Keynésianisme

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Le keynésianisme est une école de pensée économique fondée par l'économiste britannique John Maynard Keynes. Pour les keynésiens, les marchés laissés à eux-mêmes ne conduisent pas forcément à l'optimum économique. En outre, l'État a un rôle à jouer dans le domaine économique, notamment dans un cadre de politique de relance. L'importance de ce rôle varie selon les courants keynésiens et avec les traditions étatiques des différents pays. Les courants dominants actuels sont la synthèse néo-classique, nommée aussi néokeynésianisme, et la nouvelle économie keynésienne. L'influence du post-keynésianisme est plus limitée mais non négligeable dans certains pays, notamment en France. Cette école se place en opposition radicale aux principaux courants actuels et veut conserver les aspects les plus contestataires et hétérodoxes du keynésianisme.

Pour Alan Blinder[1], le keynésianisme s'articule autour de six principaux traits dont trois concernent le fonctionnement de l'économie et trois les politiques économiques.

Les trois principes sur le fonctionnement de l'économie sont :

  1. la demande agrégée est erratique ;
  2. les inflexions de la demande ont une plus grande influence sur la production et l'emploi que sur les prix ;
  3. les prix et spécialement les salaires réagissent lentement au changement de l'offre et de la demande.

À partir de là, les keynésiens avancent trois principes de politique économique :

  1. le niveau usuel de l'emploi n'est pas idéal car il est sujet à la fois aux caprices de la demande et à des ajustements des prix trop lents ;
  2. la nécessité, pour certains Keynésiens, de politiques de stabilisation ;
  3. de façon encore moins unanime qu'au point précédent, soutenir l'emploi plutôt que lutter contre l'inflation.

Les grands traits du keynésianisme[modifier | modifier le code]

À la suite de Keynes, les keynésiens raisonnent d'emblée au niveau macro-économique et considèrent que la « théorie classique n'est applicable qu'au cas du plein emploi »[2]. Or, écrivant durant la période de crise de l'entre-deux guerres, ce qui l'intéresse, c'est ce qui se passe en période de sous-emploi. De cela découlent deux points clés : l'offre ne crée pas comme chez Jean-Baptiste Say sa propre demande mais dépend de la demande effective ; à la différence des classiques la monnaie n'est pas un « voile » mais influe sur l'économie réelle.

Demande effective et loi de Say[modifier | modifier le code]

Article détaillé : loi de Say.

La demande espérée est la demande anticipée par les entrepreneurs. Ces derniers calculent la production qu'ils doivent réaliser afin d'offrir la quantité optimale de biens et de services demandée par les agents économiques. Le sous-emploi des facteurs de production est selon Keynes dû au fait que les entrepreneurs ont des anticipations pessimistes et sous-estiment la demande effective. Keynes à la différence de Jean-Baptiste Say et des néo-classiques ne raisonne pas dans le cadre d'une « parfaite rationalité des agents et... d'une information parfaite sur la situation présente et future »[3] aussi la demande effective dépend de prévisions d'agents qui peuvent ne pas conduire au plein emploi.

Demande effective et marché du travail[modifier | modifier le code]

Pour Keynes, le salaire n'est pas seulement un coût, c'est aussi un déterminant important de la demande. Par ailleurs, pour Keynes, le mécanisme des prix sur le marché du travail n'aboutit pas usuellement au plein emploi d'où l'introduction de la notion de chômage involontaire.

  • Pour les classiques, l'offre de travail par les salariés dépend du salaire réel w/p (w salaire nominal et p indice des prix). S'il y a du chômage c'est que le salaire réel w/p est supérieur à la productivité marginale du travail appelée « PmL ». Le chômage ne peut être que volontaire c'est-à-dire venant du refus de travailler au nouveau salaire d'équilibre. Pour Keynes au contraire le refus des salariés de voir leur salaire baisser est finalement une bonne chose car elle évite une spirale déflationniste[4].
  • Pour Keynes, les salaires nominaux w ne peuvent pas baisser pour plusieurs raisons :
    • il y a une viscosité des salaires nominaux liés à la négociation des contrats[4] ;
    • une baisse des salaires nominaux entraînerait une contraction de la demande qui provoquerait à son tour une baisse de la production. Alors que pour Jean-Baptiste Say l'offre crée sa propre demande[5]. Pour Keynes, une demande effective insuffisante va déterminer une offre qui ne correspondra pas à une situation de plein emploi: « le seul fait qu'il existe une insuffisance de la demande effective peut arrêter et arrête souvent l'augmentation de l'emploi avant qu'il ait atteint son maximum »[6]. De sorte que pour lui le chômage peut être involontaire.

Toutefois, Keynes ne récuse pas totalement la théorie classique[7]. En effet, s'il ne croit ni possible, ni souhaitable une baisse du salaire nominal w, la baisse du salaire réel w/p à la suite d'une montée de l'inflation symbolisée par une hausse de p est pour lui possible[N 1]. Cela conduira le courant de la synthèse néo-classique à utiliser la courbe de Phillips dans le cadre d'arbitrages entre inflation et chômage.

