Union des républiques socialistes soviétiques

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Union des républiques socialistes soviétiques
(ru) Союз Советских Социалистических Республик[N 1]

 – 
(68 ans, 11 mois et 26 jours)

Drapeau
Drapeau de l'URSS.
Blason
Emblème de l'URSS.
Devise en russe : Пролетарии всех стран, соединяйтесь! (« Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »)
Hymne Интернационал (Internatsional, « L'Internationale »), de 1922 à 1944

Государственный Гимн СССР (Guimn Sovietskogo Soïouza, « Hymne d'État de l'Union soviétique »), de 1944 à 1991
Description de cette image, également commentée ci-après
Localisation de l'URSS pendant la Guerre froide
Informations générales
Statut Fédération de républiques soviétiques (1922 – 1991).
État communiste à parti unique (1922 – 1990).
Régime semi-présidentiel (1990 – 1991).
Capitale Moscou
Langue(s) Aucune, russe de facto (de jure après 1990[N 2]).
Religion Athéisme d'État (doctrine officielle du régime communiste).
Monnaie Rouble soviétique
Fuseau horaire UTC +2 à +12
Domaine internet .su
Indicatif téléphonique +7
Démographie
Population (1991) 293 047 571 hab.
Densité (1991) 13,1 hab./km2
Gentilé Soviétique
Superficie
Superficie (1990) 22 402 200 km2
Histoire et événements
Révolution d'octobre.
Traité de Brest-Litovsk.
Proclamation de l'Union soviétique.
Décès de Lénine.
Reconnaissance.
Pacte germano-soviétique.
19411945 Grande Guerre patriotique.
19471991 Guerre froide.
Décès de Staline.
octobre 1962 Crise de Cuba.
19791989 Invasion de l'Afghanistan.
Catastrophe nucléaire de Tchernobyl.
19891990 Chute des régimes communistes d'Europe de l'Est et Réunification allemande.
Dissolution de l'URSS.
Secrétaire général du Parti
19171922 Vladimir Ilitch Lénine
19221953 Joseph Staline
19531964 Nikita Khrouchtchev
19641982 Léonid Brejnev
19821984 Iouri Andropov
19841985 Konstantin Tchernenko
19851991 Mikhaïl Gorbatchev
Chef de l'État
(1er) 19221938 Mikhaïl Kalinine
(Der) 19881991 Mikhaïl Gorbatchev
Chef de gouvernement
(1er) 19221924 Vladimir Ilitch Lénine
(Der) 1991 Ivan Silaïev
Soviet suprême
Chambre haute Soviet des nationalités
Chambre basse Soviet de l'Union

L’Union des républiques socialistes soviétiques[1], par abréviation URSS[N 3] ou en abrégé Union soviétique (en russe : Союз Советских Социалистических Республик, СССР écouter ; transcription : Soïouz Sovietskikh Sotsialistitcheskikh Riespoublik, SSSR ; litt. « Union des républiques socialistes des conseils »), était un État fédéral transcontinental à régime communiste. Cette fédération a existé du jusqu'à sa dissolution le . La fédération de Russie est l'État continuateur de l'Union soviétique.

Plus vaste État du monde, l'URSS occupait un sixième des terres émergées et s'étendait sur onze fuseaux horaires, de la mer Baltique et de la mer Noire à l'océan Pacifique, c'est-à-dire toute la partie nord-est de l'Eurasie. Elle reprenait à peu près le territoire de l'ancien Empire russe (à l'exception notable de la majeure partie de la Pologne et de la Finlande, indépendante depuis la guerre civile russe de 1918 à 1921) et s'était augmentée des gains territoriaux de la période stalinienne en Europe orientale et en Asie de l'Est entre 1939 et 1945.

Le territoire de l'URSS varia donc dans le temps, surtout avant et à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. Le pays était composé, avant sa dissolution, de quinze républiques fédérées, ainsi que d'un certain nombre de républiques et régions autonomes.

La formation de l'URSS fut l'une des conséquences de la révolution russe de 1917. Après la révolution de Février (1917), qui avait mis fin au règne de l'empereur Nicolas II, la révolution d'Octobre qui renversa la République russe le permit la prise du pouvoir par les bolcheviks[N 4], qui étaient fédéralistes. L'un des moteurs de la création de l'URSS fut la volonté de Lénine d'appliquer sa doctrine fédéraliste en transformant la Russie unitaire en une union de républiques formées selon le principe de la répartition ethnique et jouissant d'un certain degré d'autonomie culturelle locale. Sa conception s'opposait initialement à celle du nationalisme soviétique de Joseph Staline, qui voulait créer une seule République socialiste fédérative soviétique de Russie. Toutefois, Staline revint ultérieurement sur ses positions et, dans les années 1925 – 1939, procéda lui-même à la création de plusieurs républiques fédérées (dans le Caucase, en Carélie et en Asie centrale)[2].

L'organisation politique de l'URSS était définie par un parti unique, le Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS) et tout particulièrement, par son bureau exécutif, le Politburo. Tout autre pouvoir (législatif, exécutif ou judiciaire), ainsi que la presse et la société civile dans son ensemble, étaient directement soumis aux oukases de l'appareil du PCUS.

L'Union soviétique se fragmenta dans le courant de l'année 1991 sous l'effet conjugué de plusieurs facteurs, qui avaient été analysés dès 1970 par Andreï Amalrik, citant comme causes un manque de réforme, un manque de légitimité et un système politico-économique dans l'impasse.

Pour enrayer ce processus, un programme de réformes fut engagé en par le secrétaire général du Parti communiste d'Union soviétique puis premier (et dernier) président de l'URSS, Mikhaïl Gorbatchev, sur le double thème de la perestroïka (« restructuration ») et de la glasnost (« transparence »), mais en fait, au lieu d'enrayer le délitement, ce programme eut l'effet d'un catalyseur pour toutes les forces centrifuges, car la majorité des citoyens, et même des dirigeants, ne croyait déjà plus en la capacité de régénération du régime[3].

L'URSS était parfois, dans le langage courant, désignée sous le nom de Russie ou de Russie soviétique. Cette appellation, impropre mais fréquente, l'assimilait à la République socialiste fédérative soviétique de Russie, qui était, de loin, la plus importante des républiques soviétiques, tant du point de vue de sa surface, de sa population, que de sa puissance politique et culturelle (le russe étant la langue de communication de toute l'Union), ainsi que la composante d'origine de la fédération sur le plan chronologique et de la diffusion de la population russe dans toute l'Union. L'ex-RSFS de Russie, devenue fédération de Russie le , est l'état continuateur de l'URSS et a, à ce titre, notamment hérité de son siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies et de ses dettes (qu'elle a fini de payer en 2017)[4].

Appellation[modifier | modifier le code]

Le mot « soviet » est la transcription du mot russe совет, qui signifie « conseil », aussi bien au sens de l'avis donné à quelqu'un que d'une assemblée de personnes.

Un certain nombre d’organisations dans l’histoire russe ont été dénommées « Conseil » (Совет), comme, dans l’Empire russe, le Conseil d’État, qui fonctionna de 1810 à 1917 et qui devint le Conseil des ministres après la révolution russe de 1905.

Pendant l’« affaire géorgienne », Lénine appelle les États-nations issus de la dislocation de la République russe à rejoindre la nouvelle Russie soviétique pour former une union plus grande, qu’il envisage d’appeler Union des Républiques soviétiques d’Europe et d’Asie (en russe : Союз Советских Республик Европы и Азии, Soïouz Sovietskikh Riespoublik Evropy i Azii). Staline pour sa part proposa le nom d’Union des républiques socialistes soviétiques en 1922, mais il ne fut officiellement adopté qu’en 1924, sous cette forme, bien que jusqu'en 1936 la dénomination des diverses composantes fût celle de « soviétique socialiste » (et non « socialiste soviétique »). Dans les langues nationales de plusieurs républiques, le mot local signifiant « des conseils » fut ultérieurement abandonné au profit du mot « soviet » russe (signe *).

Les noms de l'Union soviétique sont donc les suivants dans les langues de ses quinze républiques constitutives :

  1. Russe : Союз Советских Социалистических Республик, Soyouz Sovetskikh Sotsialisticheskikh Respublik ;
  2. Ukrainien : Союз Радянських Соціалістичних Республік, Soyouz Radyans'kykh Socialistychnykh Respublik ;
  3. Biélorusse : Саюз Савецкіх Сацыялістычных Рэспублік, Sajuz Savieckich Sacyjalistyčnych Respublik *;
  4. Estonien : Nõukogude Sotsialistlike Vabariikide Liit ;
  5. Letton : Padomju Sociālistisko Republiku Savienība ;
  6. Lituanien : Tarybų Socialistinių Respublikų Sąjunga ;
  7. Moldave : Униуня Републичилор советиче Сочиалисте, Uniunea Republicilor Sovietice Socialiste * ;
  8. Arménien : Խորհրդային Սոցիալիստական Հանրապետությունների Միություն, Xorhrdayin Soc̕ialistakan Hanrapetowt̕yownneri Miowt̕yown ;
  9. Géorgien : სოციალისტური რესპუბლიკების კავშირი, Sabch'ota sotsialist'uri resp'ublik'ebis k'avshiri *;
  10. Azéri : Совет Сосиалист Республикалары Иттифагы, Sovet Sosialist Respublikaları İttifaqı *;
  11. Turkmène : Совет Социалистик Республикалары Союзы, Sovet Sosialistik Respublikalary Soýuzy *;
  12. Ouzbek : Совет Социалистик Республикалари Иттифоқи, Sovet Sotsialistik Respublikalari Ittifoqi *;
  13. Tadjik : Иттиҳоди Ҷумҳуриҳои Шӯравии Сосиалистӣ, Ittihodi Chumhurihoi Shūravii Sosialistī *;
  14. Kazakh : Кеңестік Социалистік Республикалар Одағы, Keńestik Sotsıalıstik Respublıkalar Odaǵy ;
  15. Kirghiz : Советтик Социалисттик Республикалар Союзу, Sovettik Socialisttik Respublikalar Soyuzu *.

En raison de la longueur de son nom, l'État est couramment appelé « Union soviétique » Советски Союз, Sovietski Soyouz ou « URSS » СССР, SSSR. Dans les médias occidentaux, il est également appelé de manière informelle « Russie » (et ses citoyens « Russes ») bien que ce soit un abus de langage, puisque la Russie n'en était que l'une des républiques constitutives, et les Russes l'une des « nationalités » reconnues en URSS.

Géographie[modifier | modifier le code]

Durant son existence, l'URSS était le pays le plus étendu du monde (22 402 200 km2). C'était également l'un des pays les plus variés, avec plus de cent « nationalités » (ethnies) recensées sur son territoire, une soixantaine de langues et cinq religions. La population totale était estimée à 288 millions en 1990 (dite peuple soviétique). Aujourd'hui la Russie — ayant succédé à l'URSS — demeure toujours le pays le plus étendu du monde et reste un pays très divers, administrant des centaines de minorités, y compris musulmanes telles que les Tatars, et bien d'autres ethnies non russes. Elle a conservé, à une seule exception près[N 5], les frontières de jure de la République socialiste fédérative soviétique de Russie telles qu'elles étaient en 1945. Toutefois, des territoires contrôlés de facto s'y sont ajoutés depuis 1991[N 6].

Division territoriale[modifier | modifier le code]

Division territoriale entre 1922 et 1941[modifier | modifier le code]

Entre 1917 et 1940, plusieurs républiques soviétiques se sont constituées, certaines avant la fondation de jure de l'URSS, d'autre après sa fondation.

