Notes pour une allocution de Hubert T. Lacroix, président-directeur général de CBC/Radio-Canada, lors de sa comparution devant le Comité permanent du patrimoine canadien

6 décembre 2007

(La version prononcée fait foi)

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les membres du Comité, bonjour. Je vous remercie de me donner l’occasion de me présenter devant vous ce matin pour échanger sur mes nouvelles fonctions à titre de président-directeur général de CBC/Radio-Canada.

Dans quelques semaines, j’assumerai un rôle des plus fascinants : celui de diriger l’une des plus importantes institutions culturelles au Canada. Ce sera un grand honneur pour moi d’occuper ce poste. Sachez que je suis bien conscient des responsabilités qui en découlent.

La radio, la télévision et, de plus en plus, Internet sont aujourd’hui les principaux véhicules de la culture dans notre société, et sûrement les meilleurs outils que nous avons à notre disposition pour rejoindre tous les Canadiens. Parmi ces outils, CBC/Radio-Canada est sans aucun doute le plus efficace pour propager et promouvoir la culture canadienne. Les Canadiens sont constamment bombardés par les influences culturelles provenant d’autres pays : ils doivent donc pouvoir compter sur un radiodiffuseur public indépendant et solide qui reflète leur réalité et leur identité.

Comme vous pouvez le constater à la lecture de mon curriculum vitae, j’ai pratiqué le droit des affaires pendant de nombreuses années. J’ai eu la chance de côtoyer et de conseiller certaines des personnalités les plus en vue du monde des affaires au Canada : des dirigeants de multinationales dont les activités s’étendaient à travers l’Amérique du Nord et l’Europe.

J’ai également eu le privilège de siéger à titre d’administrateur au conseil d’administration de plusieurs sociétés ouvertes. Depuis ma première expérience avec CircoCraft Co. Inc. en 1984, j’ai occupé diverses fonctions au conseil d’administration de 10 sociétés ouvertes.

J’ai aussi dirigé et géré une grande société de portefeuille privée. Au sein de Télémédia, je supervisais les activités de 14 entreprises différentes dans les domaines de la radio, de l’édition, de la publicité intérieure, de l’immobilier, des microplaquettes semi-conductrices et des services sans fil.

J’ai donc aidé des entreprises – privées et publiques – à se tailler une place dans leur environnement en évolution rapide, et à affronter la concurrence. J’ai pu dégager des tendances, évaluer les menaces et les défis, et aider les équipes de direction à faire face à ces menaces, et même à en tirer parti souvent. J’ai également mis sur pied et mené des équipes de grand talent.

Toutes ces compétences et ces atouts, je les mets maintenant au service de notre radiodiffuseur public. Mais, Monsieur le Président, mon travail ne consiste pas à créer des émissions. Comme vous le savez, Sylvain Lafrance et Richard Stursberg dirigent des équipes très talentueuses qui s’occupent de la programmation à CBC/Radio-Canada.

Mon rôle sera celui de gérer la Société et de lui donner une orientation stratégique. Il s’agira pour moi de créer un environnement qui permette à nos employés de mettre à profit leur créativité, de comprendre le secteur des médias et d’en cerner les nouvelles tendances, de bien saisir les habitudes d’utilisation des médias par les Canadiens ainsi que les modes de financement des émissions, de bâtir des alliances stratégiques et de trouver de nouvelles sources de revenus. Si je réussis à faire cela, la Société aura alors les moyens et l’élan dont elle a besoin pour continuer à créer des émissions pertinentes et passionnantes.

Comme la plupart des Canadiens, j’ai grandi avec CBC/Radio-Canada. Tous les jours, je revenais de l’école pour m’installer devant Bobino et Bobinette. J’avais ensuite droit à quelques minutes de La boîte à surprises avant que ma mère ne m’envoie dans ma chambre faire mes devoirs. J’ai également suivi religieusement le hockey, et ce sont des commentateurs comme Danny Gallivan, Dick Irvin et René Lecavalier qui m’ont fait découvrir et aimer ce sport. Puis, en grandissant, The National, Le téléjournal et Le point sont devenus mes références en matière d’information. Ensuite, Ross Porter m’a initié au jazz.