Les composantes de la demande effective[modifier | modifier le code]

En économie fermée[8] la demande effective D est égale à la somme de la consommation (C) et de l'investissement (I).

Consommation et épargne[modifier | modifier le code]
  • La fonction de Consommation (C) :
C : consommation
c : propension marginale à consommer.« La loi psychologique fondamentale, à laquelle nous pouvons faire toute confiance, à la fois a priori en raison de notre connaissance de la nature humaine et a posteriori en raison des enseignements détaillés de l'expérience, c'est qu'en moyenne et la plupart du temps les hommes tendent à accroître leur consommation à mesure que leur revenu croît, mais non d'une quantité aussi grande que l'accroissement du revenu »[9]. Aussi pour Keynes[9] si C est la consommation et Y le revenu alors dC/dY, c'est-à-dire la propension marginale à consommer, est positive et inférieure à un.
Y : revenu
Co : consommation incompressible ou revenu désépargné.
  • La fonction d'Épargne (S) :
S = épargne
I = Investissement
et
donc

Alors que chez les classiques l'épargne dépend du taux d'intérêt (i) chez Keynes, elle dépend du revenu Y. Le lien investissement–épargne a donné lieu à un débat entre John Maynard Keynes et les disciples de Knut Wicksell dont Dennis Robertson[10].

L'investissement[modifier | modifier le code]

Pour Keynes, l'investissement (I) dépend du taux d'intérêt et de l'efficacité marginale du capital qu'il définit comme « le taux d'escompte qui, appliqué à la série d'annuités constituée par les rendements escomptés de ce capital pendant son existence entière, rend la valeur actuelle des annuités égale au prix d'offre de ce capital »[11]. Si l'efficacité marginale est supérieure au taux d'intérêt, l'entreprise investira sinon il vaudra mieux placer l'argent. Aussi plus le taux d'intérêt est faible et plus les entreprises auront tendance à investir.

La propension marginale à consommer et le multiplicateur[modifier | modifier le code]

Le multiplicateur de l'investissement I dans le cas le plus simple (c'est-à-dire en économie fermée) est égal 1/(1-c)

C'est-à-dire que si nous investissons 100  et si c la propension marginale à consommer est de 0,8 alors la demande effective sera augmentée de 100 × 1/(1 − 0,8) = 100 × 5 = 500 

Keynes a repris l'idée de multiplicateur à l'économiste R. F. Kahn[12].

La monnaie[modifier | modifier le code]

Pour Keynes, nous désirons de la monnaie pour trois raisons :

  • motif de transaction « i.e. le besoin de monnaie pour la réalisation courante des échanges personnels et professionnels »[13]. D'où une distinction entre motif de revenu (ménages) et motif d'entreprise (firmes)[réf. nécessaire].
  • motif de précaution « i.e. le désir de sécurité en ce qui concerne, en argent, l'équivalent futur d'une certaine proportion de ses ressources totales »[14]
  • motif de spéculation « i.e. le désir de profiter d'une connaissance meilleure que celle du marché de ce que réserve l'avenir »[13]

La demande de monnaie ( pour Liquidity) pour motif de précaution ou de transaction dépend du revenu Y

avec

La demande de monnaie pour motif de spéculation « dépend principalement de la relation entre le taux d'intérêt courant et l'état de la prévision »[15]

avec pour deux raisons :
  • plus le taux d'intérêt est faible et moins nous avons intérêt à placer l'argent.
  • plus le taux d'intérêt baisse « plus la probabilité que son mouvement se retourne à la hausse augmente, ce qui incite à détenir son épargne sous forme d'encaisses monétaires plutôt que de prendre le risque croissant d'essuyer des moins-values sur les obligations, dont les cours sont en train d'atteindre les sommets... »[16]

Pour Keynes l'offre de monnaie Mo est exogène et dépend de la politique monétaire menée. L'équilibre sur ce marché s'écrit

Le modèle IS-LM[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Modèle IS-LM.
Équilibre IS/LM

Le modèle IS/LM est un modèle économique proposé par John Hicks en 1937[17] et aménagé par Alvin Hansen (d'où son autre nom de modèle Hicks-Hansen), pour transcrire de façon formalisée la Théorie générale de John Maynard Keynes. Il est devenu le « modèle standard » en macroéconomie. Il appartient au courant dit de la « synthèse néo-classique ». En dépit de sa relative simplicité, et malgré les contestations dont il a été l'objet notamment à la fin des années 1970, il reste le plus couramment enseigné.

Ce modèle se compose de deux courbes

  • Une courbe IS représentant tous les couples de valeurs d'équilibre (i, Y) sur le marché des biens et services, (investments and savings, d'où IS),
  • Une courbe LM représentant tous les couples (i, Y) d'équilibre sur le marché de la monnaie (liquidity preference and money supply, d'où LM).