Carte de l'Union soviétique en 1922 (la RSFS de Russie est indiquée en rouge).
Carte de l'Union soviétique en 1937.
Républiques socialistes soviétiques
République soviétique Date de création État indépendant actuel
Flag of the Armenian Soviet Socialist Republic (1940-1952).svg République socialiste soviétique d'Arménie Drapeau de l'Arménie Arménie
Flag of the Azerbaijan Soviet Socialist Republic (1940-1952).svg République socialiste soviétique d'Azerbaïdjan Drapeau de l'Azerbaïdjan Azerbaïdjan
Flag of the Byelorussian Soviet Socialist Republic (1937-1951).svg République socialiste soviétique de Biélorussie Drapeau de la Biélorussie Biélorussie
Bukhara 08.png République soviétique socialiste de Boukhara (dissoute le ) Drapeau de l'Ouzbékistan Ouzbékistan
Drapeau du Tadjikistan Tadjikistan
Drapeau du Turkménistan Turkménistan
Flag of the Karelo-Finnish SSR (1940-1953).svg République socialiste soviétique carélo-finnoise Drapeau de la Russie Russie
Flag of the Estonian Soviet Socialist Republic (1940-1953).svg République socialiste soviétique d'Estonie Drapeau de l'Estonie Estonie
Flag of the Georgian Soviet Socialist Republic (1937–1951).svg République socialiste soviétique de Géorgie Drapeau de la Géorgie Géorgie
Flag of the Kazakh Soviet Socialist Republic (1940-1953).svg République socialiste soviétique kazakhe Drapeau du Kazakhstan Kazakhstan
Flag of Khiva 1923-1924.svg République soviétique socialiste du Khorezm (dissoute le ) Drapeau du Kazakhstan Kazakhstan
Drapeau de l'Ouzbékistan Ouzbékistan
Drapeau du Turkménistan Turkménistan
Flag of the Kirghiz Soviet Socialist Republic (1940-1952).svg République socialiste soviétique kirghize Drapeau du Kirghizistan Kirghizistan
Flag of the Latvian Soviet Socialist Republic (1940-1953).svg République socialiste soviétique de Lettonie Drapeau de la Lettonie Lettonie
Flag of the Lithuanian Soviet Socialist Republic (1940-1953).svg République socialiste soviétique de Lituanie Drapeau de la Lituanie Lituanie
Flag of the Moldavian Soviet Socialist Republic (1941-1952).svg République socialiste soviétique moldave Drapeau de la Moldavie Moldavie
Flag of the Uzbek Soviet Socialist Republic (1937-1941).svg République socialiste soviétique d'Ouzbékistan Drapeau de l'Ouzbékistan Ouzbékistan
Flag of the Russian Soviet Federative Socialist Republic (1937–1954).svg République socialiste fédérative soviétique de Russie Drapeau de la Russie Russie
Flag of the Tajik Soviet Socialist Republic (1940–1953).svg République socialiste soviétique du Tadjikistan Drapeau du Tadjikistan Tadjikistan
Flag of the Transcaucasian SFSR.svg République socialiste fédérative soviétique de Transcaucasie (dissoute le ) Drapeau de l'Arménie Arménie
Drapeau de l'Azerbaïdjan Azerbaïdjan
Drapeau de la Géorgie Géorgie
Flag of the Turkmen Soviet Socialist Republic (1940–1953).svg République socialiste soviétique du Turkménistan Drapeau du Turkménistan Turkménistan
Flag of the Ukrainian Soviet Socialist Republic (1937-1949).svg République socialiste soviétique d'Ukraine Drapeau de l'Ukraine Ukraine

Division territoriale entre 1941 et 1954[modifier | modifier le code]

Entre 1941 et 1954, le territoire de l'Union soviétique varie entre pertes, dues aux conquêtes allemandes, et gains.

Division territoriale entre 1954 et 1991[modifier | modifier le code]

Entre 1954 et 1991, l'Union soviétique était composée de quinze républiques socialistes soviétiques (RSS) :

Les quinze républiques fédérées soviétiques.
Républiques socialistes soviétiques
République soviétique Date de création État indépendant actuel
1 Flag of Armenian SSR.svg République socialiste soviétique d'Arménie Drapeau de l'Arménie Arménie
2 Flag of the Azerbaijan Soviet Socialist Republic.svg République socialiste soviétique d'Azerbaïdjan Drapeau de l'Azerbaïdjan Azerbaïdjan
3 Flag of Byelorussian SSR.svg République socialiste soviétique de Biélorussie Drapeau de la Biélorussie Biélorussie
4 Flag of the Estonian Soviet Socialist Republic.svg République socialiste soviétique d'Estonie Drapeau de l'Estonie Estonie
5 Flag of Georgian SSR.svg République socialiste soviétique de Géorgie Drapeau de la Géorgie Géorgie
6 Flag of the Kazakh SSR.svg République socialiste soviétique kazakhe Drapeau du Kazakhstan Kazakhstan
7 Flag of Kyrgyz SSR.svg République socialiste soviétique kirghize Drapeau du Kirghizistan Kirghizistan
8 Flag of Latvian SSR.svg République socialiste soviétique de Lettonie Drapeau de la Lettonie Lettonie
9 Flag of Lithuanian SSR.svg République socialiste soviétique de Lituanie Drapeau de la Lituanie Lituanie
10 Flag of Moldavian SSR.svg République socialiste soviétique moldave Drapeau de la Moldavie Moldavie
11 Flag of the Russian SFSR.svg République socialiste fédérative soviétique de Russie Drapeau de la Russie Russie
12 Flag of Tajik SSR.svg République socialiste soviétique du Tadjikistan Drapeau du Tadjikistan Tadjikistan
13 Flag of the Turkmen SSR.svg République socialiste soviétique du Turkménistan Drapeau du Turkménistan Turkménistan
14 Flag of Ukrainian SSR.svg République socialiste soviétique d'Ukraine Drapeau de l'Ukraine Ukraine
15 Flag of the Uzbek SSR.svg République socialiste soviétique d'Ouzbékistan Drapeau de l'Ouzbékistan Ouzbékistan

Chaque république fédérée était, à son tour, divisée en régions (oblast), à l'exception des RSS de Lettonie, de Lituanie, d'Estonie, de Moldavie et d'Arménie qui avaient une structure unitaire. La RSFS de Russie disposait, en plus, de « pays » (kraï) qui étaient divisés en régions autonomes, ainsi que d'arrondissements autonomes faisant partie des oblasts et de kraïs. Certaines républiques fédérées (Russie, Géorgie, Azerbaïdjan, Ouzbékistan et Tadjikistan) avaient aussi dans leur structure des républiques autonomes, à certains degrés d'autogouvernance.

Évolution de la population[modifier | modifier le code]

Expansion-Russie-et-URSS.png

Selon les chiffres officiels[réf. souhaitée].

  • 1913 : 159 000 000 (Empire russe)
  • 1928 : 150 000 000
  • 1940 : 194 000 000
  • 1950 : 180 000 000
  • 1960 : 214 000 000
  • 1970 : 242 000 000
  • 1979 : 264 000 000
  • 1989 : 286 000 000
  • 1991 : 293 047 571

Histoire[modifier | modifier le code]

Origines de l'Union soviétique : révolution russe et guerre civile (1917-1921)[modifier | modifier le code]

Discours de Lénine.
Localisation de l'URSS en 1922.

Prémices[modifier | modifier le code]

Dès le XIXe siècle, la Russie tsariste connaît une agitation révolutionnaire qui s'aggrave après une révolution réprimée en 1905 et la défaite russe lors de la guerre russo-japonaise. Le mécontentement populaire culmine début 1917 à la suite des pénuries causées par la Première Guerre mondiale et aboutit à la chute du gouvernement impérial et à l'abdication de Nicolas II en mars 1917 lors de la révolution de Février.

Le nouveau gouvernement de coalition démocrate prolonge l'engagement russe dans la guerre et peine à engager des réformes, entravé par des différends internes. Aussi à l'été 1917, un vaste soulèvement paysan spontané procède de lui-même au partage des terres, tandis que le gouvernement Kerenski perd ses appuis dans la population et la classe ouvrière, et que les forces de réaction, autour du général Kornilov, tentent vainement un coup d'État (« affaire Kornilov »). L'État perd progressivement son autorité sur le pays et l'armée se décompose.

Révolution de 1917[modifier | modifier le code]

Le Parti bolchevique, parti révolutionnaire marxiste mené par Lénine, devient progressivement majoritaire dans les conseils politiques ouvriers et paysans dits « Soviets ». Le 25 octobre (selon l'ancien calendrier julien) ou le 7 novembre 1917, il renverse le gouvernement provisoire lors d'une révolution dite « révolution d'Octobre ». Le slogan de la révolution qui emporte l'adhésion des masses populaires est simple et percutant : « Usines aux ouvriers, terres aux paysans, paix aux peuples ! », ce qui signifie nationalisations et armistice.

Ainsi, la jeune république bolchevique décide de se sortir de la Première Guerre mondiale en concluant une paix séparée avec l'Empire allemand. Un armistice signé en décembre 1917 aboutit au traité de Brest-Litovsk en mars 1918 qui consacre, en pratique, la défaite de la Russie qui cède au vainqueur la majeure partie de l'Ukraine, la Biélorussie, les pays baltes et la Pologne — la majorité des territoires cédés est en fait récupérée plus tard, après la défaite allemande de novembre 1918, sauf les pays baltes et la Pologne. La Russie y perd 3,6 % de son territoire et 26 % de sa population. Elle perd aussi 32 % de sa production agricole, 23 % de sa production industrielle et 75 % de ses réserves de charbon.

Par ailleurs, la propriété privée industrielle est supprimée, les usines et les banques nationalisées. À la place, une propriété d'État est instaurée sur la quasi-totalité des moyens de production, sauf agricoles. Le marché libre disparaît et l'État acquiert le monopole du commerce intérieur et extérieur. Cette tendance au capitalisme d'État est néanmoins critiquée par des communistes comme Nikolaï Ossinski.

Lénine annule également les engagements russes sur les emprunts obligataires qui — dans le but d’industrialiser le pays, développer les voies ferrées et financer la guerre — avaient été contractés par le gouvernement tsariste.

La délégation soviétique, avec Léon Trotski, est accueillie par des officiers allemands à Brest-Litovsk, photo de presse, 8 janvier 1918.

La jeune RSFS de Russie créée par la Constitution de 1918 fonctionne selon un principe fédéral, dont le principe de gouvernance est le centralisme démocratique. Le pouvoir législatif est théoriquement exercé par le « congrès panrusse des Soviets », lequel mandate le « Comité exécutif central panrusse », tant en matière législative qu'exécutive. Il appartient ainsi au Comité exécutif de contrôler le « Conseil des commissaires du peuple », lequel, avec Lénine à sa tête, a la charge de gouverner la RSFS de Russie. Cette apparence de démocratie ne survit pas à une analyse plus poussée : noyauté et contrôlé totalement par les bolcheviks, le congrès des Soviets, son Comité exécutif et donc le Conseil des commissaires du peuple, sont aux mains de Lénine et de ses camarades, et en particulier du Politburo du PCUS.

Ensuite, le pouvoir d'État devient bien plus strict en raison de la guerre civile, combinée à l'intervention ouverte des États occidentaux, qui fait rage jusqu'en 1921.

« Communisme de guerre » (1918-1921)[modifier | modifier le code]

Pour faire face aux problèmes posés par la guerre civile russe et l'offensive militaire de pays étrangers (Allemagne, Angleterre, France, Japon, États-Unis), et afin d'assurer l'approvisionnement des villes et de l'armée, Lénine décrète le « communisme de guerre », dont les mesures essentielles sont :

  • interdiction de l'entreprise privée ;
  • nationalisation des industries et du commerce ;
  • production planifiée de manière centralisée par le gouvernement ;
  • rationnement et centralisation de la distribution de nourriture ;
  • réquisition de la production agricole au-delà du minimum vital pour les paysans ;
  • stricte discipline pour les travailleurs (les grévistes peuvent être fusillés) ;
  • travail obligatoire des paysans.

Les éléments fondateurs du régime, sous l'appellation de « dictature du prolétariat »[N 7], se mettent aussi en place à cette époque :

  • création de l'Armée rouge le  : ses soldats sont recrutés d'abord sur la base du volontariat, puis par conscription ;
  • dissolution dès sa première séance de l'Assemblée constituante élue au suffrage universel (janvier 1918) ; les bolcheviks, majoritaires dans les villes, y sont minoritaires (25 % des voix) en raison du vote des campagnes en faveur du Parti socialiste révolutionnaire (60 % des voix)[5] ;
  • la censure de la presse et de la radio, qui tombent dans les mains du parti ;
  • la IIIe Internationale (ou Komintern) est créée en à Moscou, officiellement pour être l'instrument de la « révolution mondiale » ; les partis communistes étrangers doivent se soumettre aux vingt-et-une conditions d'adhésion, écrites en  ; les révolutions de 1919 en Allemagne et en Hongrie, ainsi que les grèves dans la plupart des pays européens font un temps penser aux Soviétiques que la Révolution devient mondiale ; mais l'écrasement des spartakistes en Allemagne et celui du régime hongrois de Béla Kun mettent fin à ces espoirs ;
  • mise en place, dès décembre 1917, d'une police politique, la Tchéka, et de tribunaux d'exception, chargés d'arrêter et de juger les « ennemis du régime »[N 8] tels les socialistes révolutionnaires, les anarchistes, les mencheviks, les socialistes-révolutionnaires de gauche, les sionistes, les bundistes, les pacifistes, les démocrates, les libéraux du Parti constitutionnel démocratique, et, bien sûr, les « Blancs » (partisans de la monarchie) ;
  • progressivement, le Parti bolchevik devient le parti unique.

