Histoire de l'Ukraine

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Evolution territoriale des états ukrainiens de 1654 à 1954 :
1654 : rattachement du territoire à la Russie (traité de Pereïaslav)
1711 : Création du gouvernement de Kiev
1917 : République populaire d'Ukraine occidentale et République populaire ukrainienne
1918 : traité de Brest-Litovsk
1921 : République socialiste soviétique d'Ukraine
1939 : acquisition de la Galicie orientale (partage de la Pologne
1940 : acquisition de territoires roumains (invasion soviétique
1945 : acquisition de la Transcarpatie
1954 : transfert de la Crimée

L’histoire de l’Ukraine comprend celle de l'État indépendant (1918-1920 et depuis 1991) mais aussi celle du territoire ukrainien avant l'indépendance.

Préhistoire[modifier | modifier le code]

Poterie typique de la Culture de Cucuteni-Trypillia.

Durant le néolithique plusieurs populations nomades et agricoles ont occupé les régions plates, fertiles et bien irriguées de l'Ukraine contemporaine :

  • la Culture Dniepr-Donets ((5000 à 4200 av J.C.) ) est une culture du Mésolithique qui s'est développée au nord des mer Noire et mer d'Azov, entre les fleuves Dniepr et Donets. Cette culture est caractérisée par la présence de villages de pêcheurs semi-sédentaires le long des rivières, spécialement le long des rapides du Dniepr. Les vestiges de cette culture sont des poteries et des tombes sous forme de fosses.
  • la Culture de Sredny Stog (4500 à 3500 av J.C.) est une culture marquant la jonction du Néolithique au Chalcolithique. Les populations plutôt nomades se déplaçaient le long du fleuve Dniepr. Les morts étaient enterrées dans des fosses sans tumulus où le mort était placé en décubitus dorsal avec les genoux repliés avec son corps recouvert d'ocre. La phase II de la culture connaissait les poteries à céramique cordée et des haches de guerre en pierre du type que l'on associe aux cultures indo-européennes du nord de l'Europe.
  • Culture de Cucuteni-Trypillia (5100-2750 av J.C.) est une culture du Néolithique centrée sur la Moldavie actuelle qui s'étendait à l'est jusqu'à la vallée du Dniepr (ouest de l'Ukraine contemporaine). Elle est caractérisée par la pratique d'une agriculture de subsistance, la création de villages pouvant compter jusqu'à plusieurs milliers d'habitations et l'absence de stratification sociale. La disparition de cette société restée stable durant près de deux millénaires est controversée : invasion par les nomades Yanma, refroidissement climatique, ...
  • Les populations de la culture Yamna (3600 à 2300 av J.C.) occupent les rives de la mer Noire et les bassins des fleuves Boug, Dniepr, Don et basse Volga. Ce sont des peuples semi-nomades qui pratiquent l'agriculture le long des fleuves et fortifient parfois des sites. C'est une culture du Néolithique final et de l'Âge du bronze ancien. La caractéristique la plus notable de cette culture est l'inhumation dans des kourganes (tumulus) recouvrant des fosses à tombes où le mort est placé en décubitus dorsal avec les genoux repliés avec son corps recouvert d'ocre. Les plus anciens restes d'un char à roues en Europe de l'Est ont été découverts dans le kourgane, associé à cette culture près de Dnipro.

Proto-histoire et Antiquité[modifier | modifier le code]

Après les populations préhistoriques que les Grecs désignaient comme « Pélasges », les principaux groupements venus peupler ce qui est aujourd’hui l’Ukraine, durant le IIe millénaire av. J.-C., furent des Indo-Européens : les Cimmériens, les Scythes et les Sarmates, qui furent rejoints et influencés par les Grecs en Crimée. Un royaume Scythe hellénisé, la Bosphoranie, se forma au IIIe siècle avant notre ère, autour du « lac Méotide » ; sa brillante capitale était Panticapée (Kertch). Au Ier siècle de notre ère, celui-ci devient un état-client des Romains, devenus par la suite les « Byzantins ».

À partir du IIIe siècle de notre ère les Goths et d’autres peuples nomades se succédèrent durant le Ier millénaire : la culture matérielle de ces peuples (artisanat, rites funéraires, etc.) se retrouve dans les sites archéologiques de la culture de Tcherniakhov. Parmi ces peuples, les Antes sont d’un intérêt particulier pour les Ukrainiens, car on pense que les Antes sont une civilisation proto-slave. Beaucoup d’objets trypiliens datent de cette époque. Du IIe siècle au XIIIe siècle, des peuples turcophones ou finno-ougriens se succèdent d’est en ouest le long de la mer Noire : Huns, Avars, Bulgares, Khazars, Magyars, Petchénègues, Polovtses, Tatars et Mongols. Pendant ce temps, des tribus slaves occupent pacifiquement l’Ukraine occidentale, centrale et septentrionale à partir du VIe siècle : elles ont joué un rôle important dans la fondation de Kiev par les Scandinaves.

État de Kiev[modifier | modifier le code]

Au VIIIe siècle, le commerce varègue (des Vikings orientaux) de la Baltique à la mer Noire fédère les différentes tribus slaves et, au IXe siècle, Kiev est prise aux Khazars par le varègue Oleg le Sage, fondateur d’un « État des rameurs » ou Rodslagen, en proto-slave Rous’ : c’est l’âge d’or de sa capitale, Kiev. Le territoire de la Rus’ couvrait le Nord de l’actuelle Ukraine ainsi que la Biélorussie et l’Ouest de la Russie. De Rous’ viennent la dénomination des « Russes », mais aussi celle des « Ruthènes » ou « Russins » désignant les Ukrainiens occidentaux. Le nom d’« Ukraine », qui signifie « pays frontalier » en russe, est venu avec l’expansion de la Moscovie, bien plus tard.