Les deux courbes IS et LM sont réunies sur un même graphe, qui est donc l'interface entre la vision « réelle » et la vision « monétaire » de l'économie. L'intersection des deux courbes représente le point (unique) d'équilibre sur le marché des biens et services et de la monnaie. Il permet de déterminer le taux d'intérêt d'équilibre et le PIB d'équilibre. Mais dans la théorie keynésienne cet équilibre peut s'établir à un niveau inférieur au PIB potentiel de plein emploi de l'économie. Aussi dans ce cas des politiques budgétaires et monétaires seront mises en œuvre afin d'atteindre ce niveau qui correspond d'une certaine manière à l'équilibre général des néo-classiques qui n'est dans ce cas pas atteint automatiquement par le simple jeu des marchés.

La révolution keynésienne et les politiques économiques[modifier | modifier le code]

L'expression de « révolution keynésienne » est due au titre d'un livre de Lawrence Klein paru en 1947. Révolutionnaire, la théorie keynésienne l'est sur bien des aspects par rapport à la théorie classique. Toutefois, deux faits sont particulièrement saillants :

D'une part, dans le domaine de l'économie, pour Michel Beaud et Gilles Dostaler, la révolution keynésienne en masque une autre : la mathématisation des sciences économiques[18].

D'autre part, la mise en œuvre de la théorie keynésienne intervient à un moment où, de façon indépendante, les juristes et les politiques développent, en suivant des voies différentes selon les pays, de nouvelles approches du gouvernement, et plus largement de l'État. De cette rencontre naît ce qu'on appelle le keynésianisme dont le contenu peut différer selon l'approche qu'en ont les gouvernements nationaux[N 2].

Justification générale des politiques économiques conjoncturelles[modifier | modifier le code]

Keynes, nous l'avons vu, récuse la loi de Say, convaincu que le marché laissé à lui-même a peu de chance d'atteindre un optimum économique. Pour Don Patinkin[19], le manque de confiance de Keynes dans le processus d'équilibrage du marché dans un contexte macroéconomique ne date pas de la Théorie générale mais est également présent dans The Economic Consequences of MrChurchill de 1925. Quoi qu'il en soit, dans un tel contexte, le gouvernement doit fournir un ensemble d'incitations au marché à travers des politiques économiques budgétaires et monétaires afin d'arriver au meilleur état possible. Contre Lord Beveridge qui pensait qu'un taux de plein emploi inférieur à 3 % pouvait déclencher des pressions inflationnistes, Keynes fixait ce taux à 4,5 %[20]. Durant la Seconde Guerre mondiale il fut en faveur d'une socialisation des investissements et pour un contrôle assez large de l'activité économique par le gouvernement[21].

Si Keynes va donner un fondement théorique à la politique économique, son œuvre sera approfondie par l'école de la synthèse néo-classique qui doit beaucoup à Harvard et au MIT. Alvin Hansen, professeur à Harvard, plaide dans son livre de 1947 nommé Economic Policy and Full Employment, pour la reconstruction d’une économie de marché dotée de nouvelles institutions incluant une stabilisation des fluctuations économiques par la gestion de la demande globale[22]. Il est en phase avec les termes d’une conférence tenue par Walter Lippmann[N 3]. à Harvard en 1934 et publiée sous le titre de The Method of Freedom. Dans ce texte, dans une démarche qu’il inscrit dans la méthode expérimentale issue de Edmund Burke, Lippmann soutient que le standard de vie des citoyens et le « management » de l’économie constituent une responsabilité collective et pas seulement individuelle[23]. Ces politiques, qui sont souvent qualifiées de keynésiennes, ont été mises en place dans des cadres institutionnels très différents selon les pays : « étatisme libéral au Japon et en Allemagne, tradition sociale-démocrate en Europe du Nord, interventionnisme et colbertisme en France »[24].

Les grands courants du Keynésianisme[modifier | modifier le code]

L'influence de Keynes va principalement se faire sentir à travers les divers courants keynésiens. La Théorie générale contenant deux projets : un projet radical et un projet pragmatique en faveur duquel Keynes aurait arbitré « lorsqu'il prit conscience (en 1933) du degré d'imprégnation de l'orthodoxie classique »[25], les disciples de Keynes peuvent être classés en deux grands groupes selon qu'on considère qu'ils acceptent une partie de l'orthodoxie néoclassique ou qu'ils la récusent. Incontestablement, les néokeynésiens de l’école de la synthèse néo-classique font partie du premier groupe. Ils ont constitué le courant dominant de la révolution keynésienne de 1945 au début des années 1970. Demeura dans le besoin de lutter contre les postkeynésiens de l’université de Cambridge, Angleterre, ce qui donna lieu notamment à la controverse des deux Cambridge.

