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L’agressivité des araignées est une conséquence de leur isolement social

Une araignée dans sa toile.

Une araignée Agelena labyrinthica dans sa toile.

Photo : iStock

Radio-Canada

Ce n’est pas en raison de leurs comportements antisociaux et agressifs que les araignées se dispersent et quittent leurs nids familiaux, comme on le pensait jusqu’à aujourd’hui, mais c’est plutôt l’isolement qui en résulte qui les rend intolérantes à leurs semblables. Explications.

Selon l’expert en cognition animale Raphael Jeanson et ses collègues de l’Université Toulouse III - Paul Sabatier en France, cette nouvelle connaissance permet de mieux cerner l'évolution de la sociabilité chez les arthropodes.

Gros plan sur deux araignées.

Fréquence de cannibalisme observée chez des araignées maintenues groupées ou isolées pendant 20 jours après leur éclosion.

Photo : CNRS/David Villa

Agressif comme une araignée

La plupart des 50 000 espèces d’araignées sont solitaires, et les interactions entre adultes se limitent à la période d’accouplement. En dehors de la saison des amours, elles sont généralement agressives envers leurs semblables, allant même jusqu'au cannibalisme.

Dans la vaste majorité de ces espèces, les jeunes araignées ont pourtant une phase durant laquelle elles présentent un degré élevé de tolérance entre elles.

Ensuite, les araignées « adolescentes » s'éloignent progressivement du groupe social et mènent une vie solitaire.

Le saviez-vous?

Une trentaine d'espèces d'araignées ont développé une vie sociale permanente qui ne mène pas à une vie solitaire, et ont des comportements de coordination et de coopération lors des activités de chasse ou de construction de la toile.

Les chercheurs ont étudié les mécanismes responsables de la cohésion sociale chez l'araignée Agelena labyrinthica, une espèce largement répandue en France. Pour y arriver, ils ont combiné des approches expérimentales et théoriques.

Leur conclusion principale : la dissociation des groupes sociaux n’est pas le résultat d'une modification de la nature des interactions sociales, mais d'un accroissement de la mobilité associé à des processus de maturation.

Ainsi, ni le déclin de l'attraction mutuelle ni l'augmentation des comportements agressifs ne sont à l'origine de la dispersion, ce moment où les araignées quittent la cellule familiale pour peupler leur écosystème.

Pourquoi deviennent-elles intolérantes?

Pour répondre à cette question, les chercheurs ont maintenu des jeunes araignées seules ou en groupe pendant 20 jours. Ils ont ensuite observé que :

  • Le jumelage de deux araignées maintenues en isolement conduisait à de violentes agressions et au cannibalisme.
  • Les araignées maintenues en groupe ne présentaient aucun comportement agressif.

La vie solitaire montrée du doigt

Ces résultats laissent à penser que l'isolement social conduit à une altération de la réaction des araignées aux stimuli émis par les congénères.

Ainsi, l'apparition de l'agressivité serait la conséquence, et non la cause, de la dispersion.

Selon les auteurs de ces travaux publiés dans la revue PLoS Biology (Nouvelle fenêtre) (en anglais), ces nouvelles connaissances pourraient aider à comprendre les processus impliqués dans la dispersion des araignées solitaires et fournir des indices sur les mécanismes qui ont mené au développement de formes de vie sociale durables.

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