Grâce au « communisme de guerre », Lénine et le Parti bolchevik parviennent à se maintenir au pouvoir. Ils sortent vainqueurs de la guerre civile, et le danger d'une restauration monarchique est écarté dès 1919-1920 à la suite de la défaite des « armées blanches ». Mais ils doivent ensuite faire face à l'armée anarchiste de Makhno (Makhnovchtchina) qui tient le sud de l'Ukraine, et se confronter en 1921-1922 aux « armées vertes » créées par les paysans en révolte à la fois contre les Blancs et les bolcheviks.

Le , l'Armée rouge réprime dans le sang la révolte de Kronstadt, dont les marins avaient exigé le retour au « pouvoir des soviets » et la fin du monopole bolchevique.

Sur le plan territorial, la Russie bolchevique perd les pays baltes, la Finlande et la Pologne, devenus indépendants, et doit concéder un important recul de ses frontières après sa défaite dans la guerre russo-polonaise. Mais elle conserve l'Ukraine après des luttes confuses, et entre 1920 et 1922, elle envahit la Géorgie, l'Arménie et l'Asie centrale, réintégrées de force dans l'ancien Empire russe.

La guerre civile, l'embargo total décrété par les puissances occidentales sur la Russie soviétique et la politique d’expropriation de biens des paysans afin de nourrir les soldats de l'Armée rouge conduisent à une grande famine provoquant la mort de millions de Russes, surtout le long de la Volga en 1922.

Naissance d'un État fédéral (1922-1923)[modifier | modifier le code]

Drapeau de l'URSS de 1922 à 1955.

Création[modifier | modifier le code]

L'Union des républiques socialistes soviétiques naquit le , date de la signature du traité d'union (en) (à la suite d'une déclaration préalable) entre la RSFS de Russie, la RSFS de Transcaucasie, la RSS d'Ukraine et la RSS de Biélorussie. Ce traité est ratifié le 30 décembre 1922 par le premier congrès des Soviets d'URSS.

Cette nouvelle entité n'est pas aussi grande que celle de la guerre froide, elle a ainsi perdu de nombreux territoires, tels que l'ouest de l'Ukraine actuelle, les pays baltes ou bien la Carélie à la suite des guerres qui l'ont secouée. C'est néanmoins le plus grand état du monde et il devra attendre avant d'être reconnu internationalement.

PDRS1918
Premier drapeau de la Russie soviétique, en 1918.

Une constitution fut rédigée en 1923 ; l'union regroupa plusieurs républiques fédérées dont les frontières furent constituées selon une répartition démographique correspondant à un peuple dans sa définition soviétique. L'URSS fut donc un État fédéral dans lequel chaque république fut égale en droits. Dans les faits, le PCUS (et au début le RSDRP) et la Tchéka surveillent étroitement ces républiques dont les premiers secrétaires du Parti furent désignés par Moscou.

Soviets à partir de 1917[modifier | modifier le code]

Le PCUS devint rapidement le seul parti du pays. Le pays fut théoriquement gouverné par des « Soviets » élus démocratiquement au niveau régional et local. Néanmoins, en pratique, chaque niveau de gouvernement était dirigé par la branche correspondante du Parti.

Union soviétique de l'entre-deux-guerres[modifier | modifier le code]

NEP (de 1921 à 1929)[modifier | modifier le code]

Après la guerre civile (1921), le pays se trouve dans une situation humanitaire et économique désastreuse. La famine sévit (cinq millions de morts), notamment sur la Volga, et les paysans se soulèvent sporadiquement contre les réquisitions. Ce mécontentement prend une ampleur inquiétante en mars 1921 avec la révolte de Kronstadt, ville pionnière de la révolution, abritant l'amirauté et les forces navales de la mer Baltique défendant Saint-Pétersbourg. Conscient que la répression, aussi dure soit-elle, ne suffit pas à enrayer le mouvement, Lénine décida alors d'assouplir la politique du régime, et met en œuvre la « Nouvelle politique économique » (NEP), libéralisation économique donnant droit à une propriété privée limitée, notamment aux agriculteurs. Les réquisitions sont ainsi remplacées par un impôt en nature peu élevé.

Pour expliquer le passage à la NEP, Lénine déclare que « nous ne sommes pas assez civilisés pour pouvoir passer directement au socialisme, encore que nous en ayons les prémices politiques »[6], se référant au fait que la Russie était encore une société essentiellement agraire avec une base industrielle encore faible et ne correspondait donc pas aux critères permettant le socialisme tel que défini par Karl Marx. La NEP devait également rassurer les pays occidentaux capitalistes.

La NEP atteint les résultats escomptés en permettant à l'économie de se relever des conséquences désastreuses de la guerre. La famine rampante disparaît virtuellement et la classe paysanne s'enrichit. Les paysans aisés sont appelés koulaks ; dans les agglomérations, les nepmen constituent une bourgeoisie riche.

Bien que présentée comme une mesure provisoire, la NEP fut extrêmement critiquée par une frange importante du Parti bolchevique. De nombreux membres voyaient la NEP comme une trahison aux principes socialistes et voulaient un retour au plus vite à une économie intégralement planifiée. Il semble qu'à sa mort Lénine considérait que la NEP devrait être maintenue, tout du moins n'a-t-il jamais fixé, ni même évoqué, la date de son arrêt. Ainsi, à l'approche de sa succession, les oppositions au sein du Politburo se cristallisèrent autour de la NEP.

Succession de Lénine (1922-1929)[modifier | modifier le code]

Maladie de Lénine et prise en main du Parti par Staline[modifier | modifier le code]

Dès 1922, la santé de Lénine décline à la suite d'attaques cérébrales, conséquences d'un attentat dont il fut victime en 1918. La lutte pour sa succession aboutira à l'accession au pouvoir suprême de Joseph Staline, ayant appartenu au premier cercle d'adhérents au Parti (entrée en 1904), bien que Lénine ne l'appréciait plus beaucoup, déclarant même dans son testament (janvier 1923) qu'il fallait démettre de ses fonctions cet homme « trop brutal, et ce défaut, pleinement supportable dans les relations entre nous, communistes, devient intolérable dans la fonction de secrétaire général ».

L'ascension de Staline débute avec sa nomination au poste-tremplin de secrétaire général du Parti le , fonction conciliatrice obtenue grâce à son effacement (peu de prises de position), ses relations de longue date, son dévouement, et sa loyauté à l'appareil du Parti. Face à lui, il rencontre rapidement l'opposition de Léon Trotski, fondateur de l'Armée rouge, ayant acquis dès 1902 l'estime de Lénine, mais aussi adhérent tardif au Parti bolchevique (1917) ayant été proche des mencheviks. Alors que Trotski n'avait parfois pas hésité à s'opposer à Lénine sur certains points dans le cadre des congrès du parti, Staline se présente comme un loyal serviteur du grand révolutionnaire ne l'ayant jamais contredit.

Pour évincer Trotski du gouvernement, Staline s'associe dès 1923, du vivant de Lénine, à Lev Kamenev, ayant lui aussi adhéré en 1905, et à Grigori Zinoviev, haut dirigeant du Komintern, ami intime de Lénine depuis 1905 convaincu d'être son légitime successeur et ayant lui aussi proposé un temps l'alliance avec les mencheviks.

Décès de Lénine et ascension de Staline[modifier | modifier le code]

En 1926, deux ans après la mort de Lénine, Zinoviev et Kamenev décident de rompre avec Staline pour se rapprocher de Trotski avec lequel ils partagent une doctrine commune : exportation de la révolution d'essence mondiale et abandon de la NEP. Cette troïka des purs forme l'Opposition de gauche à Staline, qui réagit tactiquement en se rapprochant — sans conviction profonde — de l'opposition de droite favorable à la NEP et à une réalisation du socialisme d'abord sur le sol russe puis à l'extérieur (Nikolaï Boukharine, Alexeï Rykov et Mikhaïl Tomski).

Il s'appuie sur cette aile droite pour exclure du Parti en 1927 ses trois grands opposants de l'aile gauche. Le 17 novembre 1928, une fois assuré que les partisans de l'Opposition de gauche ont été réduits au silence (par l'exclusion, la force, l'emprisonnement, l'exil), il se retourne contre Boukharine, Rykov, et Tomski qu'il exclut du Politburo et démet de leurs fonctions respectives de président du Komintern, chef du gouvernement, et dirigeant du Profintern.

Staline, dirigeant de l'Union soviétique (1929-1936)[modifier | modifier le code]

Staline, seul maître à bord, n'hésite pas dès lors à adopter la mesure phare prônée par l'ancienne opposition de gauche devenue impuissante : l'abandon de la NEP. Cette réorientation s'accompagne d'une relégitimation de façade. Ainsi, en 1928, Kamenev est rétabli, il en va de même pour Zinoviev en 1929, mais Trotski, toujours populaire, est expulsé la même année. Kamenev et Zinoviev furent finalement jugés et exécutés le , Boukharine et Rykov en mars 1938, et Trotski assassiné le 21 août 1940 dans son exil au Mexique.

Après avoir réussi à éliminer politiquement, puis physiquement, toute opposition au sein du parti, Staline devint le dirigeant suprême de l'Union soviétique de 1927 à sa mort, en mars 1953. Du point de vue politique, ce fut une période de dictature totalitaire, bien que ce qualificatif de « totalitaire » eût pu être contesté, par exemple par l'historien Eric Hobsbawm dans son étude du « court vingtième siècle »[7].

Collectivisation et planification économique (à partir de 1929)[modifier | modifier le code]

Planification de l'économie[modifier | modifier le code]

Il s'agissait de prévoir les activités économiques selon des plans quinquennaux et qui fixaient les objectifs obligatoires de production. Ces plans quinquennaux donnaient la priorité aux industries lourdes en laissant de côté les industries de consommation. En URSS, il y eut au total dix plans quinquennaux allant du Ier Plan (1928-1932) jusqu'au Xe Plan (1976-1980).

Il s'agit d'un plan typique de l'Union soviétique, mais certains plans ressemblent à celui-ci comme le Commissariat général du Plan (en France) ou même le « Grand Bond en avant » (mis en place par la République populaire de Chine).

Abandon de la NEP[modifier | modifier le code]

Staline ne forgea pas immédiatement sa doctrine au sujet de la NEP. Sans doute est-il exact de dire que ses changements d'opinion tenaient plus de la tactique politique que de la doctrine, ce qui lui permit de se débarrasser des uns et des autres. La « richesse » des nepmen et des koulaks l'amena à les considérer comme une nouvelle classe capitaliste rendue responsable de l'augmentation du chômage et de l'inflation.

Staline finit par se forger une doctrine qui excluait l'économie de marché tout en se concentrant sur le développement économique et industriel du pays. Ce qui conduit à l'autarcie par rapport à l'économie capitaliste externe et au recours massif au travail extensif (stakhanovisme) et même gratuit (des prisonniers dans les camps correctionnels de travail) pour réaliser les investissements colossaux qui sont nécessaires (plans quinquennaux).

Collectivisation des campagnes et la « dékoulakisation »[modifier | modifier le code]

En 1929, Staline décide de supprimer la propriété privée dans les campagnes : le bétail, les outils, les terres doivent être mis en commun. Les moyens de production agricoles sont regroupés dans les kolkhozes ou dans des sovkhozes.

Cette collectivisation forcée provoque des résistances : plutôt que donner leurs troupeaux, les paysans les abattent pour les consommer immédiatement. Face à ces émeutes, Staline accorde à chaque kolkhozien un lopin de terre.

Les koulaks doivent être éliminés en tant que classe. Entre 1929 et 1935, plus de deux millions de paysans sont déportés et plusieurs millions meurent de faim, surtout en Ukraine et dans le sud de la Russie (voir : Holodomor). Leurs biens sont confisqués. Cette famine organisée, lors de laquelle les récoltes mais aussi tout produit alimentaire étaient volés aux paysans, est considérée par de nombreux pays dans le monde, dont le Canada, comme un génocide ou comme un ethnocide. Le système du passeport intérieur, destiné à contrôler les déplacements et qui n'était pas accordé aux paysans, a été mis en place en Ukraine avant 1929. Après 1935, le premier recensement en Ukraine a montré une baisse démographique si importante qu'aucun recensement n'a plus été mené pendant 30 ans.