Les courants keynésiens influencés par l'école néoclassique[modifier | modifier le code]

Si le courant de la synthèse néoclassique a été dominant jusqu'aux années 1970, à la fin des années 1960, il a été contesté par la théorie du déséquilibre, puis par l’école monétariste de Chicago et enfin par la nouvelle macroéconomie classique. Si la nouvelle économie keynésienne a pris la relève, au niveau macro-économique leurs modèles continuent d’être utilisés par les gouvernements et les grandes institutions économiques[26]. Par ailleurs, au niveau universitaire, les principaux livres d’économie publiés aux États-Unis portent encore leur empreinte[27].

La synthèse néo-classique[modifier | modifier le code]

Articles détaillés : Synthèse néo-classique et néokeynésien.

La synthèse néo-classique centrée sur le modèle IS/LM débute avec l’article de 1937 de John Hicks Mr Keynes and the « classics ». L’article de 1944 de Franco Modigliani Liquidity Preference and the Theory of Interest and Money participe également à l'architectonique générale du modèle qui sera popularisé par Alvin Hansen et par Paul Samuelson à travers notamment son manuel intitulé Economics dont la première édition date de 1948. Pour Walter Heller qui présida le Council of Economic Advisers sous l'administration de John Fitzgerald Kennedy la révolution keynésienne a trois sources : John Maynard Keynes, l'américanisation de Keynes par Alvin Hansen et « la « modernité » des années cinquante et soixante »[N 4].

En 1962, le modèle IS-LM s’est ouvert à l’économie internationale avec ce qui est maintenant connu comme le modèle de Mundell-Fleming. Très vite des économistes comme Abba Lerner ont compris le rôle que pouvait jouer les politiques économiques. Se concevant plus selon Gregory Mankiw[28] comme des ingénieurs que comme des scientifiques, ils ont développé des outils à aider les politiques à prendre des décisions. C’est ainsi qu’ils ont contribué à la construction de modèles macroéconomiques destinés à aider les gouvernements à évaluer les impacts des politiques budgétaires, monétaires sur l’inflation et l’emploi. Parmi les économistes qui ont participé à ce mouvement, nous pouvons citer : Jan Tinbergen, James Meade, Robert Mundell, Robert Solow et bien d’autres. Cette façon de penser l'économie plus en ingénieur qu'en scientifique a permis à de nombreux néo-keynésiens comme de nos jours aux nouveaux keynésiens de devenir conseillers des gouvernements et des institutions internationales.

La courbe de Phillips quant à elle, est introduite dans le corpus néo-keynésien à partir de la fin 1959 par Paul Samuelson, Robert Solow et Robet Lipsey. Ils voient dans cette courbe la possibilité d'arbitrer entre l'inflation et le chômage. Initialement ce qui intéressait Phillips c'était surtout d'étudier l'influence du chômage sur le niveau des salaires[29]. Avec ce nouvel outil finit de se diffuser ce que Michel Beaud et Gilles Dostaler appellent un « keynésianisme hydraulique » c'est-à-dire « un keynésianisme simplifié, réduit à une mécanique des quantités globales ou à un hydraulique de flux et entièrement vidé des dimensions essentielles de Keynes : le temps, l'incertitude non probabilisable, les anticipations et donc la prise en compte des phénomènes monétaires... »[30].

Les nouveaux keynésiens[modifier | modifier le code]

Les nouveaux keynésiens vont relever le défi lancé par l'école des anticipations rationnelles et de la nouvelle macroéconomie classique à la théorie de la synthèse néo-classique.

Gregory Mankiw[31] considère la Théorie du déséquilibre comme constituant la première vague de la nouvelle économie keynésienne. La seconde vague représentée par Stanley Fischer a cherché à intégrer les anticipations rationnelles dans un contexte de déséquilibre de marché, tandis que l'objectif de la troisième vague a été de comprendre pourquoi certains marchés sont déséquilibrés.

En règle générale, la nouvelle économie keynésienne comme les néokeynésiens se réfère à la notion d'équilibre général de l'école néoclassique mais elle en relâche l'hypothèse de l'information parfaite. Elle est également critique envers les politiques économiques usuellement prescrite par les néokeynésiens (déficit budgétaire et taux d'intérêts bas)[32] elles ne tiendraient pas assez compte des problèmes structurels liés au fonctionnement des marchés.

Par ailleurs, les nouveaux keynésiens à la différence de la nouvelle économie classique ne croient pas que les marchés s'équilibrent rapidement en suivant la loi de l'offre et de la demande. En effet, pour eux, les salaires et les prix ne sont pas flexibles mais visqueux. C'est-à-dire que cette viscosité des prix et des salaires est liée pour eux à des imperfections de l'information[33].