Au XIe siècle, la Rus' de Kiev était géographiquement le plus vaste État d’Europe. En 988, sous le règne de Volodymyr le Grand, un missionnaire grec, Cyrille, convertit l’aristocratie kiévienne (surtout varègue) et la majorité de la population au christianisme. Sous le règne de Iaroslav le Sage, le prestige de l’État kiévien atteint son apogée : il s’étend de la Baltique à la mer Noire et du confluent de l’Oka avec la Volga jusqu’aux Carpates septentrionales. Yaroslav fut un grand bâtisseur, c’est lui qui fit construire la célèbre cathédrale Sainte-Sophie à Kiev, et un grand législateur. Le droit, l’éducation, l’architecture et l’art kiévien connaissent un apogée sous son règne.

La succession au trône de Kiev n’est pas héréditaire en ligne directe : le pouvoir va au membre le plus âgé de la famille princière. Le territoire est divisé en apanages dévolus par le prince aux familles de boyards, hiérarchisés selon leur étendue, et qui vont au membre le plus âgé de chaque dynastie. Le décès de cet aîné entraîne de nombreux conflits et, à terme, favorise la fragmentation de l’État. Kiev fut saccagée par le prince de Vladimir (1169). Les convoitises extérieures en profitent : Kiev est pillée par les Coumans, puis par les Tatars et Mongols en 1240 (siège de Kiev). Par conséquent, les principautés russes et ruthènes durent reconnaître la souveraineté des Mongols. Les autorités mongole et tatare étaient très cruelles, notamment en matière pénale, et, durant ces siècles de soumission, le peuple a souvent fui vers d’autres pays comme la Pologne, la Hongrie, la Moldavie ou la Crimée gréco-arménienne.

Galicie-Volhynie[modifier | modifier le code]

La principauté de Galicie succéda à l’État de la Ruthénie sur le territoire de l’Ukraine occidentale d’aujourd’hui. Elle fut la plus puissante des principautés ruthènes, englobant bientôt la Volhynie (ou Vladimirie) et la future Moldavie. Durant cette période (XIIIe-XIVe siècle), chaque principauté ruthène mena sa propre politique : celles du Nord-Est (Tchernihiv, Pereïaslavl) se rapprochèrent des principautés russes telles Novgorod ou Moscou, tandis que celles du centre (Kiev et Tourov) cherchèrent l’alliance lituanienne.

C'est en 1253 que le pape accorda au prince Daniel de Galicie (Danylo Halytskyï) la couronne royale qu’il détint jusqu’à sa mort en 1264. Mais le royaume de Galicie-Volhynie devint finalement lui aussi un vassal de l’Empire mongol, tout en continuant à rechercher l’appui des autres Européens (Polonais, Lituaniens).

Période lituano-polonaise au nord-ouest, turco-tatare au sud-est[modifier | modifier le code]

Grand-duché de Lituanie aux XIIIe et XVe siècles.
Les contours du royaume polono-lituanien avec ses vassaux en 1619 superposé aux frontières actuelles
  • 1 - La Couronne (Royaume de Pologne)
  • 2 - Borussie ou Duché de Prusse
  • 3 - Grand-Duché de Lituanie
  • 4 - Livonie
  • 5 - Duché de Courlande

Durant le XIVe siècle, les Polonais et les Lituaniens combattirent les Mongols et finalement toute l’Ukraine du nord-ouest passa sous l’autorité de la Pologne-Lituanie, qui annexe Kiev en 1362. Les Tatars se maintiennent dans la steppe pontique sur la côte nord de la mer Noire et en Crimée ; toutefois, de 1382 à 1484, le Grand Duché de Lituanie atteignit la mer Noire du côté d’Oçaq (ou Otchakiv, vers l’actuelle Odessa)[1]. La Lituanie prend le contrôle de la Volhynie au nord-ouest de l’Ukraine (y compris les régions autour de Kiev). Quant à la Pologne, elle prend le contrôle de la Galicie. Plus au sud dans la principauté de Moldavie, plusieurs citadelles et régions, qui font partie aujourd'hui du territoire ukrainien, sont la vassale de la Pologne. Dans ces régions du nord-ouest, outre les Ukrainiens que l’on nomme à l’époque Russyns, Ruthènes ou Petits-Russiens, le pays est habité par des Polonais, des Moldaves, des Allemands, des Arméniens, des Juifs et des Russes. À mesure que les Tatars perdent du terrain, nombre de villes et villages sont fondés. La noblesse d’Ukraine occidentale est souvent « polonisée ». La législation polonaise est introduite en Ukraine occidentale en 1434. Si la Pologne mène une politique relativement tolérante vis-à-vis de l’orthodoxie, elle favorise le catholicisme qui progresse dans les territoires occidentaux de l'actuelle Ukraine.

L’influence polonaise pénètre plus lentement dans les territoires relevant du grand-duché de Lituanie. L’orthodoxie y garde sa prédominance. Pourtant, les rapports de force au sein de l’État polono-lituanien tournent à l’avantage des Polonais. L’Union de Lublin (janvier 1569) consacre le triomphe de la Pologne. La Lituanie perd la plus grande partie de ses possessions ukrainiennes (Podlachie, Volhynie, Podolie, région de Bratslav et de Kiev). La noblesse de ces régions se polonise et se convertit au catholicisme. Une partie du haut-clergé orthodoxe est tentée par le rapprochement avec Rome. Le métropolite de Kiev et une partie du haut-clergé, en réaction contre les interventions réformatrices du patriarche de Constantinople, se rallie à Rome lors du concile de Brešč (Brest-Litovsk) en 1596. L'Union de l'Église de la Rus' de Kiev avec Rome forme l'Église grecque-catholique ukrainienne qui fait partie des uniates.

C’est durant cette domination lituano-polonaise, à partir du XVe siècle, que se forment les Cosaques, des paysans ruthènes orthodoxes qui refusent la servitude et l’assimilation aux Polonais catholiques. Le royaume de Pologne les tolère et les utilise contre les Tatars, puis, à partir du XVIe siècle, contre les Turcs ottomans, devenus suzerains des Tatars de Crimée.

