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Chronique

En faire moins pour faire mieux, ça fonctionne!

Un patineur de vitesse en compétition.

Laurent Dubreuil est devenu champion du monde sur 500 m en s'entraînant différemment

Photo : Patinage de vitesse Canada

Il est évident que plusieurs athlètes canadiens s’inquiètent de leur niveau de performance à moins de six mois des Jeux olympiques d’été de Tokyo. Je leur suggère de s’inspirer un peu de nos athlètes de sports d’hiver qui performent de façon exceptionnelle en ce moment. Je ne parle pas d’inspiration morale, mais plutôt d’un certain réconfort, d’une validation que l’on ne perd pas tous nos moyens lorsque nous sommes tenus à l’écart de la pratique de notre sport aussi longtemps.

C’est ma théorie depuis toujours. Je crois même que son application a été un élément critique dans mes succès en tant qu’entraîneur.

Quelle est ma théorie? En faire moins pour faire mieux.

Lorsque je faisais mes plans annuels pour Alexandre Bilodeau et Jennifer Heil, il y avait environ 30 jours sur neige entre la fin d’une saison et le début de la suivante. Pendant ce temps, les autres skieurs faisaient plus du triple.

Alex n’avait même pas fait de Coupe du monde lorsqu’il a commencé à suivre ce plan avec un volume de ski beaucoup plus restreint, il n'était donc pas encore un champion.

L’idée est de passer plus de temps à l’entraînement physique et, surtout, de s’ennuyer de son sport. Ça, c’est la clé que plusieurs entraîneurs oublient, selon moi. La passion qui fait que chaque journée passée à faire notre sport devient largement plus productive.

Pensez à votre repas favori. Maintenant, imaginez que, pour 10 ou 11 mois dans la prochaine année, on vous impose ce repas tous les soirs. Le ski, le patin, la nage, le vélo, peu importe notre passion, en faire de 10 à 11 mois par année, ça devient inévitablement comme ce repas, qu’on finit par manger juste parce qu’on doit manger. La passion n’y est plus.

Plusieurs personnes dans les coulisses du sport s’inquiètent un peu pour les performances du Canada à Tokyo parce que d’autres pays ont eu moins de restrictions. Pour certains sports dans certains pays, rien n’a changé à l’entraînement. Les Australiens ont nagé beaucoup plus que nous. Les pays d’Europe de l’Est ont lutté beaucoup plus que nous. Les Chinois et les Russes ont tout fait plus que nous.

Et si ce manque d’accès à notre sport devenait un avantage, voire la clé du succès?

Nous venons de le vivre avec nos patineurs de vitesse aux Pays-Bas. Ils ont connu des succès extraordinaires malgré le fait qu’ils n’ont pratiquement eu aucun accès à l’anneau de Calgary depuis le début de la pandémie. Nos athlètes de longue piste ont dû trouver des solutions, ils se sont entraînés d’autres façons. Et lorsqu’ils sont arrivés à l’anneau d’Heerenveen, ils ont exécuté chaque coup de patin avec passion.

Il y a aussi des bénéfices physiques dans ce repos forcé. On évite le surentraînement, qui est une vraie plaie, surtout lors d’une année olympique. Les blessures d’usure liées à ce surentraînement sont aussi minimisées. Donc, lorsque l’athlète arrive en compétition, il est frais et dispo, comme on dit. Frais d’un point de vue physique et dispo pour le psychologique. Voilà les deux ingrédients principaux de la recette gagnante, selon moi.

Si je n’ai pas encore rassuré les athlètes et les entraîneurs pour Tokyo, je leur dis de penser à un athlète qui est revenu d’une blessure grave après 10 ou 12 mois de repos forcé pendant que le reste du monde continuait à s’entraîner de façon optimale, contrairement à ce que le reste du monde vit présentement. Je suis certain que cet athlète est revenu à la compétition aussi fort, sinon plus. Comment expliquer cela? J’ai une petite idée… En faire moins pour faire mieux!

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