Alors que pour les nouveaux classiques, « les cycles s'expliquent par des chocs monétaires ou réels imprévisibles »[34], pour la nouvelle économie keynésienne, les récessions sont provoquées par une ou plusieurs grandes défaillances du marché. Ainsi, pour la nouvelle économie keynésienne à la différence de la nouvelle économie classique, certaines interventions économiques du gouvernement sont-elles justifiées[35]. À l'inverse des nouveaux classiques mais comme les monétaristes[35], ils pensent qu'une politique monétaire peut influer à court terme sur l'emploi et la production.

Sont habituellement classés parmi les nouveaux keynésiens : Joseph Stiglitz, George Akerlof, James Mirrlees et Michael Spence, Janet Yellen, Gregory Mankiw Olivier Blanchard[36] le chef économiste du FMI (départ du FMI en octobre 2015), Lawrence Summers[37] etc.

Les post-keynésiens[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Post-keynésianisme.

Si Keynes a profondément bouleversé l'analyse économique, sa pensée reste tributaire de certains axiomes que l'on peut rattacher à l'école néoclassique. Depuis la parution de la Théorie générale, l'originalité de son approche n'a cessé de faire débat. Aussi l'école post-keynésienne se veut-elle la plus fidèle à l'esprit de son œuvre. Le point de savoir si Keynes n'était pas conscient de toute la radicalité de sa pensée, de la fécondité des nouveaux concepts qu'il a forgés, suscite le débat. Toujours est-il que l'on peut soutenir qu'il était resté prisonnier de trois axiomes principaux de l'école classique et néoclassique : la loi des rendements décroissants, l'exogénéité de la monnaie ainsi que l'égalité de l'épargne et de l'investissement.

D'où la facilité avec laquelle les analyses keynésiennes ont pu être récupérées par l'orthodoxie, via le modèle IS-LM qui, de l'aveu même de son principal architecte, John Hicks, souffrait d'un défaut majeur : « C'est relativement simple. Ces deux courbes [IS et LM] n'ont rien à faire ensemble. L'une est un équilibre de flux, l'autre est un équilibre de stocks. Elles n'ont rien à faire sur le même schéma »[38]. On pourrait ajouter : selon certains post-keynésiens, IS n'a pas de sens. En effet, l'égalité de l'épargne et de l'investissement correspondrait à deux instants différents : c'est le désir d'investir ex ante et l'épargne réalisée ex post qui seraient nécessairement égaux[39]. Regrouper les deux sur un même schéma, démarche qui implique un horizon temporel commun, relèverait donc d'une confusion. « De manière comptable, l’épargne est égale à l’investissement, mais cette égalité ne vaut que pour » les grandeurs réalisées (ex post) « et ne signifie pas que n’importe quel niveau d’épargne trouvera un niveau équivalent d’investissement (ex ante) »[40].

Par ailleurs, nombre de post-keynésiens[41] soutiennent que la monnaie est essentiellement endogène. La monnaie serait créée par les banques en vue de satisfaire les besoins de l'économie ; sa quantité ne saurait être fixée par la banque centrale, quoique son intervention ne soit pas dénuée d'influence sur les comportements des agents. C’est le taux directeur de cette dernière qui serait essentiellement exogène. « Les banques créent des crédits et des dépôts, et elles se procurent ensuite les billets de banque émis par la banque centrale et demandés par leurs clients, ainsi que les réserves obligatoires qui sont requises par la loi »[42]. De fait, les post-keynésiens voient dans l'échec des politiques monétaristes menées dans les années 1980 notamment par Paul Volcker, président de la FED, une illustration de la justesse de leurs vues. Ce point est naturellement controversé, tant les néoclassiques pensent être sortis du cadre de la théorie quantitative de la monnaie en menant des stratégies de ciblage d'inflation et de crédibilité[43].

Enfin, notons que les conclusions de Keynes ont pu rejoindre celles des orthodoxes, quoique avec des raisonnements différents, en ce qu'elles se basaient sur une même prémisse : la loi des rendements décroissants. Pour lui, une élévation de l'emploi se traduisant par une moindre productivité des facteurs employés à la production, les salaires réels devaient baisser afin d'assurer l'équilibre de l'économie. Cette baisse ne pouvant s'opérer par une diminution des salaires nominaux pour toutes sortes de raisons, il préconisait de laisser l'inflation grignoter les salaires réels. Sans doute n'est-il pas inutile de préciser que cette « loi » est aujourd'hui contestée, la réalité étant sans doute plus complexe. Aussi, selon Marc Lavoie : « le coût moyen de fabrication et les coûts marginaux d’un établissement sont[-ils] approximativement constants jusqu’au niveau de capacité pratique défini par les ingénieurs ». Or, « les entreprises n’utilisent habituellement que 70 % à 85 % de leur capacité ». En effet, « les entreprises doivent disposer d’un coussin afin de pouvoir répondre aux fluctuations […] de la demande […]. Le fait de disposer d’établissements ou de compartiments d’établissements temporairement inemployés permet de réajuster l’offre à la demande plus facilement »[44]. Il s’ensuit logiquement qu’une hausse de la demande effective n’a pas de raison de se traduire mécaniquement, à court terme, par une élévation du coût des facteurs de production ou par leur moindre productivité.