Le clivage entre le nord-ouest, orthodoxe mais souys influence polonaise et lituanienne, c'est-à-dire occidentale, et le sud-est soumis aux Tatars et aux Ottomans, puis conquis et colonisé par l'Empire russe, se retrouve jusqu'à aujourd'hui dans la structure politique du pays : le nord-ouest vote plutôt pour les pro-européens et se méfie de l'influence russe, tandis que le sud-est donne ses voix de manièr préférentielle. Les pro-russes se méfient de l'influence occidentale (souvent assimilée au fascisme depuis la Seconde Guerre mondiale) et peut même se soulever contre le pouvoir de Kiev lorsque ce dernier se rapproche de l'Ouest[2].

État cosaque, embryon de la nation ukrainienne[modifier | modifier le code]

Au XVIe siècle les cosaques se soulèvent à plusieurs reprises contre la noblesse polonaise. Le soulèvement le plus célèbre est mené par le Hetman cosaque Severyn Nalyvaïko en 1594. L’hetman Petro Sahaïdatchnyi contribue à la création d’un centre culturel à Kiev et cherche à unifier l’armée cosaque avec la noblesse et le clergé ruthènes. En 1648, l’hetman Bohdan Khmelnytskyi se soulève à son tour contre la Pologne. Le 16 mai, allié aux Tatars de Crimée et aux Russes de Moscou, il bat les Polonais à Jovti Vody et le 26 mai à Korsoun. Le début de la guerre de libération ébranle les fondations et la stabilité de l’union lituano-polonaise. Ce soulèvement aboutit à la création d’un territoire Cosaque autonome baptisé « Ukraine » (« Marches ») dans le bassin du Dniepr, situé entre la Pologne et la Russie. L’Ukraine de la rive gauche du Dniepr est intégrée à la Russie en tant qu’hetmanat cosaque par le traité de Pereïaslav en 1654 et la guerre russo-polonaise qui s’ensuit. Les Cosaques combattent la Pologne, plus tard la Russie pour leur indépendance. Au tournant du XVIIIe siècle, l’hetmanat fait partie des pays les plus alphabétisés de toute l’Europe grâce à la création d'un réseau d'écoles qui s'étend à la plupart des villages. Les hetmans Bohdan Khmelnytskyï, Petro Sahaïdatchnyï et Ivan Mazeppa savent parler plusieurs langues[3].

Cosaques, domination russe et autrichienne[modifier | modifier le code]

En 1708, l’hetman Ivan Mazepa fait reconnaître l’indépendance de l'Ukraine par Charles XII de Suède mais dès 1709, le tsar Pierre Ier bat Ivan Mazeppa et les Suédois à Poltava. Les Cosaques deviennent vassaux de la Russie, qui les utilise en tant que force militaire dans son expansion contre l’Empire Ottoman et la Pologne. De son côté le sud de l’Ukraine reste sous le contrôle du Khanat de Crimée (tatar) et de l’Empire ottoman. En 1772, lors du premier partage de la Pologne, la Galicie (Ukraine de l’ouest) devint autrichienne. En 1793, lors du deuxième partage, Catherine II, impératrice de Russie, supprime l’autonomie des Cosaques, et étend l’Empire russe jusqu’à la mer Noire. Les trois quarts de l’actuelle Ukraine sont dès lors russes. Bucovine et Bessarabie sont encore moldaves, tandis que le comté du Máramaros, l’actuelle Ruthénie transcarpatique est encore hongrois.

L’Assemblée des juges (1844), une des gravures de l’Ukraine pittoresque de Tarass Chevtchenko.

Comme d’autres peuples en Europe, un mouvement de renaissance nationale ukrainien se fait jour à partir du milieu du XIXe siècle dans l’Empire russe. Mais le pouvoir russe considère que ce mouvement est téléguidé par les Polonais. Ls cercles nationaux (hromady) sont supprimés et il est interdit d’imprimer des ouvrages en ukrainien. Les élites russes considèrent les Ukrainiens comme des « Petits-Russes ».

La culture ukrainienne connaît une renaissance au milieu du XIXe siècle, en parallèle avec le mouvement régionaliste qui fleurit à la même époque en Europe. Ce mouvement est concentré dans les régions de la Ruthénie, de la Volhynie ou de la Podolie et autour de Zaporijjia. C'est alors qu'apparaît de plus en plus le terme d'Ukraine — Oukraïna signifiant « à la marche », terme employé surtout dans la langue ecclésiastique depuis le XVIe siècle mais qui est remis à la mode par les intellectuels à la fin du XIXe siècle. Le pouvoir impérial russe officiellement ne connaît pas ce terme d'Ukraine. Le territoire de l'actuelle Ukraine est comme partout ailleurs dans l'Empire russe à l'exception du grand-duché de Finlande, est constitué de gouvernements ou provinces : gouvernement de Kiev, gouvernement de Tchernigov, Gouvernement de Iekaterinoslav, gouvernement de Kherson, etc. . Ces entités administratives résultent de l'assemblage de plusieurs entités : Petite Russie, Nouvelle Russie (correspondant en partie aux territoires enlevés à l'Empire ottoman), parties de la Bessarabie, etc. En 1876, l'Empire interdit la langue ukrainienne dans les écoles, et la limite dans les journaux et la littérature. Cette limitation provoque en retour une revendication idéologique qui permet de comprendre l'opposition linguistique actuelle. Les différentes formes d'ukrainien ne sont plus parlées que par une frange de la paysannerie et certains cercles cultivés de régionalistes : instituteurs, universitaires, ecclésiastiques.