Industrialisation de l'URSS[modifier | modifier le code]

Guenrikh Iagoda sur le chantier du canal Moscou-Volga.

La Russie du début du XXe siècle était une puissance économique nouvelle et en essor, mais encore très rurale et agricole. Staline voulait développer l'industrie lourde et faire de l'URSS une puissance économique majeure : lire Histoire de l'URSS sous Staline#Planification et industrialisation.

Les moyens utilisés sont ceux d'une économie planifiée et centralisée et d'une organisation politique totalitaire :

Selon certaines estimations, 127 000 travailleurs payèrent de leur vie la mise en place du premier plan quinquennal (de 1928 à 1932). Par ailleurs, l'allocation prioritaire des ressources à l'industrie, les exportations forcées de céréales pour financer des importations de biens d'équipement, combinées à la diminution de la productivité agricole provoquèrent de nouvelles famines : la famine de 1931-1933 cause près de six millions de morts. Le plan quinquennal fut cependant bouclé officiellement en quatre ans. De 1928 à 1932, la production de charbon avait doublé, celle de l'acier avait triplé.

Bilan de la politique économique en 1939[modifier | modifier le code]

En dix ans, l'URSS a accompli un bond remarquable du point de vue industrialisation au détriment de la production de biens de consommation et au prix d'une forte baisse du niveau de vie de la population. À la suite du second plan quinquennal, la production d'acier a grimpé à 18 millions de tonnes, celle de charbon à 128 millions de tonnes. Avant son interruption par la guerre, le troisième plan avait permis d'atteindre 18 millions de tonnes d'acier et 150 millions de tonnes de charbon. Les structures de production de masse étaient ainsi bel et bien établies, le complexe militaro-industriel allait être durement mis à l'épreuve par l'invasion allemande.

Grandes Purges : mécanismes de la terreur de masse (1936-1940)[modifier | modifier le code]

La pire répression jamais connue par un pays en temps de paix, les « Grandes Purges » (appelées aussi la « Grande Terreur ») aboutissent entre 1936 et 1939 à l’exécution de 680 000 personnes et à la déportation de centaines de milliers d’autres. En , Staline autorise personnellement le recours à la torture dans les prisons, et ne l’interdit à nouveau que fin 1938.

Le pays traverse donc une intense période de terreur, de délation et de suspicion généralisée, qui met bien des nerfs à rude épreuve (la pression subie en conduit plus d’un au suicide), et qui brise les solidarités amicales, familiales et professionnelles. Après le premier procès de Moscou en , c’est l’année qui marque le vrai lancement de la « Grande Terreur », dont elle deviendra synonyme.

À court terme, Staline veut fournir à la population des boucs émissaires (souvent même des communistes) aux difficultés du quotidien, en rejetant tout le mal sur une pléthore de « saboteurs ». Au-delà, il renforce son pouvoir absolu en liquidant la vieille garde bolchevique, qui sait son faible rôle dans la révolution, et en brisant les réseaux clientélistes et les fiefs personnels que se sont taillés les ministres, les membres du Politburo, ou bien, à tous les échelons, les responsables locaux du Parti et les directeurs du Goulag qui, de ce fait, se trouvent abondamment pourvus de main d'œuvre à bas coût. Quand le « clan des voleurs de poules » est épuisé, on fixe des quotas que les autorités locales sont chargées de fournir aux camps de travail. Les cadres compétents et les techniciens, qui osent souvent contredire ses objectifs politiques irréalistes, sont aussi particulièrement visés[8]. Enfin, Staline entend éliminer radicalement tous les éléments socialement suspects, et tous les mécontents suscités par sa politique. Alors que les tensions diplomatiques s’accumulent en Europe depuis l’avènement d'Adolf Hitler, et que le déclenchement de la guerre d'Espagne en fait craindre un conflit général, il s’agit d’éliminer tout ce qui pourrait constituer une « cinquième colonne de l’ennemi » en cas d'invasion[réf. nécessaire].

Pour lancer et développer cette terreur de masse, Staline bénéficie du soutien indispensable de ses fidèles, mais aussi du zèle indéniable de nombreux responsables locaux, de bien des policiers et bureaucrates enthousiastes, ou de bien des simples citoyens délateurs.

En 1939, à l’arrêt des « Grandes Purges », Staline a éliminé les dernières sphères d’autonomie dans le Parti et la société, conforté par les élections du [9] et imposé définitivement son « culte » et son pouvoir absolu. Il a, ce faisant, désorganisé gravement le pays et décimé les cadres supérieurs de l'armée, alors même que la guerre approche.

Dictature de Staline (1929-1953) et son culte de la personnalité[modifier | modifier le code]

Staline mit en place un système totalitaire sur lequel il régnait en despote absolu et reposant sur deux piliers : la propagande, mettant en œuvre un véritable culte de la personnalité et la répression, s'appuyant notamment sur le NKVD, police politique toute puissante.

Si les estimations des victimes entre 1921 et 1954 varient beaucoup, celui de 20 millions de morts a été avancé[10]. Parmi les personnes condamnées pour des crimes contre-révolutionnaires, 600 000 furent condamnés à mort, 2,4 millions emprisonnés ou envoyés dans des camps de travail du Goulag, et 800 000 condamnés à l'expatriation. Le haut encadrement de l'Armée rouge ne fut pas plus épargné (« affaire Toukhatchevsky ») et subit une épuration qui devait affaiblir l'URSS au début de la Seconde Guerre mondiale.

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Pacte germano-soviétique (1939)[modifier | modifier le code]

Tirant des accords de Munich la conclusion que les puissances de l’Ouest, France et Grande-Bretagne, veulent laisser à Hitler les mains libres à l’est, Staline conclut, le 23 août 1939, le Pacte germano-soviétique avec l’Allemagne nazie. Il s’agissait d’un « pacte de non-agression » qui contenait une annexe secrète attribuant l’est de la Pologne, la Lettonie, l’Estonie, l'est de la Roumanie et la Finlande à l’Union soviétique, tandis que l’ouest de la Pologne et de la Roumanie ainsi que la Lituanie étaient attribués au Troisième Reich.

La Wehrmacht envahit la Pologne le « événement déclencheur de la Seconde Guerre mondiale, l’Union soviétique le 17 ».

L’Allemagne ayant rejeté les prétentions territoriales de l’URSS, celle-ci tente d’envahir la Finlande le 30 novembre : c’est le début de la guerre d’Hiver. La campagne fut difficile, mais par une paix signée à Moscou le 12 mars 1940, l’URSS obtenait l'annexion de la Carélie, lui permettant d’éloigner la frontière de Léningrad.

À la suite du déclenchement de la guerre, l’URSS avait été expulsée de la SDN le 14 décembre 1939. Un avenant au pacte cède alors également la Lituanie à l'URSS. Au printemps 1940, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie et l’Est de la Roumanie, qui n’ont pas de forces militaires ni d’unité civile pour résister à la pression de Staline, sont annexés par un jeu de manipulations politiques, et quatre nouvelles républiques soviétiques sont créées (celles d'Estonie, Lettonie, Lituanie et Moldavie) tandis que la Biélorussie et l’Ukraine sont agrandies vers l’Ouest des territoires pris à la Pologne.

« Grande Guerre patriotique » (1941-1945)[modifier | modifier le code]

L'expression de « Grande Guerre patriotique » désigne la seconde partie de la Seconde Guerre mondiale en Europe, où l'URSS répond à l'attaque allemande du 22 juin 1941 (« opération Barbarossa »), tandis que les pays que l'URSS avait agressés (Finlande et Roumanie, jusque-là aidés par les Alliés) se retrouvent du côté de l'Axe. Par contre, elle ne désigne pas la guerre soviéto-japonaise déclarée le 8 août 1945 pour laquelle le traité de paix n'est toujours pas signé entre la Russie et le Japon, puisque le contentieux relatif aux îles Kouriles bloque la signature d'un tel accord.

Opération Barbarossa (1941)[modifier | modifier le code]

Le 22 juin 1941, l'Allemagne rompit le « pacte de non-agression » et attaqua l'Union soviétique, Staline ayant refusé de réagir aux mises en garde de ses agents et de Churchill qui était renseigné grâce au décryptage du code de la machine Enigma qui chiffrait les communications militaires allemandes[11].

L'invasion nazie prit l'URSS dans un état de totale impréparation. D'abord débordée et surprise par le choc de l'attaque allemande du 22 juin 1941, l'Armée rouge perd hommes, matériels, et laisse la Wehrmacht occuper d'immenses territoires en quelques mois (Pays baltes, Biélorussie, Ukraine). Pour beaucoup la guerre semble gagnée par l'Allemagne au début de l'automne 1941. Certains historiens estiment que les Grandes Purges des années 1936-1938, au cours desquelles 40 000 officiers auraient été emprisonnés ou liquidés, ne sont pas étrangères aux premières difficultés de l'Armée rouge. Les troupes du Reich atteignirent les environs de Moscou en décembre 1941, mais avaient atteint leur extension maximale, des troupes devant aller consolider le flanc sud de l'attaque.

Pourtant plusieurs facteurs vont stopper net l'offensive allemande et permettre la première contre-offensive soviétique :

  • D'abord, et malgré les apparences, l'attaque allemande coûte cher à la Wehrmacht : début décembre, elle a déjà perdu autant d'hommes que lors de toutes les campagnes précédentes. De plus, son matériel (chars, etc.) n'est pas remplacé facilement de sorte qu'au fur et à mesure ses meilleures divisions s'affaiblissent : son équipement n'est pas adapté à la guerre en Russie, ses camions s'enlisent dans la boue dès octobre, ses moteurs sont sensibles au froid, les hommes ne sont pas habillés pour affronter l'hiver, etc.
  • Un autre élément majeur : l'apparition du char T-34, inconnu jusque-là des Allemands, constitue un adversaire redoutable : son puissant canon de 76 mm (en) perce tous les blindages des panzers, ce qui n'était pas le cas des chars français (à l'exception des trop rares Renault B1 bis) ou anglais (le Matilda permettra de gagner la campagne d'Afrique du Nord, mais sera jugé trop faible pour être débarqué en Italie et en France). De plus, ses larges chenilles lui évitent de s'embourber dans la boue ou la neige.
Civils massacrés par l'armée allemande en Biélorussie, 1943.
  • Par ailleurs, de nombreuses divisions stationnées en Sibérie face à la Mandchourie occupée par les Japonais sont rapatriées fin 1941 pour protéger Moscou. Le Japon n'entrera pas en guerre.
  • Enfin, le traitement que les nazis réservent aux prisonniers soviétiques et aux Slaves en général considérés comme des « sous-hommes » (Untermenschen) et privés du respect de la Convention de Genève galvanise les populations contre l'occupant. Dès septembre 1941, des groupes de partisans apparaissent et l'Armée rouge se reprend très rapidement malgré les premiers mois éprouvants : les soldats et les civils se battant jusqu'au bout (même sans ravitaillement ni munition) plutôt que se rendre.

En décembre 1941, les Allemands sont incapables de prendre Moscou et subissent une contre-offensive, Moscou est alors sauvée.

Certains historiens estiment même que le vrai tournant de la guerre à l'est date de décembre 1941. Cependant, l'armée allemande reste relativement forte et l'Armée rouge n'a pas encore déployé toute sa puissance industrielle. L'enjeu pour Hitler va être alors de terminer au plus vite la guerre à l'est, avant que l'Armée rouge ne puisse définitivement inverser le rapport de force (et que la puissante Amérique, en guerre depuis le , ne vienne en aide matériellement à l'URSS). C'est l'enjeu de la campagne de 1942 avec deux objectifs : conquérir le Caucase et rejoindre Rommel, à la tête de l'Afrika Korps, au Moyen-Orient ; repousser les Soviétiques au-delà de la Volga et prendre Moscou à revers. Les premiers mois de l'offensive semblent favorables au Führer. Pourtant, le plan aboutit à une situation stratégiquement mauvaise pour les Allemands : ils divisent leurs forces en deux groupes (un groupe pour le Caucase et un pour Stalingrad sur la Volga) et, de fait, créent deux groupes militaires incapables, à terme, de remporter leurs objectifs.

