-Canada. La solution de Ross Video communique de façon transparente avec l’équipement utilisé par Radio-Canada, ce qui en a fait la solution la plus facilement adaptable aux besoins de la Société. Le système a été modifié de façon importante, et continue de l’être pour répondre entièrement aux exigences de CBC/Radio-Canada.

Conclusion

Étant donné que CBC/Radio-Canada a fait figure de pionnière dans l’automatisation de la production automatisée de bulletins de nouvelles nationaux, elle a dû tracer sa propre voie pour ce qui est de déterminer un ensemble de facteurs, comme la main-d’œuvre nécessaire pour garantir une mise en ondes réussie et en douceur des bulletins de nouvelles. Jusqu’à un certain point, ce projet demeurera en constante évolution, mais les avantages en matière d’efficacité liés à l’automatisation sont apparus dès le départ.

Finalement, économies de coûts mises à part, l’objectif vise à ce que la programmation de la Société soit davantage numérique et que l’interface soit plus facile avec le Web, et ce, pour être en mesure de faire plus avec les ressources que CBC/Radio-Canada reçoit des contribuables canadiens.

Références

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