Les intellectuels et écrivains ukrainiens (notamment Taras Chevtchenko) s’inspirent de l’éveil des nations qui se diffusait à travers les autres peuples d’Europe soumis à divers Empires, et décident de ranimer la langue ukrainienne, et les traditions culturelles ruthènes afin de constituer un État-Nation. Mais l'Empire russe mène une politique générale de russification, allant jusqu’à interdire l’utilisation et l’étude de la langue ukrainienne. Le sort des Ukrainiens est plus positif sous les Autrichiens ou les Moldaves. Au milieu du XIXe siècle, dans le contexte abolitionniste du servage[4] se développa dans la vie intellectuelle russe, aussi bien à Saint-Pétersbourg qu'à Kiev, une ukrainophilie qui va de pair avec l'amour des paysans (fascination notamment des propriétaires polonais, appelés les chlopomanes : « passionnés du paysan », de son folklore et de la vie quotidienne). En 1892, Kiev compte près d’un demi-million d’habitants, mais c’est une ville russifiée, alors qu’à Lviv (Lemberg) et Tchernivtsi (Czernowitz) des associations culturelles ukrainiennes prospèrent.

L’actuelle Ukraine reste partagée entre les Empires autrichien et russe jusqu’à la Révolution de février 1917.

Première indépendance (1917-1920)[modifier | modifier le code]

Cartes de l'Ukraine entre 1914 et 1920
Les territoires revendiqués fin 1918 par les républiques ukrainiennes de Lemko, de Ruthénie subcarpathique et d'Ukraine occidentale.
La République populaire ukrainienne, sur le terrain.
Chars français à Odessa pendant l'intervention alliée de 1918-1919.

La Première Guerre mondiale et la Révolution russe aboutit à la disparition des Empires russe et autrichien. Les Ukrainiens déclarent leur indépendance. Ils créent dès le la Rada centrale (parlement) dont Mykhaïlo Hrouchevsky devient président le 27 mars et le reste jusqu’au . Le 20 novembre, la Rada centrale proclame la République populaire ukrainienne, reconnue par la France et la Grande-Bretagne en janvier 1918, et déclare son indépendance le . Cependant, l’offensive des Bolchéviks contraint le gouvernement à quitter Kiev en février 1918.

En mars 1918, par le traité de Brest-Litovsk, Lénine livre l’Ukraine aux occupants allemands, qui permettent le retour du gouvernement à Kiev. Mais une période de terribles troubles s’ensuit : corps francs allemands, troupes russes débandées, anarchistes de Nestor Makhno, différentes factions ukrainiennes (pro-alliées, pro-allemandes ou pro-bolchéviques) s’affrontent, pillant villes et villages. Le 29 avril, Mikhaïlo Hrouchevsky est réélu président, mais un coup d’État conservateur proclame Pavlo Skoropadsky hetman de l’État d'Ukraine. Cette période d’Hetmanat est brève puisqu’elle dure jusqu’en novembre 1918, date à laquelle une insurrection du Directoire bat l'hetman le 18 novembre près de Motovylivka. Volodymyr Vynnytchenko puis Symon Petlioura sont alors nommés présidents du Directoire de la République populaire ukrainienne jusqu’en octobre 1920. De plus, durant l’année 1919, l’Ukraine est secouée par de multiples pogroms contre les Juifs.

En même temps et à la suite de la chute de l’Empire austro-hongrois, un comité ukrainien prend le pouvoir en Galicie le et proclame une République populaire d'Ukraine occidentale (ZUNR) 9 novembre à Lviv. Il en va de même le dans le nord-ouest de la Bucovine et le en Transcarpatie, ainsi qu’autour de Lemko en Galicie occidentale. Mais les Polonais de Galicie et les Roumains de Bucovine proclament simultanément leurs ralliements respectivement à la Pologne renaissante et au royaume de Roumanie, de sorte que le gouvernement de la ZUNR doit s’établir à Ternopil ; les comités ukrainiens de Lemko, de Bucovine et Transcarpatie ne parviennent pas à contrôler leurs territoires, et l’année suivante, Polonais et Roumains sont admis à faire valoir leurs revendications à la Conférence de la paix de Paris (1919), alors que ce droit est refusé aux Ukrainiens. Pourtant, en dépit de la guerre polono-ukrainienne de Galicie, et de sa non-reconnaissance par les puissances occidentales, le gouvernement de la ZUNR réussit à maintenir son autorité autour de Ternopil, une région de Galicie où il n’y a que très peu de Polonais et pas de Bolcheviks.

La proclamation de la nouvelle république, qui revendique sa souveraineté sur la Galicie orientale et les Carpates, jusqu'à la ville de Nowy Sącz, à l'ouest, ainsi que la Bucovine, est une surprise pour les Polonais. Les Ukrainiens, habitants de Lviv, approuvent la proclamation avec enthousiasme. L'importante minorité juive la soutient ou reste neutre, tandis que les Polonais préparent leur riposte. Du au de violents combats opposent Ukrainiens et Polonais dans la bataille de Lviv (en).

Le , le secrétariat d’État de la République populaire d’Ukraine occidentale conclut un accord préliminaire avec le Directoire de la République populaire ukrainienne, portant sur l'union des deux états ukrainiens. L'accord est approuvé par la Rada de la ZUNR le et par le Directoire le , date à laquelle l'union est officiellement proclamée. Dès lors, la ZUNR prit le nom de province de l'ouest de la République populaire ukrainienne. Mais l’union n'est pas pleinement établie : les organismes gouvernementaux de la ZUNR continuent de fonctionner séparément à Ternopil.

Le , UNR et ZUNR s’unissent, mais en même temps, les Allemands se retirent, et dans le vide ainsi créé se déclenche une guerre de harcèlement confuse de type "chacun contre tous les autres" entre troupes russes tsaristes, dites Blanches (dirigées par le général Dénikine et soutenues par les armées Alliées franco-britanniques), l’armée communiste des Bolcheviks dite Rouge, l’armée nationaliste ukrainienne de Symon Petlioura et les troupes anarchistes dites Noires. À part les deux dernières, principalement composées d’Ukrainiens, toutes ces troupes vivent sur le pays et affament les villageois ukrainiens à coups de réquisitions répétées. Au cours de cet affrontement généralisé, les Français et les Britanniques occupent Odessa, Sébastopol et d’autres ports, mais l’intervention franco-britannique tourne court à cause du manque de moyens engagés, des mutineries de la mer Noire et de l’hostilité de la population exaspérée par les réquisitions (mars-avril 1919).