Bataille de Stalingrad (1942-1943)[modifier | modifier le code]

Pendant que le groupe d'armées A s'enlise dans le Caucase, la VIe armée allemande est stoppée à Stalingrad où s'engage une terrible bataille de rues dans une ville en ruine. Les Allemands sont alors encerclés dans la ville par une contre-attaque soviétique fin 1942 qui balaie les troupes alpines italiennes, la quasi-totalité des troupes roumaines engagées et la moitié des troupes hongroises. Un long siège commence pour cette armée qui, coupée du reste de la Wehrmacht, s'effondre peu à peu affamée, frigorifiée, soumise à une pression de plus en plus forte des Soviétiques. Le 30 janvier 1943, le maréchal Paulus se rend, marquant le début d'une contre-offensive soviétique : l'Armée rouge remportait la victoire après avoir perdu un million d'hommes. L'URSS reprit ensuite progressivement l'initiative (à l'exception de la bataille de Koursk en juillet 1943), et commença à regagner du terrain.

Impact et suites de la guerre (1943-1945)[modifier | modifier le code]
Graphique représentant les pertes militaires en Europe selon le front de combat, à droite les pertes sur le front de l'Est.

L'URSS supporta l'essentiel de l'effort de guerre sur le théâtre d'opérations européen contre les Allemands et leurs alliés roumains, italiens, finlandais, hongrois, croates, slovaques, français vichystes (LVF, division Charlemagne), espagnols (Division Bleue), russes antistaliniens (division Vlassov, 1re armée russe)... et ce, jusqu'à ce que les Alliés ouvrissent un second front en Europe (deux ans après la demande de Staline) avec le débarquement en Sicile en 1943.

À la fin de la guerre, on estime qu'environ 20 millions et demi de Soviétiques y avaient perdu la vie, parmi lesquels 12 millions de civils, mais pas nécessairement au front : ce chiffre comprend les nombreux prisonniers de l'opération Barbarossa qui périrent soit dans les camps allemands de malnutrition et maladie, soit au camp du Goulag après leur délivrance (car la reddition étant interdite au soldat soviétique, ils étaient considérés comme coupables de haute trahison)[12]. S'ajoutent à cela des destructions matérielles importantes, ayant provoqué une diminution de 25 % du PIB.

L'aide des Alliés par Mourmansk dans le cadre du prêt-bail et l'industrialisation à marche forcée contribua à la victoire finale de l'URSS sur le IIIe Reich. Quoique l'Union soviétique eût reçu des fournitures en armes et matériel des États-Unis[13] et de l'Empire britannique, sa production de matériel de guerre était plus importante que celle de l'Allemagne du fait de l'importante augmentation de la production industrielle entre les deux guerres. Durant l'invasion allemande, de nombreuses industries ont été transférées à l'est de l'Oural, ainsi que 10 millions de travailleurs civils. En plus de l'aide matérielle anglo-américaine, notons que des Français (escadrille Normandie-Niémen), Roumains (division Vladimlirescu ou « Horia-Cloșca-Crișan ») ainsi que des Polonais (armée LWP ou Ludowe Wojsko), entre autres, combattaient du côté soviétique.

En avril 1945, l'Armée rouge pénètre dans Berlin ; le 30 avril, Hitler se suicide ; le 2 mai, le drapeau rouge flotte sur le Reichstag et la capitulation sans condition est signée le 8 mai 1945 (avec le décalage horaire, le jour de la victoire est célébré le en URSS). Le 8 août 1945, conformément aux accords de Yalta, l'URSS déclare la guerre à l'empire du Japon et réalise l'invasion de la Mandchourie.

Plusieurs millions d'Estoniens, Lettons, Lituaniens, Polonais, Roumains, Ukrainiens occidentaux, Géorgiens, Tchétchènes et autres minorités ethniques furent déportés dans les camps de Sibérie, ou dans des zones reculées pour limiter leurs contacts avec l'Ouest.

Pendant et après la guerre, les négociations entre les Alliés aboutirent à la mise en place de deux zones d'influence, suivant les accords de Yalta et de Potsdam.

L'Union soviétique mit en place des régimes dits de « démocraties populaires » dans les pays d'Europe centrale et orientale (y compris dans la partie de l'Allemagne sous son contrôle), dans lesquels elle implanta des gouvernements qui lui étaient dévoués. La ligne frontière séparant cet ensemble de pays de l'Europe occidentale alliés aux États-Unis fut nommée « rideau de fer », qui constitue un des éléments à l'origine de la guerre froide.

Après-guerre et guerre froide (1945-1989)[modifier | modifier le code]

Fin de la période stalinienne (1945-1953)[modifier | modifier le code]

Depuis 1945 et quasiment jusqu'à sa dislocation, l'Union soviétique est opposée aux États-Unis dans la « guerre froide », chacun des protagonistes essayant d'augmenter sa sphère d'influence au détriment de l'autre, et souvent des pays concernés.

L'URSS avait réuni, dans tout l'Est de l'Europe, un ensemble de pays satellites (République socialiste tchécoslovaque, République démocratique allemande, République populaire de Hongrie, République populaire de Pologne, République populaire de Roumanie, République populaire de Bulgarie, République populaire d'Albanie). Ces pays étaient regroupés au sein du pacte de Varsovie à partir de 1955. Les États-Unis avaient formé, avec l'Europe de l’Ouest et le Canada, l'OTAN en 1949.

Dès 1943, Staline fonde l'Institut Kourtchatov de recherches nucléaires, suivi de la création entre 1945 et 1948 du complexe nucléaire Maïak, puis de la création en 1946 de l'Institut panrusse de recherche scientifique en physique expérimentale. L'essor de l'industrie nucléaire soviétique permet ainsi à l'URSS de faire son premier essai nucléaire en 1949.

Hors d'Europe, l'Union soviétique et les États-Unis s'opposaient, souvent par « mouvements de libération » interposés, dans diverses parties du monde, notamment en Amérique du Sud et en Afrique.

Succession de Staline (1953-1964)[modifier | modifier le code]

Les époux Khrouchtchev en visite d'État à la Maison-Blanche, chez le président Eisenhower, 1959.

Après la mort de Staline en mars 1953, Nikita Khrouchtchev devint premier secrétaire du Comité central du Parti tandis que Gueorgui Malenkov devient Premier ministre. Lavrenti Beria, le chef du NKVD, qui pouvait prétendre à la succession fut arrêté en et exécuté peu de temps après, en . La nouvelle direction du pays déclara une amnistie pour certaines catégories de prisonniers et relâcha quelque peu le carcan qui enserrait les libertés publiques. Khrouchtchev consolida peu à peu son pouvoir personnel et pendant le XXe congrès du Parti communiste, il prononça, le , un discours sur « le culte de la personnalité et ses conséquences » au cours duquel il dénonça le culte de la personnalité entretenu par Staline ainsi que la dictature qu'il avait fait subir à l'URSS et les crimes de cette période. L'impact de ce discours fut immense et détruisit la légitimité des staliniens qui lui étaient encore opposés. S'ensuivirent de nouvelles mesures de démocratisation de la vie publique, la libération de dissidents, et la mise en place d'une économie plus favorable aux biens de consommation par rapport aux plans quinquennaux précédents.

La même année, les troupes soviétiques réprimèrent dans le sang la révolution hongroise : de 25 000 à 50 000 Hongrois et 7 000 soldats de l'Armée soviétique perdirent la vie, tandis que près de 250 000 Hongrois quittaient le pays. Cet événement fut, pour la part de l'opinion occidentale favorable à l'Union soviétique, un premier choc sérieux.

Khrouchtchev dut encore se défendre en contre les menées de staliniens. Ainsi, la vieille garde stalinienne, constituée de Lazare Kaganovitch, Viatcheslav Molotov, Gueorgui Malenkov et Dmitri Chepilov, tente de démettre de ses fonctions Nikita Khrouchtchev. Avec l'aide du « héros de la Grande Guerre patriotique » et ministre de la Défense Gueorgui Joukov, Khrouchtchev parvient à déjouer leur plan en les présentant comme un « groupe antiparti ». Ils seront tous quatre mis au ban de l'URSS, mais, signe des temps, ils ne seront pas éliminés à la suite de procès aux preuves fabriquées, comme il était de mise du temps de Staline. Khrouchtchev devint enfin Premier ministre le . Il s'agit là d'un grand tournant dans l'histoire de l'Union soviétique.

La période de dix ans qui suivit confirma cette nouvelle tendance : le pouvoir politique avait pris le pas sur la coercition pure et simple, le parti reprenant le rôle premier par rapport à la police secrète et à l'armée. Au cours de cette période, également, l'URSS confirma sa place de superpuissance et défiait les États-Unis, souvent sur leur propre terrain. Cuba, pays soutenu par l'URSS, devint le centre de cette opposition lors de la « crise des missiles de Cuba » en .

En 1957, les Soviétiques envoyèrent dans l'espace le premier satellite artificiel, Spoutnik et le premier être vivant en orbite terrestre, la chienne Laïka. En 1961, Youri Gagarine fut le premier homme dans l'espace, et en 1963, Valentina Terechkova la première femme. C'est également durant son mandat que, le , explosa la plus puissante arme jamais développée par l'être humain, la tsar Bomba. Sans doute partiellement à cause de l'affaire des missiles et d'une politique trop défavorable à la nomenklatura, Khrouchtchev fut déposé lors d'une réunion du Comité central du Parti le .

Stagnation politico-économique et politique brejnévienne (1964-1985)[modifier | modifier le code]

À la suite de la chute de Khrouchtchev en 1964, Léonid Brejnev devient premier secrétaire du Parti, Alexis Kossyguine Premier ministre et Anastase Mikoyan chef de l’État, rapidement remplacé par Nikolaï Podgorny (on parle alors de troïka pour désigner ces trois personnages détenteurs du pouvoir d'État ; mais Brejnev ne tardera pas à concentrer l'essentiel de la réalité du pouvoir pour lui-même).

Sous Brejnev, le régime soviétique se durcit à nouveau. Le KGB (la police politique), dirigé par Iouri Andropov, retrouve une grande partie du pouvoir dont elle avait joui sous Staline. Cependant, Andropov n'imitera pas les excès répressifs de cette époque.

Une des crises les plus graves de l'époque de Brejnev fut celle du Printemps de Prague en 1968, lorsque les tentatives de la Tchécoslovaquie de construire un « socialisme à visage humain » sont finalement réprimées par les forces du pacte de Varsovie, sans toutefois tomber dans les excès de la répression de la révolution hongroise. Au niveau économique, le niveau de vie de la population commença à descendre et le manque de productivité dans de nombreux secteurs dont l'agriculture se fit sentir. L'URSS dut entre autres, pour faire face à la faiblesse de la production d'aliments, acheter des millions de tonnes de céréales en Occident en général et aux États-Unis en particulier[14]. Sur le plan international, l'ère Brejnev fut marquée par un certain relâchement de la tension avec les États-Unis, avec notamment la signature de traités de limitation des armes nucléaires (accords sur la démilitarisation de l'espace en 1967, traités SALT I en 1972, SALT II en 1979) et la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe.

En , Brejnev intervint en Afghanistan pour soutenir le régime communiste en place. Cet événement mit un coup de frein à la détente, provoquant un embargo par les États-Unis, la fourniture d’armements aux moudjahidines et le boycott des Jeux olympiques d'été de 1980 à Moscou. En , Brejnev fit une crise cardiaque qui le diminua considérablement. À partir de ce moment, il ne remplit que partiellement ses fonctions jusqu'à sa mort en novembre de la même année. Deux chefs d'État en mauvaise santé se succédèrent entre et  : Iouri Andropov et Konstantin Tchernenko. Chacun continua d'appliquer la ligne politique de Brejnev, malgré de réels efforts d'Andropov pour combattre le népotisme que son prédécesseur avait organisé ou laissé s'organiser. Toutefois en politique extérieure, les deux successeurs de Brejnev marquèrent quelques points. Au Liban, Andropov mit en échec les États-Unis qui occupaient le pays du cèdre depuis . De ce fait une aide massive de l'URSS à la Syrie à partir de , entraîna la multiplication des attentats, contre les marines américains et obligea le président Reagan à faire retirer ses marines du Liban en . Puis sous Tchernenko, l'URSS rendit aux États-Unis la monnaie de leur pièce à leur offense sportive. Ce fut l'annonce en d'une non-participation soviétique aux Jeux olympiques de Los Angeles, faisant ainsi pendant au boycott des JO de Moscou par les États-Unis. À cette initiative soviétique s'ajoutèrent des « contre-jeux » à l'été 1984 dans une dizaine de capitales de pays socialistes qui s'associaient au boycott. Cependant ils subirent un échec retentissant avec l'installation des Pershing en Europe occidentale en et durent faire face devant la communauté internationale deux mois plus tôt à l'annonce de la destruction par l'un de leurs chasseurs, d'un Boeing sud-coréen — comprenant 269 passagers et membres d'équipage — qui avait fait mystérieusement intrusion pendant plusieurs heures au-dessus de l'espace aérien de l'URSS. Après Iouri Andropov (-) et Konstantin Tchernenko (février 1984-mars 1985), Mikhaïl Gorbatchev, un jeune et énergique dirigeant de 54 ans, devint premier secrétaire du Parti.

