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Les produits du terroir ont la cote sur Internet, mais cela va-t-il durer?

Deux hommes et une jeune femme devant des réfrigérateurs et des cartons d'emballage.

Uproot Food Collective a vu le nombre de commandes et de marques partenaires bondir depuis le début des restrictions sanitaires liées à la COVID-19.

Photo : Radio-Canada / Axel Tardieu

Pour faire face à la pandémie, les petits producteurs habitués aux marchés fermiers et aux foires agricoles se tournent dorénavant vers Internet. La COVID-19 en a poussé certains à se regrouper pour survivre, voire à viser grand.

Avant de commencer son quart de télétravail, Lisa Fairweather publie ses dernières trouvailles : J’ai un pot de miel reçu avec ma dernière commande. Depuis peu, elle s'adonne à de nouvelles habitudes de consommation. 

Deux fois par mois, cette Edmontonienne commande sur Internet entre 40 $ et 50 $ de produits frais du terroir albertain, qu’elle va chercher à pied ou qu'elle se fait livrer.

J’ai acheté des saucisses, des beignes sans gluten et de délicieux cornichons marinés, raconte-t-elle. À ce prix-là, pas de quoi nourrir toute une famille pendant une semaine.

J’aime acheter des mets de qualité produits localement, dit-elle. Je me fais plaisir tout en soutenant l’emploi dans les petits commerçants de ma ville.

Lisa Fairweather dans une cuisine avec des produits du terroir devant elle.

Lisa Fairweather est prête à dépenser plus pour soutenir l'économie locale.

Photo : Radio-Canada / Axel Tardieu

S'adapter à la crise

Avec la fermeture de certains marchés fermiers et les restrictions sociales pendant la pandémie, la population canadienne a découvert de nouveaux services pour encourager l'achat local.

Le Panier bleu, au Québec, soutenu par le gouvernement provincial, a dépassé les deux millions de visites sur son site quelques jours seulement après son lancement, au début du mois d'avril.

Ce bottin en ligne liste déjà plus de 20 000 commerces, de la boulangerie de quartier à la librairie indépendante.

En Alberta, le mouvement est plus embryonnaire, mais la tendance de l'achat local est en marche. Damini Mohan a lancé, au début du mois de mars, avec d’autres petits producteurs le concept Survival YEG KIT pour s'éviter de trop grosses pertes financières.

Toutes les foires commerciales estivales ont été annulées, alors on a décidé de faire des boîtes avec nos produits déjà prêts, explique l'entrepreneuse.

Aujourd’hui, le site web propose 20 marques différentes, majoritairement d’Edmonton. Les produits sont uniquement livrés dans la ville et ses alentours.

Au mois de mars, deux autres acteurs ont vu le jour : Good Goods, et Uproot Food Collective, celui qui s'en tire le mieux pour l’instant en matière de ventes.

Sur le pas de sa porte

Cette entreprise qui grandit vite s’occupe de la logistique des commandes et des livraisons pour une trentaine de marques albertaines dans l'agroalimentaire. Chaque semaine, on en rajoute une à trois nouvelles sur le site, explique Chris Lerohl, l’un de ses fondateurs.

En échange, Uproot Food Collective reçoit une commission d'environ 30 % sur les ventes. Le jeudi, dans son local près du centre-ville, Chris Lerohl et deux autres salariés se marchent presque sur les pieds pour réussir, au plus vite, à retirer des réfrigérateurs les produits de chaque commande avant de les mettre dans des cartons qui seront livrés le lendemain. 

Des emballages de produits du terroir sur une étagère.

Des cornichons, des sorbets, du miel ou de la confiture... La majorité de la sélection est confectionnée dans la région d'Edmonton.

Photo : Radio-Canada / Axel Tardieu

Fort McMurray, Red Deer, Calgary, Edmonton… Ce jour-là, une centaine de commandes vont être envoyées d'Edmonton aux quatre coins de l'Alberta avec à l'intérieur des mets confectionnés localement, allant du sorbet aux framboises pleins de fruit aux pierogis porc-pommes de terre biologiques.

La plateforme voit ses ventes doubler tous les mois depuis le mois de mars. 

Le soutien de la communauté pour le local est plus fort que jamais.

Chris Lerohl, cofondateur d'Uproot Food Collective

À cause de l'isolement social, les gens ont mangé plus souvent chez eux, dit M. Lerohl. Cela nous a aidés à atteindre un niveau d'activité qu’on espérait avoir plutôt d'ici un an, ou deux.

Son rêve, c’est de voir, un jour, ces produits locaux dans les épiceries à un niveau national : Nous voulons les aider à devenir grands, plus vite, mais de la bonne façon. Plus on est important, moins on risque d’être emporté par une crise, telle que celle de la COVID-19.

Ensemble, plus forts

Orrey Rilling, 26 ans, fait partie de l'aventure. Il produit même ses barres de chocolat Natural Kitchen Delights dans la cuisine d'Uproot Food Collective, qui accueille également la confection des tartes South Island et des boulettes Honest Dumplings. 

J’ai commencé ma marque parce que je voulais offrir aux gens du bon chocolat, raconte Orrey, un sourire gêné aux lèvres. Il était près de jeter l’éponge lorsqu'il a vu les marchés fermiers fermer et les foires agricoles s'annuler à cause du coronavirus.

Un homme prépare du chocolat dans une cuisine professionnelle.

Après quatre ans d'existence, la marque d'Orrey Rilling était proche de la fermeture à l'aube de la pandémie.

Photo : Radio-Canada / Axel Tardieu

On rêve tous de vendre nos produits partout, avoue-t-il. Mais il y a tellement d’obstacles sur la route quand on commence. C'est beaucoup plus efficace de s’associer avec d’autres rien que pour les livraisons, qui reviennent trop cher autrement.

Aujourd'hui, Orrey prépare ses barres de chocolat goût amande et noisette avec un esprit plus serein face à l’avenir. Les consommateurs seront-ils toujours là une fois la pandémie passée? Chris Lerohl en est certain : les consommateurs seront prêts à payer plus cher pour des produits locaux.

Même si Aga Wajda-Plytta, à la tête de Good Goods, enregistre deux fois moins de commandes qu'Uproot Food Collective, elle a confiance en la pérennité de son activité. Nous créons un nouveau marché, dit-elle. Les gens réalisent qu'Edmonton a beaucoup de produits locaux de qualité à offrir.

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