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Auguste Descarries : élégance et beauté au pays de Germaine Guèvremont

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Par
Frédéric Cardin

La redécouverte du patrimoine musical classique québécois est en marche! Celle d’André Mathieu en a été l’élément déclencheur (merci à Alain Lefèvre, et aux autres qui ont suivi ses pas!), certes. Toutefois, si l’album Auguste Descarries (1896-1956) : musique de chambre et mélodies, avec le baryton Pierre Rancourt et le Trio Hochelaga, en est un indicateur (et je crois qu’il en est un!), la musique classique québécoise non affiliée à l’avant-garde est à l’aube d’une grande et très excitante renaissance. 

La musique de Descarries est un heureux mariage de diverses influences. On y sent celle de la musique française d’abord, avec des échos de Fauré et de Reynaldo Hahn pour l’atmosphère mélancolique et les coloris du piano. On est également chez Rachmaninov, Glazunov et Catoire, avec lesquels Descarries a étudié, car on reconnaît la force des élans émotifs ainsi que la franchise et le lyrisme des mélodies des Russes. Finalement, le folklore québécois, pour les arrangements raffinés de chansons populaires du terroir, complète le portrait sonore de cet univers attrayant.

Dans cette musique enracinée dans le grand savoir-faire classique européen, mais bien informée des accents du terroir d’ici, des paysages se dessinent et se marient naturellement aux décors évoqués par la première littérature nationale du Québec, contemporaine de Descarries, c’est-à-dire celle de Germaine Guèvremont, Gabrielle Roy ou Claude-Henri Grignon. J’imagine sans effort un récital combinant le répertoire de Descarries avec des lectures de textes de ces artistes littéraires.

La musique s’adresse à tous; elle n’a cure de votre intelligence, si elle sait rejoindre votre cœur

Auguste Descarries

Longtemps considérée comme une quantité négligeable, la musique classique québécoise de qualité du 20e siècle, dont celle d’Auguste Descarries est un exemple parfait, ne fait aucun doute quand des artistes de talent, méthodiques et à l’implication sérieuse, lui donnent le souffle de vie dont elle a besoin.

Pierre Rancourt est un jeune baryton sorti de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal il y a quelques années à peine et nourrissant un intérêt pour la musique québécoise. Celle de Descarries lui est particulièrement chère depuis qu’il a remporté, en 2015, le premier prix du concours de mélodies de l’Association pour la diffusion de la musique d’Auguste Descarries. Son timbre chaleureux, ses phrasés naturels, les trésors de nuances qu’il imprime sur cette musique ainsi que sa diction impeccable nous font rêver qu’un jour l’œuvre de Descarries puisse être interprété dans des récitals européens aux côtés d’autres grands compositeurs de mélodies françaises (des « chansons » écrites pour artistes lyriques) du 19e et 20e siècles!

Le Trio Hochelaga, constitué d’Anne Robert au violon, Dominique Beauséjour-Ostiguy au violoncelle et Jimmy Brière au piano, se distingue par sa sonorité riche et somptueuse, presque opulente, tel un velours rouge grenat. C’est l’idéal pour cette musique parfois délicieusement surannée, mais toujours source de fierté et de plaisir sincère.

Le programme se divise en deux catégories : pièces pour voix (9 au total) et musique de chambre instrumentale (12 pièces). Je ne peux commenter chaque morceau, mais pour être happé par le talent de Descarries, commencez par la dernière plage de l’album, Quatuor pour violon, alto, violoncelle et piano, un tour de force d’expression et d’émotions qui nous entraîne dans un tourbillon musical excitant! Un authentique chef-d’œuvre, peu importe par qui et quand il aurait été écrit!

Auguste Descarries

En plus d’avoir étudié avec plusieurs compositeurs européens importants du début du 20e siècle, Descarries a été un élève de Rodolphe Mathieu, le père d’André! Il a ensuite remporté le Prix d’Europe en 1921, tout juste avant de s’établir sur le Vieux Continent pendant huit années. Après être revenu à Montréal, il a enseigné au Conservatoire et à l’Université de Montréal. Il a terminé sa carrière en étant nommé vice-doyen de la Faculté de musique, en 1951.

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