Dernières années de l'URSS (1985-1991)[modifier | modifier le code]

Perestroïka et glasnost : Mikhaïl Gorbatchev et le déclin de l'Union (1985-1991)[modifier | modifier le code]

Mikhaïl Gorbatchev et Ronald Reagan signent un accord de désarmement en 1987.

Constatant la déliquescence du pays et de son économie, Gorbatchev tenta tout d'abord de sortir son pays de l'impasse que devenait la guerre froide. En effet, Ronald Reagan avait lancé un réarmement massif des États-Unis en orientant sa recherche et ses investissements vers des types d'armement à très haute valeur technologique, entraînant ainsi l'URSS, sous peine d'obsolescence, dans une course rapide qu'elle ne pouvait que perdre vu son retard technologique et son économie en grave crise.

Gorbatchev entama donc une série d'initiatives qui aboutirent à une détente certaine et à la signature d'accords de désarmement. Gorbatchev obtint le prix Nobel de la paix pour ces efforts en 1990. Cette politique aboutit à la chute du mur de Berlin en 1989.

Se débarrasser de cette contrainte externe n'était cependant pas suffisant, et sans abandonner le dogme central du « socialisme », Gorbatchev lança la glasnost (« publicité des débats », politique d'informations libres) et la perestroïka (« restructuration », nouvelle politique économique et sociale), avec trois principaux objectifs :

  • Changer l’économie en adoptant la propriété privée ;
  • Démocratiser le système politique en favorisant le pluralisme politique ;
  • Limiter l’armement qui revient trop cher au budget.

Alors que tous les prisonniers politiques détenus par le gouvernement sont libérés, la glasnost est également marquée par le retour de la liberté d’expression : on voit des humoristes caricaturer Gorbatchev. Il cherche par là une voie intermédiaire entre les « traditionalistes » attachés au régime (la nomenklatura) et les « réformistes », tels Boris Eltsine qui lui reprochent la lenteur des réformes. Pourtant il était trop tard, et Gorbatchev ne réussit pas à corriger les failles qui minaient l’État depuis des décennies. Les problèmes économiques furent mal résolus. La privatisation des grandes entreprises se fit au bénéfice des privilégiés de la nomenklatura et l’inflation se développa : la perestroïka fut un échec.

Le , Gorbatchev créa une nouvelle assemblée législative : le congrès des députés du peuple dont les deux tiers étaient des membres élus au suffrage universel, à bulletin secret, sur candidatures multiples. Les premières élections législatives révélèrent l’échec des candidats de Gorbatchev et l’émergence des réformateurs et des nationalistes. Son gouvernement apparut trop modéré pour des réformateurs, partisans d’une économie libérale, et trop réformateur pour ceux qui souhaitaient un retour au communisme.

Dislocation de l'URSS (1991)[modifier | modifier le code]

Chars soviétiques T-80 sur la place Rouge durant le putsch de Moscou en 1991.

En juin 1990, Boris Eltsine, président du Soviet suprême de la RSFS de Russie, déclara la souveraineté de la Russie et démissionna du Parti. En août 1991, un putsch mené par des membres du gouvernement opposés aux réformes montra à quel point la position de Gorbatchev s'était fragilisée. Le complot échoua en partie grâce à l'intervention de Eltsine, qui confirma de ce fait sa position de chef de file des réformistes. La date du putsch ne fut pas choisie au hasard, car c'est le 20 août que Gorbatchev devait signer un traité instaurant une nouvelle Union, appelée Union des républiques souveraines soviétiques (puis Union des républiques souveraines), réduisant notamment le rôle du KGB et de l’État centralisé, qui avaient tout à y perdre, au profit des républiques[15].

Au cours de l'automne 1991, tandis que les républiques constituantes de l'URSS proclamaient, l'une après l'autre, leur indépendance sans que Gorbatchev n'eût la possibilité de s'y opposer par la force, le gouvernement russe prit peu à peu l'ascendant, reprenant les fonctions auparavant assurées par l'Union. Ainsi, Gorbatchev tout en étant président de l'Union soviétique perdait rapidement prise. On disait à l'époque que l'Union soviétique se limitait aux murs du Kremlin.

En novembre 1991, le président russe Eltsine publia un décret qui interdisait les activités du Parti communiste de l'Union soviétique sur le territoire de la fédération de Russie. Le , lors des accords de Minsk, les chefs de la Russie, de l'Ukraine et de la Biélorussie publièrent une déclaration selon laquelle l'Union soviétique était dissoute et remplacée par la Communauté des États indépendants (CEI), une organisation sans entité juridique forte, qui ne fonctionna pas réellement, malgré un renouveau récent avec de nouvelles organisations partenaires telles que l'OTSC ou la Communauté économique eurasiatique (Eurasec).

Gorbatchev était encore président, mais sans pays, son pouvoir ne signifiait plus rien. Le , Gorbatchev remit sa démission en tant que président de l'Union soviétique. Le jour suivant, l'Union soviétique était officiellement dissoute. La fédération de Russie, elle-même état fédéral, allait désormais la remplacer, aux côtés de quatorze autres républiques indépendantes, mais d'une importance moindre. La Russie hérita du siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies dont jouissait l'URSS.

Les causes de la chute[modifier | modifier le code]

Dès 1970, Andreï Amalrik théorisa les causes de la chute future du régime, à travers un ouvrage publié clandestinement et faisant référence au fameux 1984[16] : C'est d'abord la conséquence du système politique. Le régime n'est pas efficace suite à son aspect centralisateur et bureaucratique. La « déstalinisation » est interrompue et les résistances de la « bureaucratie » face à toute tentative d'évoluer vers un « socialisme à visage humain » (au point de tenter un coup d'État contre le président Mikhaïl Gorbatchev qui voulait réformer le régime). Stéphane Courtois rajouta aussi comme cause (dans Sortir du communisme, changer d'époque) la gérontocratie et l'instabilité politique inédite avec, en l'espace de cinq ans, quatre secrétaires généraux. Le régime voulait censurer toute liberté et association d'où naissance d'une société civile « dissidente » ou plus simplement indifférente au régime et à ses buts, hors de la tutelle du Parti, ayant mené à l'émergence des forces démocratiques et centrifuges au sein de l'Union, et à des mouvements nationalistes ou religieux clandestins.

Les autres causes sont aussi principalement économiques. Le système est considéré comme faible avec une planification quinquennale, dominée par l'industrie lourde et le complexe militaire, à satisfaire les besoins de la population (incapacité dite « stagnation » dans le discours officiel) d'où naissance d'une économie informelle, hors de la tutelle de l'État et de ses structures, ayant mené à la constitution de réseaux oligarchiques et mafieux clandestins. L'URSS est affaiblie par l'épuisante et coûteuse course aux armements pendant la guerre froide l'opposant aux États-Unis. La crise se renforce avec l'effondrement dans les années 1980 du prix du pétrole sur le marché mondial (contre-choc pétrolier), qui força l'URSS à puiser dans ses réserves d'or et de devises jusqu'à l'épuisement[17].

Monde postsoviétique (depuis 1991)[modifier | modifier le code]

Certaines anciennes républiques soviétiques, très affaiblies, avaient prévu de reformer une union. Sur l'initiative de l'Ukraine ou du Kazakhstan, des projets sont nés entre 1994 et 1995 pour recréer l'union[18]. En 1994, le président kazakh Nazarbayev propose la création d'une Union eurasiatique, mais le projet reste au point mort[19] jusqu'au milieu des années 2010. L'Union économique eurasiatique voit finalement le jour le 1er janvier 2015[20].

En 2018, 66 % des Russes se déclarent nostalgiques de l'Union soviétique[21].

Principales entités postsoviétiques[modifier | modifier le code]

Communauté des États indépendants (1991)[modifier | modifier le code]

La Communauté des États indépendants (CEI), créée en décembre 1991, est une entité intergouvernementale composée de dix anciennes républiques soviétiques. Conformément à ses instruments constitutifs, les accords de Minsk et d'Alma-Ata, la CEI est dépourvue de personnalité juridique internationale. Pour cette raison, la communauté des anciennes républiques soviétiques n'est pas une organisation internationale. Ses membres sont les suivants : l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Moldavie, l'Ouzbékistan, la Russie, le Tadjikistan et le Turkménistan qui dispose du statut d'état associé. La Géorgie quitta la communauté à la suite des événements en Ossétie du Sud de 2008. L'Ukraine met fin à sa participation à la CEI en 2018.

Réformes de la CEI (début des années 2000)[modifier | modifier le code]

Au début des années 2000, les réformes de la CEI contribuent à créer l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) et la Communauté économique eurasiatique (Eurasec).

Union eurasiatique (2015)[modifier | modifier le code]

L'Union eurasiatique (ou Union eurasienne) est une organisation supranationale fondée sur le modèle de l'Union européenne et du traité de Maastricht de 1992. Elle est effective depuis le . Englobant une union douanière et économique, elle intègre (en 2020) la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, l'Arménie, le Kirghizistan et pourrait s'étendre au Tadjikistan. Proche du projet de l'Union des républiques souveraines imaginé par Gorbatchev en 1991, bon nombre d'observateurs, en particulier les États-Unis, mettent en garde la Russie face à une refondation de l'Union soviétique sous une nouvelle forme[23].

Union de l'État fédéral de la Russie et de la Biélorussie (1996)[modifier | modifier le code]

L'Union de la Russie et de la Biélorussie est une union politico-économique de type confédéral entre les deux pays slaves (Russie et Biélorussie). La Serbie, l'Abkhazie, et l'Ossétie du Sud y ont un rôle d'observateur. C'est une des unions postsoviétiques les plus avancées.

États partiellement reconnus ou non reconnus[modifier | modifier le code]

Si la Fédération de Russie est le continuateur de l'Union soviétique et que l'indépendance des 14 autres anciennes républiques socialistes soviétiques a été reconnue internationalement, certains États issus de l'ancienne Union soviétique n'ont pas été reconnus par la communauté internationale (ou seulement partiellement). Il s'agit de : l'Abkhazie, la République populaire de Donetsk, le Haut-Karabagh, la République populaire de Lougansk, l'Ossétie du Sud-Alanie et la Transnistrie.

Système politique[modifier | modifier le code]

Le Kremlin de Moscou, l'ancienne résidence officielle du gouvernement de l'Union soviétique.
Schéma simplifié de l'organisation politique de l'URSS à partir de 1946 (constitution de 1936).

L'URSS fut officiellement un État fédéral, basé sur le « centralisme démocratique » regroupant quinze républiques soviétiques. Le système politique, très hiérarchisé, reposait en droit sur le « Conseil des ministres » (Soviet ministrov), censé détenir le pouvoir exécutif, et le Parlement (« Soviet suprême », Verkhovny Soviet) censé détenir le pouvoir législatif.

En pratique, la séparation des pouvoirs n'était pas respectée, car un seul parti politique fut autorisé, le Parti communiste de l'URSS (PCUS), dont le Politburo concentrait tous les pouvoirs et contrôlait l'État, tous les hauts fonctionnaires étant choisis parmi les « activistes » (« permanents ») supérieurs du Parti. L'organisation qui maintenait la cohésion du Parti et son pouvoir absolu sur la société soviétique était la police politique, successivement nommée Tchéka, Guépéou, NKVD et KGB : cette organisation fit la singularité du modèle soviétique, imité dans l'ensemble du pacte de Varsovie, en République populaire de Chine, au Viêt Nam et à Cuba. Le Parti était censé exercer la « dictature du prolétariat » telle que le « marxisme-léninisme » l'avait conçue. En principe, le Parti était ouvert à tout citoyen « qui n'exploite pas le travail des autres, accepte le programme et les règles du Parti, milite dans une organisation du Parti et soutient toutes ses décisions », cependant le processus d'adhésion au parti était long, accompagné de multiples enquêtes, et finalement élitiste, mais exclusivement sur des critères de soumission à la hiérarchie.