A la fin de 1919 et au cours de la première moitié de 1920, les Bolcheviks finissent par l’emporter sur les autres belligérants, et la partie anciennement russe de l’Ukraine, avec Kiev pour capitale, est intégrée à l’URSS créée en 1922, tandis que la partie, qui était auparavant autrichienne, avec Lviv pour ville principale, est intégrée à la Pologne en 1921. La petite Ukraine transcarpatique, jadis hongroise et brièvement indépendante en novembre 1918, vote son rattachement à la Tchécoslovaquie tandis que la Bucovine, sa minorité ukrainienne se résigne à son rattachement à la Roumanie : ces deux régions évitent ainsi la « soviétisation », des réquisitions, la collectivisation et les famines qui s'ensuivent, dont la Holodomor. La ZUNR continue d’exister en exil à Berlin jusqu’en 1923.

L'Ukraine soviétique (1922-1991)[modifier | modifier le code]

La formation territoriale de l'Ukraine moderne de 1918 à 1954.

Le 30 décembre 1922, l’URSS naissait du traité qui réunissait la RSFSR, la Biélorussie, l’Ukraine et la Transcaucasie[5]. Dans le conflit qui opposa les communistes du centre (Moscou) et les partis communistes nationaux, c’est le centre qui l’emporta et imposa une fédération. Quand Joseph Staline lança le premier plan quinquennal en 1928, l’Ukraine devint l’une des sources indispensables de son financement. Les années d’industrialisation furent marquées par la construction de la plus grande centrale hydraulique de l’Europe sur le Dniepr (le DnieproGuES), ce qui contribua à l’électrification de la République, ainsi qu’une importante mise en valeur du grand bassin minier et métallurgique, le Donbass.

Le drapeau soviétique de la RSS d’Ukraine.

Durant une brève période à la fin des années 1920 les dirigeants soviétiques laissent se développer la culture ukrainienne. La langue ukrainienne est de nouveau acceptée dans les publications, des écoles et des universités avec un enseignement en ukrainien sont rouvertes et les cadres d'origine régionale sont promus. Mais Staline à son arrivée au pouvoir ne ménage pas ses efforts pour réprimer le moindre signe d’un réveil national ukrainien, interprété comme un rejet du pouvoir stalinien et une menace à l’intégrité territoriale de l’Union soviétique.

Victimes de l’Holodomor à Kharkiv en 1933.

La catastrophe démographique des Ukrainiens commença en 1922 avec une première famine à la suite de la guerre civile russe puis la tristement célèbre famine de 1933 que les Ukrainiens appellent Holodomor. Provoquée par la collectivisation des terres, elle fait jusqu’à huit millions de morts en Ukraine et dans d'autres régions de l’URSS. Ce fut l’avant-dernière grande famine d’Europe avant la troisième et dernière, celle de 1947 également en Ukraine soviétique. Le régime stalinien a aussi procédé à d’innombrables déportations vers le Goulag et assassinats, surtout d’intellectuels ukrainiens. Ce fut notamment le cas pendant les Grandes Purges de 1937-1938 qui coûtent la vie à des milliers d’Ukrainiens.

Seconde Guerre mondiale (1939-1945)[modifier | modifier le code]

Après l’invasion de la Pologne en septembre 1939 par les troupes allemandes puis soviétiques, l'Union soviétique annexe les régions polonaises à majorité ukrainienne ; les régions à minorités ukrainiennes de Roumanie suivent en juin 1940. Tous ces gains territoriaux sont incorporés à la République socialiste soviétique d'Ukraine en août 1940, à l'exception du centre de la Bessarabie qui fut constitué en République socialiste soviétique moldave. Les nouvelles régions incorporées sont mises au pas : la presse contrôlée, les églises opprimées, les « contre-révolutionnaires » arrêtés : 345 000 personnes sont déportées, 30 000 exécutées. Les Polonais forment la moitié des personnes déportées, les Juifs un tiers, le reste sont des Ukrainiens[6]. Les massacres et déportations d'avril-mai 1940 touchent également les populations d'Ukraine occidentale[6].

Monument aux victimes polonaises assassinées par l'Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA).

L'Ukraine agrandit ainsi son territoire, mais le régime stalinienest si répressif, que lorsque l'Allemagne nazie envahit l'URSS en 1941, certains Ukrainiens accueillent la Wehrmacht en libératrice. Un certain nombre d'Ukrainiens s'engagèrent notamment dans les forces de police, la légion ukrainienne, le 201e bataillon Schutzmannschaft, l'Armée de libération de l'Ukraine, l'Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), les Hiwis, et la 14e division de la Waffen SS. Plusieurs milliers d'Ukrainiens rejoignirent, eux, les mouvements de résistance des partisans soviétiques menés par Oleksiy Fedorov, Mykola Poupoudrenko et de Sydir Kovpak. Le , l'organisation des nationalistes ukrainiens de Stepan Bandera proclame l'indépendance de l’Ukraine à Lviv, mais les nouveaux occupants ne tolèrent aucun gouvernement ukrainien, ni même une autonomie administrative et arrêtent le leader nationaliste[6]. Des massacres d'envergure ont lieu sur les arrières du front par les Einsatzgruppen contre l'appareil communiste et les communautés juives[6]. L'armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) continuera son combat contre l’armée rouge, jusqu’à son anéantissement en 1954. En 1944, l'Armée rouge libère l’Ukraine des nazis. Les Ukrainiens qui avaient servi les Allemands, et également les membres de l’UPA, furent en 1945, pour la plupart internés au Goulag comme traîtres. À la fin de la guerre, les pertes ukrainiennes s'élèvent à 8 millions de personnes[7] dont 1,377 million de militaires soviétiques de nationalité ukrainienne (15,9 % des pertes totales de l'Armée rouge)[8]. En 1945, à la demande de Staline, pour souligner son rôle dans la défaite des nazis, l’ONU fait de l’Ukraine, en même temps que de l'URSS et de la Biélorussie, l'un des membres fondateurs de cette organisation[9]. L'URSS y disposera ainsi de 3 voix au lieu d’une. En outre, 4 villes ukrainiennes : Odessa, Kertch, Sébastopol et Kiev portent le titre honorifique de ville héros (accordé aux villes d'Union soviétique dont les habitants ont héroïquement combattu la Wehrmacht au cours de la Seconde Guerre mondiale).