Les post-keynésiens reprennent pour ainsi dire ce qu'il y a de plus radical chez Keynes à savoir l'incertitude radicale, l'analyse circuitiste, l'endogénéité de la monnaie. Il est possible de distinguer plusieurs écoles dites post-keynésiennes même si la classification est plus ou moins changeante[N 5]:

La perception du keynésianisme selon les pays[modifier | modifier le code]

La signification du keynésianisme varie selon les pays. Elle dépend entre autres des économistes qui en ont été les introducteurs dans le pays et des traditions politiques et économiques des pays.

En France[modifier | modifier le code]

En France, Keynes a été introduit par des hauts fonctionnaires et il est parfois synonyme de colbertisme. C'est ainsi que dans le Monde, Alain Frachon parle de « vrai keynésien » pour le premier ministre de Singapour dont le gouvernement pratique « du colbertisme autoritaire »« l'État dirige le capitalisme »[45]. Keynes n'emploie pas ou peu le terme État, utilisant le terme gouvernement, ce qui n'est pas la même chose.

Aux États-Unis[modifier | modifier le code]

Le keynésianisme est perçu ici de façon plus sociale-libérale où certes le gouvernement peut par des politiques conjoncturelles ou structurelles tant intervenir sur la conjoncture que tenter d'orienter le développement futur du pays mais où les citoyens et les agents ont vis-à-vis de l'administration une plus grande liberté d'action.

Les critiques[modifier | modifier le code]

Critique économique[modifier | modifier le code]

Comme le veut la théorie keynésienne, des avantages économiques sont attribués aux ménages, au détriment des entreprises privées. Utilisée en France entre 1981 et 1984 par François Mitterrand, appelée à l'époque « Programme commun » pour certains, elle a été la cause d'importantes pertes économiques durant plusieurs années jusqu'au tournant de rigueur effectué par la suite. Les mesures keynésiennes, au-delà de leur financement hasardeux, voient apparaître alors un nouveau facteur qui est l'épargne des ménages. En effet les ménages, plutôt que de dépenser l'argent qui leur est attribué, vont épargner en prévision des périodes à venir, l'argent n'est donc pas réinvesti dans l'économie réelle engendrant des pertes et détruisant le système qui se veut sur une consommation forte. Pour d'autres au contraire (Jacques Généreux) l'économie Keynesienne est à l'origine de la période faste des Trente Glorieuses (1945-1975) et est la seule à pouvoir empêcher les graves crises économiques survenues depuis les années 1980, liées à l'application du modèle néolibéral soutenu par l'école de pensée économique néoclassique[réf. nécessaire].

Critiques de l’École autrichienne[modifier | modifier le code]

Article détaillé : École autrichienne d’économie.

Friedrich Hayek critiqua les politiques économiques keynésiennes pour ce qu’il appelait leur approche fondamentalement collectiviste, soutenant que de telles théories encouragent la planification centrale, qui mène au mauvais investissement du capital, ce qui est la cause des cycles économiques (en)[46]. Hayek soutenait également que l’étude faite par Keynes des relations agrégées dans une économie est fallacieuse, puisque les récessions sont dues à des facteurs microéconomiques. Hayek affirmait que ce qui commence comme des ajustements étatiques temporaires devient en général des programmes étatiques permanents et grandissants, qui brident le secteur privé et la société civile.

D’autres économistes de l’École autrichienne ont également attaqué le keynésianisme. Henry Hazlitt critiqua, paragraphe par paragraphe, la Théorie générale de Keynes[47]. Murray Rothbard accuse le keynésianisme d'avoir « ses racines profondément dans la pensée médiévale et mercantiliste »[48].

Les critiques adressées aux néo-keynésiens[modifier | modifier le code]

Gregory Mankiw[49] distingue trois grandes vagues critiques.