Ainsi, dans les années 1980, 6 % des 265 millions d'habitants étaient membres du PCUS, ce qui était loin de conférer la représentativité du peuple tant affichée. Par contre, celui-ci compta quelque 200 000 fonctionnaires à plein temps, les apparatchiki, les « hommes de l'appareil ». Ce que Voslenski a désigné par le terme populaire soviétique de nomenklatura était composée de ces apparatchiki, des membres de la police politique, des hauts gradés de l'armée, des chefs du Parti et de leur parentèle, l'ensemble formant une nouvelle classe sociale que Jean-François Revel a qualifiée de « bourgeoisie rouge », mais que les trotskistes préfèrent appeler bureaucratie.

La structure du Parti doublait la structure de l'État : si à chaque niveau il y avait des organes étatiques qui semblaient exercer le pouvoir, ces organes étaient contrôlés par le Parti, et donc par son responsable à chaque niveau, lequel prenait ses ordres de l'échelon supérieur, jusqu'à arriver au secrétaire général du Parti, poste rendu par Staline le plus important de toute l'Union soviétique.

Au sommet de l'État se situaient donc le « Soviet suprême », avec son organe exécutif, le Præsidium, ainsi que la Cour suprême et le Procureur de l'Union soviétique. Ces trois magistratures étant en principe sous le contrôle des deux chambres législatives. Le Conseil des ministres supervise une quantité de commissions et de services, dont le nombre et les attributions changent à intervalles, mais qui sont des organes plus importants que les ministères des Républiques.

Au sommet du Parti, le Secrétaire général, dont le titre est modeste, mais le pouvoir beaucoup plus grand que celui du Président du Præsidium du Soviet suprême de l'Union soviétique dont le titre est purement honorifique, et plus grand que celui du Président du Conseil des ministres (Premier ministre) de l'URSS. Au-dessous de lui, par ordre d'autorité décroissante viennent le Politburo, le Secrétariat et le Comité central. Au-dessous encore le congrès du PCUS, puis les Comités centraux, les Secrétariats et les Conférences provinciales représentent l'échelon suivant. Un degré plus bas viennent les Comités, Secrétariats et Conférences de district. Enfin, constituant la base de la pyramide, les secrétariats, bureaux et cellules locales.

Le Parti déterminait la politique à suivre que l'État devait exécuter. La tâche des fonctionnaires du gouvernement consistait à mettre en application les décisions du Parti, c'est-à-dire du Politburo et du Comité central. Cette méthode avait un avantage : contrairement à ce qui se passa en Occident, ceux qui font la politique sont ainsi déchargés des besognes de routine. Staline a été le premier chef soviétique à cumuler les titres du Premier secrétaire du Parti et celui du président du Conseil des ministres de l'URSS. Khrouchtchev, qui lui a succédé a lui aussi cumulé les deux fonctions pendant une partie de son mandat de Secrétaire général. Quant à Brejnev, il fut en même temps Premier secrétaire (depuis 1966, secrétaire général) du Parti et président du « Soviet suprême » de l'URSS (de 1960 à 1964 et de 1977 à 1982). En 1990, Gorbatchev sera le premier et dernier dirigeant soviétique à prendre le poste de président de l'Union soviétique.

Économie[modifier | modifier le code]

Une récolte de coton en Arménie dans les années 1930.

À la veille de la révolution russe, l'économie de l'Empire russe était « archaïque »[24]. La valeur de la production industrielle en 1913 représentait moins de la moitié de celle de la France, un sixième de celle de l'Allemagne, ou un quatorzième de celle des États-Unis[25]. Le rendement agricole était médiocre, la pénurie de transport paralysait toute tentative de modernisation économique[26]. Le PIB par habitant était inférieur à celui de la Hongrie ou de l'Espagne de l'époque, et environ un quart de celui des États-Unis[N 9]. Surtout, le pays était dominé par les capitaux étrangers qui possédaient un tiers des actions en Russie.

Au XXe siècle, l'URSS devient une puissance économique majeure. De 1928 à 1991, le développement économique est guidé par une série de plans quinquennaux. L’URSS devient une des trois premières productrices d'un grand nombre de produits industriels, mais reste en retard dans l'industrie légère, les biens de consommation et l'agriculture.

Le transport en URSS, confronté au double défi de la distance et du climat extrême, est marqué par le choix de privilégier le transport collectif (chemin de fer (en), métro de Moscou, etc.) plutôt que la voiture particulière. Il comporte quelques points forts comme les avions-cargos Antonov.

L'économie soviétique est gérée par le Gosplan (« Commission de Planification d'État »), la Gosbank (« Banque d'État ») et le Gossnab (« Commission d'État pour la fourniture en matériaux et équipements »), au moyen d'indicateurs comme le produit matériel net.

L'économie soviétique est basée sur la propriété d’État, mais il existe quelques autres formes juridiques de propriété dites « collectives » telles que le kolkhoze (« ferme collective ») et la coopérative.

Bilan économique[modifier | modifier le code]

L'entre-deux-guerres et l'après-guerre sont des périodes de croissance économique importante que certains attribuent, pour une bonne part, au mariage de la planification et du travail forcé.

Entre 1913 et 1989, le revenu par habitant est multiplié en Russie par 4,6, contre 3,3 en Grande-Bretagne, 3,8 aux États-Unis, 5,1 en France ou 5,4 en Allemagne[27].

Lorsque la croissance économique se ralentit vers les années 1960, cela est considéré comme un phénomène provisoire. Les responsables de la planification sont incapables de prévoir certains problèmes économiques, et le concept même d'économie planifiée semble difficile à mettre en œuvre dans le cadre d'une économie mondiale capitaliste et changeante, surtout que sur le plan interne, l'administration de la planification étant paralysée par la bureaucratie, et que la nomenklatura semble parfois être plus attachée à ses privilèges qu'au service de l’État[Selon qui ?].

De plus, la production militaire d'armement représente une part très importante de l'industrie, freinant la production de biens de consommation. Le maréchal Nikolaï Ogarkov publie, à partir de 1979, une série d'articles, dans la presse officielle, expliquant de façon alarmiste que les Américains avaient une et même deux générations d'avance en électronique et en informatique, et sans possibilité de les rattraper. Dans les années 1980, l'URSS commence pourtant à développer le secteur de la micro-informatique et des technologies (ordinateurs de la série DVK (ru) et Elektronika 60).

Le taux d’activité des femmes s’élève à 84 % en 1989, soit l’un des plus élevés au monde[28].

Le bilan économique en 1992 (un an après l'éclatement de l'URSS) fait état d'une inflation de 2 520 % à la suite de la déréglementation de la plupart des prix alors fixés par l'administration[29]. D'après la Banque mondiale, les inégalités telles que mesurées par le coefficient de Gini double après l’éclatement de l'URSS : situé à 0,24 en 1988, il monte à 0,48 en 1993[28].

Il est capital de garder à l'esprit, toutefois, que les statistiques de l'époque soviétique sont très peu fiables[30],[31].

Bilan technologique : réalisations majeures au service du prestige national[modifier | modifier le code]

Brise-glace à propulsion nucléaire Arktika. Seule une dépense publique sur plusieurs plans quinquennaux a permis de développer une filière industrielle pour armer de tels navires dans le Monde.

Bilan écologique : vers une dégradation de l'environnement[modifier | modifier le code]

Le gouvernement de l'URSS a entravé la formation d'une conscience écologique en interdisant les partis et les associations jusque dans les années 1980[32]. Dans les dernières années du régime stalinien, le nombre de réserves naturelles et parcs nationaux fut fortement réduit[33]. Le productivisme entraîna l'érosion et l'épuisement de nombreuses terres arables[33]. Le développement d'une industrie lourde et l'exploitation intensive et extensive des ressources naturelles ont laissé derrière eux une situation préoccupante, dont souffrent encore l'actuelle Russie et les anciennes Républiques soviétiques : déforestation, régions affectées par des pluies acides, dégradation des sols, accumulation de déchets industriels, désertification, contamination radioactive (à la suite des essais nucléaires et de la catastrophe de Tchernobyl[34] survenue en 1986), pollution des lacs (le lac Baïkal a été notamment fragilisé par la construction des chemins de fer Magistrale Baïkal-Amour dans les années 1970-1980).

L'irrigation intensive (pour supporter l'agriculture intensive, notamment du coton) et la construction de barrages hydro-électriques sont notamment responsables de l'assèchement de la mer d'Aral en Asie centrale soviétique.

Art et culture[modifier | modifier le code]

La culture de l'Union soviétique est passée, au cours des 69 années d'existence de l'Union soviétique, par plusieurs étapes. Des personnes de diverses nationalités en provenance des quinze républiques y ont contribué, bien que la majorité d'entre eux fussent des Russes. L'État soviétique a aidé les institutions culturelles, mais a effectué également une censure stricte.

Forces militaires[modifier | modifier le code]

T-34 tourelle 85 de la Grande Guerre patriotique. Une majorité était produite dans les vastes usines sidérurgiques de Magnitogorsk. Le CMI soviétique a pérennisé ses positions après-guerre.

Le bilan militaire était florissant :

  • elle disposa de la plus grande flotte aérienne de tous les temps, de la plus grande flotte de sous-marins nucléaires du monde, et d'une flotte de navires de surface largement supérieure en tonnage à celle des États-Unis, à l'exception des porte-avions ;
  • en matière d'armement nucléaire, l'URSS a atteint et maintenu la parité avec les États-Unis, dès la fin des années 1970 ;
  • l'Armée soviétique était capable d'aligner 50 divisions susceptibles d'être engagées sans délai et 30 autres mobilisables dans de brefs délais ; elle fut totalement motorisée et constamment rééquipée en fonction de l'innovation technologique, en chars, canons, véhicules de transport et systèmes de communication ;
  • entre 1965 et 1976, les chercheurs et ingénieurs soviétiques ont mis au point deux fois plus d'armes, de systèmes de destruction et de protection que les États-Unis.
  • ses forces armées totalisèrent 5 millions de combattants actifs et 25 millions de réservistes entraînés et représentaient la plus vaste armée en temps de paix du XXe siècle.

Le complexe militaro-industriel soviétique représentait entre 1985 et 1990 :

  • plus de 14 millions d'employés ;
  • 6 000 entreprises.

L'industrie de défense proprement dite absorbait durant les années 1970/1980 20 % du revenu national, 8 % du PIB et 47 % des dépenses publiques pour les besoins de l'Armée soviétique.

La production d’armes soviétiques était la plus importante du monde. En 1981 : 2 500 chars, 3 500 canons, 1 700 avions de combat, 750 hélicoptères, 9 sous-marins, 475 missiles balistiques (IRBM, ICBM).

Après la chute de l'URSS en 1991, ce sont les Forces armées de la fédération de Russie qui héritèrent de la quasi-totalité de l'équipement militaire soviétique en particulier l'arsenal nucléaire et les différentes flottes.

Système de santé[modifier | modifier le code]

Le Commissariat du peuple à la santé – le Narkomzdrav – est créé en 1918. Sous la direction de Nikolaï Semachko, médecin de formation, le Narkomzdrav développe un système de santé unifié à l’échelle d’un pays — le premier du monde. Gratuit et universel, celui-ci repose sur une organisation de soins par niveaux, selon la gravité des affections, appelé système Semachko. Ce système, précurseur de la médecine générale, a ensuite été adopté dans de nombreux pays comme base de leur système de santé[35].

La prévention des maladies infectieuses fait l'objet d'une attention particulière. Dès 1922, un organisme de surveillance sanitaire et épidémiologique – le Sanepid – est créé, disposant d’équipes d’intervention actives sur tout le territoire, des villages aux entreprises. Couplée à une vaccination de masse, cette surveillance permet à l’URSS d’éliminer des maladies comme la tuberculose ou le paludisme. L’espérance de vie, qui ne dépassait pas 31 ans à la fin du XIXe siècle en Russie, atteint 69 ans au début des années 1960, les Soviétiques rattrapant alors leur retard sur les pays occidentaux[35].

Droit des femmes[modifier | modifier le code]

La révolution de Février avait permis l'obtention de nouveaux droits par les femmes. Le , le droit de vote des femmes était officiellement garanti[36].

