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Chronique

Il faut des restrictions sanitaires aux Jeux olympiques au-delà de Tokyo

Elle est masquée.

Une personne marche devant un panneau publicitaire des Jeux de Tokyo.

Photo : afp via getty images / BEHROUZ MEHRI

Le comité organisateur a fourni des détails sur le déroulement des Jeux de Tokyo et, surtout, une liste de règles que devront suivre les athlètes. La COVID-19 impose des façons de faire qui devraient être en place depuis longtemps dans le monde olympique, selon moi.

Laissez-moi vous ramener en arrière, aux Jeux de Nagano, en 1998. Ce ne sont sûrement que de vagues souvenirs pour la grande majorité d’entre vous. Mais, pour moi, c’est gravé dans ma mémoire à jamais.

Une grande majorité des athlètes canadiens et internationaux étaient tombés malades avec une grippe très intense. Certains, comme moi, ont eu la chance de compétitionner avant que près de la moitié du village olympique soit infectée. D’autres, comme mon coéquipier Nicolas Fontaine, n’ont pas eu cette chance. Il a hérité de notre chambre déjà bien infectée par un de nous qui était gravement malade depuis 24 heures.

Nicolas avait gagné tous les grands championnats depuis quatre ans, il était le grand favori à l’épreuve du saut acrobatique. Alors qu’il avait peine à marcher pendant plusieurs jours, comment pouvoir espérer sauter 12 mètres de haut et exécuter un triple saut périlleux avec quadruple vrille? Il s’était quand même bien battu et avait vraiment tout donné, mais avait dû se contenter de la 10e position.

Avec le recul, on comprend bien que cette situation absurde aurait pu être évitée.

Voilà pourquoi j’ai une phobie des virus et des bactéries qui peuvent se propager à une vitesse folle dans un village olympique et détruire des rêves, des vies.

Afin de réduire ces risques au maximum, j’ai proposé en 2009 une idée lors d’une grande réunion de préparation pour les Jeux de Vancouver, où étaient présents plusieurs chefs d’équipe et le groupe médical du comité olympique. L’idée était simplement d’interdire la poignée de main et la bise dans l’équipe canadienne et d’agir ainsi avec toute autre personne à l’extérieur de l’équipe. Disons que j’ai fait l’objet de plusieurs sourires moqueurs. On me trouvait un peu paranoïaque même si, pour moi, c’était le gros bon sens parce qu'on était ici pour gagner.

Douze ans plus tard, la COVID-19 me donne enfin raison. Il y aura interdiction de poignées de main et de bises pendant les Jeux olympiques de Tokyo. Cela fait partie des restrictions annoncées par le comité organisateur, et j’espère que celle-ci sera appliquée, au moins de façon informelle, pour toujours.

L’expérience olympique sera bien différente pour les athlètes, mais la plupart des mesures sont celles que nous vivons tous depuis près d’un an :

  • le port du masque à tout moment sauf à l’entraînement et en compétition;
  • la distanciation physique;
  • aucune sortie dans les lieux publics;
  • test de COVID-19 tous les quatre jours, au minimum.

Les athlètes n’auront pas accès à leurs proches, aux commanditaires, à la Maison du Canada (s’il y en a une) et à d'autres activités qui rendent les Jeux si grandioses. Cette fois, ce sera la performance, et rien d’autre. Personne ne va s’en plaindre, mais c’est clair que la fébrilité habituelle qui règne dans la ville hôtesse n’y sera pas.

On a qu’à penser au moment où les Chiefs de Kansas City sont débarqués sur le terrain de l’équipe locale pour le Super Bowl : l’équipe pee-wee de votre communauté aurait probablement été accueillie plus fortement. C’est sûr que cela a un impact sur la performance. Il y aura moins de distractions, ce qui est positif, mais les athlètes devront se préparer à une ambiance des plus moches. Après leur compétition, pas de célébrations, pas de tournée dans les médias, et ils auront 48 heures pour quitter le village olympique.

La bonne nouvelle dans le document produit à l'intention des athlètes est que ceux-ci auront le droit d’arriver au Japon avant les Jeux pour des stages d’entraînement préparatoires afin de s’acclimater et de s’ajuster au décalage horaire.

Bref, rien de trop compliqué pour les athlètes et, bien sûr, ces mesures pourront changer selon la situation sanitaire au Japon d’ici à la cérémonie d’ouverture.

Ce qui est bien dans tout ça, c’est que l’on commence vraiment à s’éloigner du si en définissant le comment. Et ça, c’est une superbe nouvelle pour le monde du sport olympique!

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