  • L’école monétariste de Chicago avec Milton Friedman a insisté sur le fait que la courbe de Phillips ne permettait pas de rendre compte de la « stagflation » (inflation croissante sans réduction du chômage) qui débute à la fin des années soixante. Milton Friedman dont la démarche s'inscrit à l'intérieur du cadre IS/LM mettra en avant la notion de chômage naturel. Les néo-keynésiens préfèreront utiliser un autre concept : le taux de chômage n'accélérant pas l'inflation NAIRU (voir Différence entre le NAIRU et le taux de chômage naturel). Pour Franco Modigliani« le trait distinctif de l'école monétariste et le véritable sujet de désaccord avec les non-monétaristes n'est pas le monétarisme mais plutôt le rôle qu'on devrait probablement assigner aux politiques de stabilisation... le principal message d'ordre pratique de la Théorie générale [est] qu'une économie d'entreprise privée utilisant une monnaie intangible a besoin d'être stabilisée, et dès lors devrait être stabilisée par des politiques monétaires et budgétaires appropriées. Au contraire les monétaristes considèrent qu'il n'y a pas de besoin sérieux de stabiliser l'économie »[50].
  • La seconde attaque est venue de la nouvelle macroéconomie classique représentée notamment par Robert Lucas Jr (« Prix Nobel » d'économie 1995), Thomas Sargent, Robert Wallace etc. Elle repose sur trois grands principes[51] : 1) Les marchés sont en équilibre car les prix y jouent le rôle qui leur est assigné par la théorie walrassienne ; 2) les agents traitent de façon optimale une information imparfaite dont l'acquisition est coûteuse ; 3) les agents font des anticipations rationnelles. Il résulte que contrairement à la courbe de Phillips il n'y a pas d'arbitrage entre inflation et chômage. Pour Gregory Mankiw le point faible de cette théorie, comme celle du cycle réel, que nous allons évoquer, réside dans leur méfiance envers l'économétrie qui les prive du recours à des pratiques proches de l'ingénierie, très appréciées des politiques[52].
  • La troisième attaque fut celle de la théorie des cycles réels popularisée par des économistes tels que Finn E. Kydland (« Prix Nobel » d'économie 2004), Edward C. Prescott (« Prix Nobel » d'économie 2004). Cette approche « considère que les fluctuations sont générées par des chocs au niveau de la productivité, heurtant des économies dans lesquelles les marchés sont continuellement en équilibre »[53]. Kydland et Prescott dans leur article de 1977 Rules Rather than Discretion, the Inconsistency of Optimal Plans ont mis l'accent sur la crédibilité des politiques économiques qui supposent que les dirigeants n'abusent pas d'expédients.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • J.M Keynes, 1936, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, édition utilisée Bibliothèque scientifique Payot, 1990.
  • Olivier Favereau, 1985, « L'incertain dans la révolution keynésienne, l'hypothèse Wittgenstein », Économie et société, mars 1985.
  • Janine Brémond, 1987, Keynes et les keynésiens aujourd'hui, Hatier.
  • (en) Don Patinkin, 1987, « Keynes, John Maynard (1883-1943) » in New Palgrave, tome 3
  • (en) David Colander, « Was Keynes a Keynesian or a Lernerian », Journal of Economic Literature, vol. XXII (décembre 1984)
  • Michel Beaud et Gilles Dostaler, 1993, La pensée économique depuis Keynes, Michel Beaud, Gilles Dostaler, Points économie édition utilisée 1996.
  • Frédéric Poulon, La pensée économique de Keynes, Dunod, 2000 (ISBN 978-2-1000-4202-9), 2e éd. 2004 (ISBN 978-2-1004-8718-9)
  • Gilles Dostaler, 2002, Keynes et la politique, document de travail, université du Québec à Montréal [lire en ligne] [PDF]
  • (en) Joseph Stiglitz, Carl E.Walsh, 2004, Principes d'économie moderne, De Boeck.
  • Gilles Dostaler G., 2005, Keynes et ses combats, de Paris, Albin Michel, 2005; nouvelle édition revue et augmentée, 2009.
  • (en) Gregory Mankiw, 2006, « The Macroeconomist as Scientist and Engineer », Journal of Economics Perspectives, vol. 20, no 4, automne 2006.
  • Pascal Combemale, 2006, Introduction à Keynes, La Découverte.
  • (en) Alan Blinder, 2008, « Keynesian Economics », The Concise Encyclopedia of Economics [lire en ligne]
  • A. Redslob, 2008, Macroéconomie
  • (en) Gregory Mankiw, 2008,« New Keynesian Economics », The Concise Encyclopedia of Economics [lire en ligne]