Les bolcheviks maintiennent ensuite cette volonté d'égalité entre femmes et hommes, que l'on peut retrouver dans la Constitution de 1918 (puis, en théorie, celle de 1936 et celle de 1977 : « La femme et l'homme jouissent en U.R.S.S. de droits égaux. L'exercice de ces droits est garanti par l'octroi aux femmes de possibilités égales à celles des hommes d'accéder à l'instruction et à la formation professionnelle, de travailler, d'être rémunérées en conséquence… Il est garanti également par la création de conditions permettant aux femmes d'associer travail et maternité… » (art. 35 de la Constitution de 1977)[37]).

L'URSS se présentait donc initialement comme un État particulièrement en avance en matière d'égalité homme-femme, notamment grâce aux actions de la Commissaire du peuple Alexandra Kollontaï ou aux initiatives d'Inès Armand. Les femmes obtiennent en 1917 droit de vote et d'être élues, le droit au divorce par consentement mutuel, l'accès à l'éducation, un salaire égal à celui des hommes, des congés de maternité et l'égalité de reconnaissance entre enfants légitimes et naturels. Le droit à l'avortement est obtenu en 1920 – il est limité en 1936 par Staline, puis rétabli après la mort de ce dernier. Par ailleurs dans la vie professionnelle, très majoritairement actives, les femmes bénéficiaient avec les hommes du principe à travail égal-salaire égal.

Nationalités[modifier | modifier le code]

L'URSS, par sa grandeur et donc par la variété ses régions, était un État largement multiethnique. Le groupe ethnique (en russe : национальность, souvent traduit par nationalité) était indiqué sur certains documents, à certaines époques. Quinze grands groupes ethniques (dont le Russe) étaient représentés chacun par une république. Quatorze disposaient du droit à l'apprentissage d'une première langue locale mais devaient, comme seconde langue, apprendre le russe.

Démographie[modifier | modifier le code]

Évolution de la démographie entre 1961 et 1991 (chiffre de la FAO, 2005). Population en milliers d'habitants.

La population soviétique a d'abord baissé au début de son existence à la suite de la Première Guerre mondiale (front de l'Est), à la révolution russe et à la guerre civile russe qui a suivi, stagnant autour de 150 millions d'habitants.

Les années 1930 furent également difficiles. Malgré les famines soviétiques de 1931-1933 ayant causé la mort de six millions de personnes, les Grandes Purges dirigées par Staline, ainsi que les victimes des goulags (chiffrées à 963 866 selon les archives soviétiques), la population était de plus de 194 millions à la veille de la Seconde Guerre mondiale (front de l'Est). Pendant la Seconde Guerre mondiale, entre 1941 et 1945, entre 27 et 30 millions de Soviétiques sont morts, et de nos jours, les chiffres des pertes soviétiques durant le conflit ne sont toujours pas définitifs, les historiens et experts évoquant toujours de nouvelles estimations, des documents déclassifiés étant toujours étudiés, etc.

Lors de l'après-guerre, la population a connu une diminution importante de la mortalité, qui s'est toutefois interrompue dès les années 1970. Cette diminution a permis de rattraper rapidement les déficits de naissances à la suite de la guerre, faisant passer la population de 180 millions en 1950 à 215 millions en 1960 et à plus de 240 millions en 1970.

Son augmentation continua, surtout dans les républiques musulmanes d'Asie centrale où le taux de natalité était plus élevé que dans la partie européenne de l'Union, pour atteindre, en 1989, 286 millions d'habitants. Vers la fin de la période, il existe en outre une différence notable entre une population russe et ukrainienne à croissance faible, et des peuples « allogènes » (principalement turcophones) à forte natalité.

Codes[modifier | modifier le code]

L’Union soviétique a pour codes :

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. En Union soviétique, chaque république possédait sa propre langue officielle aux côtés du russe que la population parlait quotidiennement. Voici ce que donne le nom officiel du pays dans chacune des langues des républiques socialistes soviétiques :
    Arménien : Սովետական Սոցիալիստական Հանրապետությունների Միություն
    Azéri : Совет Сосиалист Республикалары Иттифагы
    Biélorusse : Саюз Савецкіх Сацыялістычных Рэспублік
    Estonien : Nõukogude Sotsialistlike Vabariikide Liit
    Géorgien : საბჭოთა სოციალისტური რესპუბლიკების კავშირი
    Kazakh : Советтік Социалистік Республикалар Одағы
    Kirghiz : Советтик Социалисттик Республикалaр Союзу
    Letton : Padomju Sociālistisko Republiku Savienība
    Lituanien : Tarybų Socialistinių Respublikų Sąjunga
    Moldave : Униуня Републичилор Советиче Сочиалисте
    Ouzbek : Совет Социалистик Республикалары Иттифоқи
    Tadjik : Иттиҳоди Ҷумҳуриҳои Сосиалистии Шӯравӣ
    Turkmène : Совет Социалистик Республикалар Иттифоқи
    Ukrainien : Союз Радянських Соціалістичних Республік
  2. De jure, l'URSS n'avait jusqu'en 1990 pas de langue officielle, mais la язык межэтнической коммуникации (« langue de communication interethnique ») était le russe. La loi soviétique du « sur les langues des peuples de l'URSS » établit le russe comme langue officielle de l'URSS.
  3. URSS présente la particularité rare de couramment s'écrire et se prononcer comme un sigle simple, « URSS » (chaque lettre est prononcée séparément : U - R - S - S), et aussi de couramment s'écrire et se prononcer comme un acronyme, « l’Urss » (le mot et son article sont alors prononcés comme le mot inventé « lurce », phonétique : /lyʁs/).
  4. À cause des treize jours de décalage entre l'actuel calendrier grégorien et le calendrier julien encore suivi par les Églises orientales.
  5. Parmi les territoires frontaliers revendiqués à la Fédération de Russie par des pays voisins après la dislocation de l'URSS, et dont le plus important (revendiqué par le Japon) se situe dans l'archipel des Kouriles, les seuls qui ont été rétrocédés sont des îles fluviales en litige avec la Chine : l'île Zhenbao (珍宝岛) ou Damanski (Остров Даманский) en 1991, objet du conflit frontalier sino-soviétique de 1969, l'île Yinlong ou Tabarov et la moitié de l'île Heixiazi ou Bolchoï Oussouriski en 2008 [1].
  6. Abkhazie, Crimée, Donbass, Ossétie du Sud et Transnistrie, dont le statut de facto n'est pas reconnu par la communauté internationale ; la Russie reconnaît le rattachement à son territoire de la Crimée et l'indépendance autoproclamée de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, suivie en cela par Nauru, le Nicaragua et le Venezuela.
  7. Ce qui est contesté par de nombreux marxistes, comme Rosa Luxemburg pour qui le régime bolchevik est « une dictature, il est vrai, non celle du prolétariat, mais celle d'une poignée de politiciens, c'est-à-dire une dictature au sens bourgeois » (La Révolution russe, septembre 1918).
  8. La survie de l'État dépend beaucoup d'une surveillance de ses citoyens par la police politique. La Tchéka — connue ensuite sous différents noms : GPU, MVD, NKVD (Narodnyi Komissariat Vnutrennih Del), et finalement KGB en 1953 — est chargée de liquider les « poux » et autres « agents capitalistes » avec des « méthodes expéditives ». Elle est aussi chargée de la traque des dissidents, de leur expulsion du Parti et de leur jugement pour activités contre-révolutionnaires.
  9. 3 593 dollars par habitant en Russie en 1913, 13 327 aux États-Unis.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Parfois écrit Union des républiques soviétistes socialistes Passeport extérieur soviétique de 1929.
  2. Boris Bajanov (trad. du russe par Catherine Maillat), Bajanov révèle Staline : souvenirs d'un ancien secrétaire de Staline (biographie), Paris, Gallimard, coll. « L'Air du temps », , 300 p. (ISBN 2-07-029887-6, OCLC 6145229).
  3. Mikhaïl Gorbatchev (trad. du russe), Mémoires : une vie et des réformes, Monaco, Éditions du Rocher, (1re éd. 1997), 940 p. (ISBN 978-2-268-02577-3 et 2-268-02577-2, EAN 9782268073040, OCLC 951500972).
  4. Fabrice Nodé-Langlois, « Moscou a fini de rembourser les dettes de l'URSS », Le Figaro économie,‎ (lire en ligne, consulté le 29 juin 2020).
  5. Cette dissolution est fortement critiquée par des marxistes comme Charles Rappoport qui écrit que « Lénine a agi comme le tsar. En chassant la Constituante, Lénine crée un vide horrible autour de lui. Il provoque une terrible guerre civile sans issue et prépare des lendemains terribles. » (La Vérité, 26 janvier 1918). Il écrit également que « la garde rouge de Lénine-Trotsky a fusillé Karl Marx. » (Le Journal du peuple, 24 janvier 1918).
  6. Lénine (trad. du russe), « Mieux vaut moins mais mieux », sur marxists.org, (consulté le 29 juin 2020).
  7. Eric J. Hobsbawm (trad. de l'anglais par André Leasa), L'Âge des extrêmes : Histoire du court XXe siècle, 1914-1991, Waterloo, André Versaille, , 810 p. (ISBN 978-2-87495-011-7, OCLC 1089441611), p. 508-510.
  8. Khlevniouk 1996.
  9. Nikolaï Bazili (trad. du russe par Denis Roche et Victor Mayer), La Russie sous les Soviets : vingt ans d'expérience bolchévique, Paris, Plon, , VI-521 p. (OCLC 174257730, notice BnF no FRBNF31779456).
  10. Cf. Nicolas Werth, voir L'URSS de Staline et Histoire de l'URSS.
  11. Union des républiques socialistes soviétiques : opération Barbarossa.
  12. Westermann, Atlas zur Weltgeschichte, Braunschweig, 1985.
  13. Entre 1941 et 1945, Washington a fourni 376 000 camions, 14 700 avions, 7 000 tanks, 52 000 jeeps et 11 000 wagons de marchandises à l'URSS : d'après Russell Buhite, Decision at Yalta, Wilmington Delaware, Scholary Resources Inc., 1986, cité dans André Kaspi, Franklin D. Roosevelt, Paris, A. Fayard, , 647 p. (ISBN 2-213-02203-8), p. 554.
  14. Organisation des Nations unies (trad. du russe), « Accord relatif à des livraisons de céréales. Signé à Moscou le 20 octobre 1975 » [PDF], sur treaties.un.org, (consulté le 29 juin 2020).
  15. (en) New version of Soviet Union Treaty expands republics'rights.
  16. Andreï Amalrik (trad. du russe, préf. Alain Besançon), L'Union soviétique survivra-t-elle en 1984 ?, Paris, Fayard, coll. « Monde sans frontières » (no 16), , 118 p. (OCLC 683387753).
  17. D'après M. Gorbatchev, dans le documentaire de Stéphane Paoli, « Gorbatchev / Védrine : une histoire inédite du Mur », France 2, 5 novembre 2009.
  18. Benoît Falaize, L'URSS et la CEI depuis 1945.
  19. Nargiz Asadova. An interview with Prime Minister of Kazakhstan Karim Masimov. Imprimé à l'origine dans Kommersant, 4 juin 2007, p. 2. (traduction anglaise par Ferghana.ru) (en) [2].
  20. [3].
  21. (es) María R. Sahuquillo, « Aumentan en Rusia los nostálgicos hacia la Unión Soviética », El País,‎ (ISSN 1134-6582, lire en ligne, consulté le 20 décembre 2018)
  22. « La Communauté des États indépendants (CEI) », Colisée.
  23. (hy) « Ձախողված «վերբեռնում». ԱՄՆ-ը պատերազմ է հայտարարում Սովետին » [« Échec du renouveau ? : les États-Unis dénoncent la « soviétisation » des anciens États de l'URSS »], sur armenianow.com,‎ (consulté le 29 juin 2020).
  24. D'après Marc Ferro, La Révolution de 1917, 1967, p. 36.
  25. René Girault et Marc Ferro, De la Russie à l’URSS, 1989.
  26. Marc Ferro, La Révolution de 1917, op. cit., p. 39.
  27. François Seurot, Les causes économiques de la fin de l'Empire soviétique, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Connaissance de l'Est », , VII-228 p. (ISBN 978-2-13-047395-4, OCLC 797563048).
  28. a et b Tony Wood, « Russie, une société sans chasser l'autre », Le Monde diplomatique,‎ (ISSN 0026-9395, lire en ligne, consulté le 4 avril 2018).
  29. (en) Russia : Inflation.
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  38. Statoids.com.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]