L'Ukraine après la guerre sous Staline (1945-1955)[modifier | modifier le code]

Les ukrainiens qui ont profité du conflit pour se révolter contre le pouvoir soviétique continuent de se battre après la défait des allemands. Les troupes spéciales du NKVD mettent dix ans à venir à bout de la résistance de l'armée ukrainienne en Galicie[9] ; toutefois la majorité des survivants sont amnistiés et libérés par Nikita Khrouchtchev après la mort de Staline. A l'issue de la seconde guerre mondiale, plusieurs territoires prélevés sur les pays vaincus sont ratachés à la République socialiste soviétique d'Ukraine. En 1945, Staline enlève à la Tchécoslovaquie la Ruthénie subcarpatique, qui avait été rattachée à la Hongrie en 1938 et rétrocédée en 1945. En 1948, il enlève à la Roumanie, pourtant devenue communiste, plusieurs îles dont l’île des Serpents en mer Noire, qui sont rattachées à l’Ukraine. Enfin, en 1954, pour marquer le 300e anniversaire du traité de Pereïaslav, Khrouchtchev transféra la Crimée à la RSS d’Ukraine, dont la croissance territoriale est alors achevée  : ce transfert territorial a pour conséquence de renforcer le nombre de russophones dans la population[10]. Durant ces années d'après guerre le régime stalinien maintient son emprise sur toute l'Union soviétique. En Ukraine cela se traduit par des arrestations et déportations d’Ukrainiens continuent sous les prétextes les plus divers.

L'Ukraine post stalinienne (1955-1989)[modifier | modifier le code]

À partir de 1955, avec l'arrivée de Khrouchtchev au pouvoir, débute une période de libéralisation relative. Les communistes ukrainiens commencent à prendre en compte des objectifs nationaux. Ce dégel favorise l'apparition au cours des années 1960 d'un mouvement dissident en Ukraine, mené par des personnalités telles que Viatcheslav Tchornovil, Vassyl Stous, Levko Lukyanenko. Comme dans les autres républiques membres de l’URSS, les mouvements sont toutefois rapidement réprimés, leurs membres condamnés à des peines de Goulag et d’exil. Ce n'est que pendant la perestroïka de Mikhaïl Gorbatchev que les espoirs de démocratisation se concrétiseront.

Catastrophe de Tchernobyl (1986)[modifier | modifier le code]

En 1986, dans la ville de Tchernobyl, une catastrophe nucléaire eut lieu dans la centrale de cette ville, qui contamina non seulement l'Ukraine, la Biélorussie et la Russie, mais aussi les autres pays d’Europe. Ce fut la plus grave catastrophe nucléaire du XXe siècle. Pour l'historien Nicolas Werth, « cet événement impulse une réflexion sur la responsabilité du pouvoir central et sur la place de l'Ukraine, la deuxième république soviétique par sa population, au sein de l'URSS : [...] est-elle destinée, après avoir été, sous Staline, un grenier à blé surexploité, à devenir la poubelle nucléaire de l'URSS ? »[11].

Vers l'indépendance de l'Ukraine (1989-1991)[modifier | modifier le code]

Ce n’est qu’en 1989 que la libéralisation du régime soviétique et la libération de tous les détenus politiques permit aux Ukrainiens de s’organiser pour défendre leurs droits. Le Mouvement populaire d'Ukraine « Roukh », le premier parti politique indépendant ukrainien depuis 1919, fut ainsi fondé en 1989. Lors des élections de mars 1990, les partis ukrainiens du bloc démocratique obtiennent environ 25 % des sièges au Parlement. Sous l’influence des députés démocrates, le Parlement adopte, le , la Déclaration sur la souveraineté politique de l’Ukraine. C'est le premier pas vers l’indépendance complète de l’Ukraine. Celle-ci est proclamée dans un Acte de déclaration d'indépendance de l'Ukraine le et confirmée par le référendum sur l'indépendance organisé le  : 90,5 % d’électeurs votent pour l’indépendance. La semaine suivante, l’URSS cesse d’exister à la suite de la dissolution décidée lors de la réunion à Minsk des dirigeants russe, ukrainien et biélorusse.

Seconde indépendance (depuis 1991)[modifier | modifier le code]

Présidence Kravtchouk (1991-1994)[modifier | modifier le code]

Le 12 décembre 1991, Leonid Kravtchouk est élu président de la République. Dès les premiers jours de son mandat, Kravtchouk fait du resserrement des liens avec l'Europe une priorité de sa politique étrangère. Un des objectifs de cette politique est de prendre de la distance avec la Russie avec laquelle l'Ukraine indépendante est en conflit sur plusieurs sujets : ce sont notamment le statut de la Crimée région majoritairement russophone et rattachée récemment à l'Ukraine et la question du contrôle de la flotte de la mer Noire basée à Sébastopol (Crimée). Par ailleurs les responsables ukrainiens veulent s'émanciper de la Russie et refuse à ce titre la proposition d'espace eurasien de la Russie qui constitue, selon eux, une menace pour l'indépendance de l'Ukraine. Ils souhaitent suivre la voie des autres pays du bloc communiste qui, à la suite de la chute du mur de Berlin et des régimes communistes, se sont pour la plupart rapproché de l'Europe occidentale en tournant le dos à Moscou. En application de cette politique Kravtchouk réalise une tournée des capitales européennes et signe des traités d'amitié avec la Hongrie et la Pologne. Après avoir entamé des discussions en 1993, un Accord de partenariat et de coopération est signé avec l'Union Européenne en juin 1994. Cet accord, entré en vigueur en 1998, a pour objectif de développer le dialogue politique et favoriser la coopération dans les domaines économiques, financiers, culturels,... et de soutenir la consolidation démocratique et la transition économique. Dans le cadre de son programme de soutien aux nouveaux régimes issus de l'effondrement de l'Union soviétique, l'Union européenne verse 1,8 milliard euros d'aides financières entre 1991 et 2003[12].