Articles de vulgarisation

  • Denis Clerc, 2000, « Deux Keynes pour le prix d'une théorie » Alternatives économiques de mars
  • Denis Clerc, 1999, « Nouveaux keynésiens, les chantres du salaire d'efficience », Alternatives économiques, no 168, mars 1999.
  • Denis Clerc, 2007, « Les nouveaux keynésiens », Alternatives économiques, no 31, novembre 2007.
  • Pascal Combemale, « Keynes et les keynésiens », Cahiers français, no 345, juillet-aoüt 2008.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. « alors que la main d'œuvre résiste ordinairement à la baisse des salaires nominaux, il n'est pas dans ses habitudes de réduire son travail à chaque hausse du prix des biens de consommation » citation de Keynes in Combemale, 2006, p. 21
  2. « Ces idées ont pu être reçus, après la guerre, aussi bien par des libéraux et des radicaux anglo-saxons que par des travaillistes britanniques, des sociaux-démocrates et socialistes réformateurs d'Europe, ou encore par des chrétiens démocrates, des réformateurs sociaux, des tenants du développement économique national, héritiers de Colbert, List ou Carey » cité in Beaud et Dostaler, 1996, p. 86.
  3. Pour le professeur Goodwin, « In fact, the essential Keynesian policy message was delivred to a large Harvard audience in the Godkin lectures of May 1934 by Walter Lippmann published as a book entitled The Method of Freedon (1935) » Goodwin C.D. (1995), "The Promise of expertise: Walter Lippmann and policy sciences", Policy Sciences, 28, Kluwer Academic Publishers, Netherlands, p. 336.
  4. Voir livre de Heller Nouvelles Perspectives de la politique économique Paris Calman-Lévy, 1968. Citation extraite de Beaud et Dostaler, 1996, p. 93.
  5. On distingue parfois les fondamentalistes, les sraffiens et les kaleckiens.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Alan Blinder, Keynesian EconomicsLire en ligne.
  2. Keynes, 1936, p. 45
  3. Brémond, 1987, p. 37.
  4. a et b Combemale, 2006, p. 23.
  5. On parle de la loi de Say telle qu'elle était conçue par Keynes, et non telle qu'elle était énoncé par Say.
  6. Keynes, 1936, p. 57.
  7. Voir Combemale, 2006, pp. 20-21
  8. Combemale, 2007, p. 47.
  9. a et b Keynes, 1936, p. 117.
  10. Voir les termes du débat sur l'encyclopédie du CEPA.
  11. Keynes, 1936, p. 153.
  12. Keynes, 1936, p. 133.
  13. a et b Keynes, 1936, p. 184
  14. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte ; aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Keynes, 1936, p.184
  15. Keynes, 1936, p. 211.
  16. Combemale, 2006, p. 35.
  17. Vour l'article de Hicks Mr Keynes and the "Classics": A Suggested Interpretation.
  18. Beaud et Dostaler, 1996, p. 84.
  19. Don Patinkin, 1987, p. 29.
  20. Beaud et Dostaler, 1996, p. 81.
  21. Beaud et Dostaler, 1996, p. 82.
  22. Beaud et Dostaler, 1996, p. 89.
  23. Walter Lippmann W. (1934), The Method of Freedom, George Allen 1 Unwin LTD, London, pp. 7 et 57.
  24. Beaud et Dostaler, 1996, pp. 89-90.
  25. Au sein du « jeu de langage » (au sens de Wittgenstein) que pratiquent les économistes. Voir Favereau, 1985, p. 29.
  26. Mankiw, 2006, p. 42.
  27. Mankiw, 2006, p. 43.
  28. Mankiw, 2006, p. 29.
  29. La courbe de Phillips, par Jean-Marc Daniel - Le Monde, 7 mars 2005.
  30. Beaud et Dostaler, 1996, p. 96.
  31. 2006, p. 35.
  32. Voir Clerc, , 1999, p. 1.
  33. Stiglitz, 2004, p. 314.
  34. Pascal Combemale, 2008, p. 17.
  35. a et b Mankiw, 2008, p. 4.
  36. Clerc, 2007, p. 1.
  37. Clerc, 1999, p. 2.
  38. Klamer, A. (1989), « An Accountant Among Economists: Conversations with Sir John R. Hicks », Journal of Economic Perspectives, 3(4) : 167-80.
  39. voir par exemple Pierre-Bruno Ruffini, Les Théories monétaires, Le Seuil, 1996.
  40. Patrick Villeu, Macroéconomie : consommaton et épargne, La Découverte, 2002, p. 13.
  41. on renvoiera encore aux ouvrages de Marc Lavoie pour une présentation exhaustive.
  42. Marc Lavoie, L'Économie post-keynésienne, La Découverte, 2004, p. 55.
  43. Voir le débat entre Edwin Le Héron et Philippe Moutot, Les Banques centrales doivent-elles être indépendantes ?, Éditions Prométhée, 2008.
  44. Marc Lavoie, L'Économie post-keynésienne, La Découverte, 2004, pp. 41-44.
  45. À Singapour, rencontre avec un vrai keynésien - Alain Frachon, Le Monde, 20 mai 2010.
  46. (en) Friedrich Hayek, The Collected Works of F.A. Hayek, Chicago, University of Chicago Press, (ISBN 9780226320977, LCCN 98055747), p. 202.
  47. (en) Henry Hazlitt, The Failure of the 'New Economics': An Analysis of the Keynesian Fallacies, D. Van Nostrand, (lire en ligne).
  48. Murray Rothbard, Spotlight on Keynesian Economics, Ludwig von Mises Institute (1re éd. 1947) (lire en ligne).
  49. Mankiw, 2006, p. 32.
  50. Modigliani discours présidentiel de 1977 devant l'American Economic Association, cité dans Beaud et Dostaler, 1996, p. 191.
  51. Dostaler 1996, pp. 195-196.
  52. Mankiw, 2006, p. 34.
  53. Beaud et Dostaler, 1966, p. 200.