Plus tard, lorsque j’ai travaillé à Radio-Canada pour commenter les matchs de basket-ball lors de trois Jeux Olympiques et collaboré à chaque semaine à l’émission Hebdo-Sports à la Radio de Radio-Canada, j’ai pu constater la passion qui anime tous les artisans de Radio-Canada.

Tous les membres de l’équipe, de l’employé qui monte les décors, aux techniciens de studio, aux réalisateurs ou aux présentateurs, tous visaient toujours l’excellence, c’est-à-dire créer la meilleure émission qui soit, à chaque fois. C’est une attitude que j’ai appréciée.

Alors que je réfléchissais à la possibilité d’accepter ce poste, j’ai eu l’occasion de rencontrer deux des hauts dirigeants de CBC/Radio-Canada ainsi que le président du Conseil d’administration, et j’ai encore une fois pu constater cette grande passion pour l’excellence que j’avais remarquée dans les studios.

Cette même passion pour l’excellence ne s’est pas démentie au cours des dernières semaines, au fil de mes déplacements pour rencontrer des employés de la Société. J’ai écouté leurs points de vue et leurs idées à propos des défis qui nous attendent.

J’ai l’intention de poursuivre ce dialogue avec les employés, les parties intéressées et des gens d’affaires influents de tout le pays afin de mieux comprendre leurs points de vue sur CBC/Radio-Canada et ainsi accomplir mon mandat en poursuivant sur cette lancée, avec le maximum d’efficacité.

Votre engagement envers la culture canadienne n’est pas un secret pour moi. Je sais que vous portez un intérêt constant à CBC/Radio-Canada, et c’est ce qui vous pousse notamment à évaluer son mandat actuel. Votre rapport, que j’attends avec impatience, viendra davantage étoffer et définir mon mandat. J’espère sincèrement pouvoir vous rencontrer fréquemment afin d’avoir votre avis sur le travail que nous accomplirons.

Je suis conscient du fait que CBC/Radio Canada est avant tout une organisation axée sur la créativité, qui doit prendre des risques et évoluer constamment. En tant que telle, elle a un rôle spécial à jouer dans ce pays. Mais, comme toute grande société qui se respecte, elle doit également s’occuper de ses employés, équilibrer ses budgets, financer sa programmation et offrir des services aux Canadiens qui leur en donnent pour leur argent.

Dans l’exercice de mes fonctions, j’aurai toujours à poser les questions difficiles comme : i) Est-ce que cela entre dans le cadre de notre mandat? ii) Quelles sont nos forces? iii) Que pouvons-nous faire mieux? iv) Est-ce que les Canadiens nous regardent, nous écoutent et utilisent nos services? Si oui, pourquoi? Et si non, aussi pourquoi? v) Donnons-nous une valeur ajoutée à CBC/Radio-Canada?

J’estime donc que pour que CBC/Radio-Canada puisse remplir son mandat, elle doit pouvoir profiter À LA FOIS d’une grande créativité ET s’appuyer sur une saine gestion : l’une ne peut survivre sans l’autre.

Comme moi, vous savez que le secteur de la radiodiffusion est actuellement le théâtre de profondes transformations. Pour réussir dans ce contexte, CBC/Radio-Canada doit continuer à faire preuve de créativité et à déployer des stratégies audacieuses. En ajoutant mes compétences au talent de l’équipe de direction dont s’est entouré Robert Rabinovitch et grâce au dévouement de tous les employés de la Société, nous pourrons aider le radiodiffuseur public à prospérer dans son nouvel environnement.

Et maintenant, je serai heureux de répondre à toutes vos questions.

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