Présidences Koutchma (1994-2004)[modifier | modifier le code]

Le thème majeur de l'élection présidentielle ukrainienne qui a lieu en 1994 est l'orientation de la politique étrangère. Kravtchouk, le pro-européen, qui brigue un seconde mandat, affronte Leonid Koutchma, ancien Premier ministre qui prône, au nom du pragmatisme, un rapprochement avec Moscou. Selon Koutchma, la rupture des liens avec la Russie, et plus généralement avec l'espace eurasien proposé par Moscou, est à l'origine du déclin économique de l'Ukraine car c'est dans cet espace que se trouvent les clients et les fournisseurs de l'Ukraine. Il se prononce en faveur de la location du port de Sébastopol à la flotte russe et pour un statut officiel de la langue russe. Il est élu avec 52,1 % des suffrages au second tour. Durant les premiers mois du mandat, Koutchma se conforme à son programme ce qui amène une baisse des tensions avec la Russie. Mais en octobre 1994, Koutchma affirme qu'il n'a pas été élu pour devenir le vassal de la Russie. Et en 1996, il confirme que sa priorité est d'intégrer l'Union européenne. L'Ukraine se rapproche également de l'OTAN avec laquelle elle signe une charte de partenariat en juillet 1997. En juin 1998, un décret portant sur la stratégie d'intégration à l'Union européenne fixe des objectifs dans les domaines politique, économique, culturel... En septembre 2000, l'Ukraine définit les étapes qui doivent conduire le pays à une adhésion à l'Union européenne vers 2010-2011. Un secrétariat d’État à l'intégration européenne est créé auprès du ministère des Affaires étrangères. Mais si les intentions pro-européennes sont ambitieuses, elles ne débouchent que rarement sur des actions concrètes[13].

Durant cette première décennie d'indépendance (décennie 1990), l'Ukraine connait un effondrement économique. Le début des années 2000 sont marquées par le retour d'une forte croissance mais celle-ci est caractérisée par une redistribution très inégale des richesses qui profitent principalement aux puissants oligarques qui désormais interviennent dans le débat politique pour protéger leurs intérêts. Une classe moyenne commence à apparaitre[14].

À partir de son deuxième mandat, Koutchma est de plus en plus contesté car il est impliqué dans des affaires de corruption, d’enlèvement de journaliste (il est impliqué dans l'assassinat du journaliste Gongadzé) et de pressions électorales sur la presse. Sa position étant fragilisée, il recherche durant les dernières années de son mandat le soutien du président russe Vladimir Poutine qui à la même époque essaie de se rapprocher d'une Ukraine qui selon lui, s'est trop émancipée durant les années 1990[13].

Révolution orange (novembre 2004- janvier 2005)[modifier | modifier le code]

Révolution orange à la place Maidan à Kiev.

Pour l'élection présidentielle de 2004, Koutchma, qui ne se présente pas, soutient Viktor Ianoukovytch, ancien premier ministre originaire du Donbass. Celui-ci dispose de l'appui de Moscou et propose un rapprochement avec la Russie. Le principal candidat d'opposition est Viktor Iouchtchenko, pro-européen, qui bénéficie d'une forte popularité dans l'ouest de l'Ukraine. Iouchtchenko avait été premier ministre entre 1999 et 2001 et avait lancé un train de réformes qui devait notamment contribuer à mettre fin au système des oligarques mais il avait été contraint de démissionner sous la pression du milieu d'affaires gravitant autour du président. Les élections se déroulent dans un climat de forte tension. Les médias subissent des pressions, les forces d'opposition sont menacées et Iouchtchenko est victime d'un empoisonnement qui le laisse défiguré. Au second tour des élections, les résultats officiels donnent un résultat complètement différent des sondages en sortie des bureaux de vote. Ianoukovytch est annoncé vainqueur avec une avance de 3 % sur son opposant mais ce résultat est immédiatement contesté. Les observateurs de l'OSCE, qui surveillent le respect du processus électoral, signalent des fraudes massives dans l'est du pays. L'annonce des résultats déclenche des mouvements de protestation dans le pays et l'opposant Iouchtchenko refuse le verdict officiel, ce qui plonge l'Ukraine dans une crise politique profonde. Durant deux mois, des manifestations populaires (la révolution orange), qui rassemblent jusqu'à un million de personnes à Kiev, secouent le pays. Finalement la Cour suprême de l'Ukraine invalide l'élection et ordonne l'organisation d'un troisième tour avec les deux finalistes. Les électeurs votent le 23 janvier 2005 et Iouchtchenko remporte l'élection avec 51,9 % des voix contre 44,2 % pour Ianoukovytch[15].

Présidence Iouchtchenko (2005-2010)[modifier | modifier le code]

Un gouvernement dirigé par Ioulia Tymochenko, figure de l'opposition qui a joué un rôle central dans l'organisation de la révolution orange, est approuvé par le parlement le 4 février 2005 avec une très forte majorité (357 voix sur 449 le solde étant des abstentions). Le programme du nouveau gouvernement comprend de nombreuses mesures sociales ainsi que la nationalisation d'entreprises bradées lors de la première vague de privatisation. Mais les rapports entre le président et le premier ministre se détériorent rapidement chacun accusant l'autre de corruption.

