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  • Il y a 50 ans commençaient les « Troubles » en Irlande du Nord

    Trois soldats britanniques installent un barrage de barbelés dans une rue de Derry, en Irlande du Nord.

    En août 1969, l'armée britannique a dû intervenir pour rétablir le calme en Irlande du Nord.

    Photo : Radio-Canada

    Radio-Canada

    À la mi-août 1969 éclatent en Irlande du Nord des violences entre catholiques et protestants. C’est le début de ce qu’on appelle les « Troubles », dont les conséquences nous sont racontées par des journalistes de Radio-Canada.


    Le début des « Troubles »

    Depuis six jours exactement, les troupes britanniques sont obligées d’occuper leur propre territoire.

    Jean Charpentier, 19 août 1969


    En août 1969, Radio-Canada déploie une équipe de journalistes dans la province britannique de l’Irlande du Nord (Ulster).

    Cette équipe couvre un événement à la fois très grave et inhabituel.

    Les soldats de l’armée britannique doivent intervenir pour que cessent les affrontements entre catholiques et protestants.

    Le drame d'Irlande du Nord, 19 août 1969

    Le journaliste Jean Charpentier et ses collègues rapportent des images et des interviews révélatrices de ces affrontement, qui sont présentées lors d’une émission spéciale Le drame d’Irlande du Nord, le 19 août 1969.

    Tout a commencé le 12 août dans la ville de Derry.

    Ce jour-là, des milliers de catholiques affrontent dans le quartier de Bogside les forces policières du Royal Ulster.

    Ces forces sont composées à majorité écrasante par des protestants.

    Ce sont les images de cette émeute à Derry que nous dévoile tout d’abord l’équipe de Radio-Canada.

    On assiste à des confrontations à coups de pierre et de cocktails Molotov qui incendient les véhicules de la police. On voit aussi des maisons et des usines en feu.

    Les entrevues réalisées par Jean Charpentier avec une jeune catholique et avec le député catholique John Hume nous font comprendre la frustration de leur communauté.

    La violence se répand les jours suivants dans toute l’Irlande du Nord.

    Le 14 août 1969, l’armée britannique doit intervenir. Elle impose des cordons de sécurité qui séparent les quartiers catholiques et protestants.

    Personne ne sait alors qu’on assiste au début d’un conflit, les « Troubles », qui va ravager l’Irlande du Nord pendant presque 30 ans.


    Un dimanche sanglant qui alimente le conflit


    Le 30 janvier 1972, une tragédie va enfoncer l’Irlande du Nord davantage dans la violence. Les Irlandais appellent ce jour-là le « Bloody Sunday  » (le dimanche sanglant).

    Ce dimanche-là, 15 000 catholiques manifestent pacifiquement dans le quartier de Bogside.

    La revue de l’année 1972 internationale, 29 décembre 1972

    Comme le rappellent le 29 décembre 1972 les journalistes Bernard Derome et Jean Paul-Nolet qui sont les narrateurs de La revue de l’année 1972 internationale, la contestation tourne à la violence.

    Les soldats britanniques répriment les manifestants. Puis un coup de feu est tiré. Bientôt les balles sifflent.

    Les gens s’enfuient pour se mettre en sécurité. Les images montrent des passants avec des mouchoirs ensanglantés et qui transportent des blessés.

    Le bilan est de 14 morts, (13 le jour même), dont sept adolescents. Il y aura aussi 14 blessés graves dont plusieurs touchés dans le dos.

    À l’époque, comme le soulignent Bernard Derome et Jean-Paul Nolet, on ne sait pas qui a tiré en premier.

    Mais des enquêtes ont par la suite révélé que des soldats britanniques avaient tiré sans sommation ni avertissement sur des civils désarmés qui cherchaient à prendre soin des blessés.

    Or, l’armée britannique avait menti sur les circonstances exactes du massacre du dimanche sanglant.

    Ce massacre, et le camouflage qui s’en est suivi, ont attisé la haine de la communauté catholique envers le gouvernement britannique et les protestants.


    Un cul-de-sac qui durera des années

    … Pour faire son magasinage à Belfast ou à Derry, il faut passer à travers des barrages, il faut passer à travers des barbelés, il faut être fouillé à l’entrée des magasins.

    Gil Courtemanche

    Le 60, 23 décembre 1975

    Le 23 décembre 1975, l’émission Le 60 diffuse un reportage du journaliste Gil Courtemanche qui s’est rendu en Irlande du Nord.

    Le journaliste raconte à l’animateur André Payette qu’il a trouvé une société figée dans un état de terreur et éprouvant le sentiment d'être dans un cul-de-sac.

    « Un million et demi de personnes y vivent en otages. Des otages impuissants de la violence quotidienne et d’une histoire gâchée » résume Gil Courtemanche dans son reportage.

    Le reportage laisse la parole à trois personnes qui expliquent leur vision de l’impasse nord-irlandaise.

    Le député John Hume (qu’on a déjà rencontré dans le reportage de 1969) analyse les racines historiques du conflit entre catholiques et protestants.

    Le conflit possède certes un aspect religieux.

    Mais une analyse plus fine montre aussi que c'est le manque d'accès aux ressources économiques des plus pauvres — catholiques ou protestants — qui alimente l'antagonisme dans la province britannique.

    Le député protestant Barr Glenn et l’ancien ministre au Développement Roy Bradford décortiquent pour leur part l’attitude de résistance de leur communauté face aux revendications catholiques.

    Ils soulignent aussi la crainte des protestants d’être abandonnés par le Royaume-Uni.

    L’atmosphère du reportage donne une impression d’amertume et de grande méfiance mutuelle.

    Il a fallu attendre jusqu’en 1998 pour que les politiciens puissent enfin signer l'accord de paix, dit du Vendredi saint.

    Et, en 2019, cet accord du Vendredi saint pourrait être remis en question par une sortie sans entente du Royaume-Uni de l’Union européenne (un « brexit dur » souvent évoqué dans les nouvelles).

    D’où les sueurs froides qu’éprouvent ces temps-ci à la fois les Irlandais et de nombreux Britanniques et Européens. Ils ne veulent pas retourner à la période dite des « Troubles ».

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