Jusqu'au 31 décembre 2005, l'Ukraine bénéficiait de prix avantageux pour le gaz fourni par la Russie (50 USD/1 000 m3, contre 230 USD sur le marché européen)[16]. Le fournisseur russe, Gazprom, menace de réaligner le prix du gaz fourni à l'Ukraine sur celui du marché[17]. Ce chantage au prix du gaz justifié par la réalité du marché est un des moyens utilisés par Moscou pour faire pression sur l'orientation de politique étrangère du gouvernement qui poursuit son rapprochement avec l'Union européenne. À la suite de l'échec des négociations, Gazprom posa un ultimatum en menaçant de couper le gaz à l'Ukraine en ne laissant que passer celui à destination de l'Europe. C'est ce qui eut lieu le 1er janvier 2006[18]. Le gouvernement ukrainien trouve finalement un arrangement avec la Russie sur le prix du gaz naturel. Dorénavant, l’Ukraine paiera environ deux fois plus cher son gaz (95 dollars les 1 000 m3, contre 50 auparavant). Cet accord irrite fortement le Parlement et une coalition se forme pour voter une motion de censure contre le gouvernement. Le 10 janvier, la motion est adoptée par 250 voix pour et 50 contre, sur les 450 membres du parlementaire. Le gouvernement restera en place jusqu’à l’investiture d’un nouveau Premier ministre ce qui nécessite la tenue d'élections législatives anticipées.

Les élections législatives qui suivirent ont eu lieu le . Le Parti des Régions du pro-russe Viktor Ianoukovytch obtient 32,12 % de voix (186 élus), le Bloc de Ioulia Tymochenko (BUT) 22,7% (129 élus), le Parti présidentiel Notre Ukraine 13,94 % (81 élus), le Parti Socialiste 5,67 % (33 élus) et le Parti Communiste 3,66 % de voix (21 élus). Après de longs mois de tractations et de négociations pour former une majorité au parlement et un gouvernement, la coalition parlementaire « orange » (Notre Ukraine — Bloc de Ioulia Tymochenko (BIT) — Parti socialiste) difficilement constituée après plus de deux mois de débats, éclate le 7 juillet 2006, à la suite de la défection surprise du socialiste Alexandre Moroz élu président du Parlement avec le soutien de l'opposition pro-russe. Cette défection entraine le ralliement des socialistes à la formation Parti des Régions – Communistes et à la création d'une nouvelle alliance majoritaire (240 sièges sur 450), cette fois dirigée par l'ex-Premier ministre Viktor Ianoukovytch. les deux anciens rivaux, Iouchtchenko et Ianoukovytch, se mettent d'accord en signant un pacte d'unité nationale (Universal), qui marque les concessions politiques des deux côtés (entre autres, la soumission au référendum de la question de l'entrée du pays dans l'OTAN). Le groupe du Bloc Ioulia Tymochenko, jadis un allié de « Notre Ukraine », qui a quitté le siège de la Rada le en exigeant la tenue des législatives anticipées, ne signe pas l'Universal. Il devient donc l'opposition officielle. Le le parlement ukrainien nomme le chef du Parti des régions Viktor Ianoukovytch au poste de Premier ministre ukrainien. La candidature de Ianoukovytch est appuyée par 271 voix, pour 226 requises.

Mais après des mois de conflits entre Iouchtchenko et Ianoukovytch et de nombreux députés passant de l’opposition à la coalition majoritaire (de façon inconstitutionnelle, selon le président), Iouchtchenko décrète la dissolution du parlement le . La Rada suprême qualifie cette décision d’anticonstitutionnelle.

Présidence Ianoukovytch (2010-2014)[modifier | modifier le code]

Pour l'élection présidentielle ukrainienne de 2010, les trois principaux candidats sont Iouchtchenko malgré une popularité en forte baisse, Ianoukovytch et Tymochenko. Le second tour oppose Tymochenko à Ianoukovytch. Ce dernier l'emporte avec 48% des voix contre 45% pour sa rivale. Durant sa mandature, le nouveau président fait supprimer les amendements de la constitution qui limitaient les pouvoirs du président (rétablissement d'un régime présidentiel) qui avait paralysé le gouvernement dépourvu d'une majorité parlementaire stable. Ianoukovytch est accusé de créer une démocratie contrôlée en détruisant le principal parti d'opposition, le Bloc de Ioulia Tymochenko . Celle-ci à la suite d'un procès dont le jugement est rendu en septembre 2011, est emprisonnée pour différents motifs de corruption à sept ans de prison. Ce procès et les conditions de détention de Tymochenko suscitent de vives critiques en Europe occidentale.

Euromaïdan (2013)[modifier | modifier le code]

Fin 2013, alors qu'un accord d'association doit être signé entre l'Union Européenne et l'Ukraine, la Russie essaie de faire pression sur Kiev pour le faire changer d'avis, notamment en restreignant certains produits, en revoyant les prix du gaz et en envisageant d’imposer aux citoyens ukrainiens un passeport étranger. Moscou craint en effet que cette union se fasse à son désavantage, alors que Vladimir Poutine ambitionne en même temps un rapprochement avec les pays anciennement soviétiques. De l'avis de l'analyste politique Vladimir Fessenko : « en mettant ainsi la pression, la Russie ne fait que pousser l'Ukraine dans les bras de l'Europe »[19].

En novembre 2013, l'Ukraine décide finalement, en raison de pressions russes[20], de refuser l'accord avec l'Union européenne et de « relance[r] un dialogue actif avec Moscou »[21].

Ce revirement entraîne d'importantes manifestations pro-européennes à Kiev rassemblant au moins 100 000 personnes, l'occupation de la place Maïdan et de la mairie, avec comme mot d'ordre la démission du président Viktor Ianoukovytch[22].

Un conflit russo-ukrainien diplomatique et militaire débute fin novembre 2013 entre la Russie et l'Ukraine, la Russie s'opposant à la prise de distance de l'Ukraine[23].

Dans la semaine du 17 février 2014, les manifestations sont durement réprimées causant la mort d'environ 80 personnes. Le 22 février, le Parlement vote la destitution du président Ianoukovitch, apparemment en fuite à l'est du pays[24] L'opposante Ioulia Tymochenko est libérée et fait sa première apparition publique le soir sur la place de l'indépendance, en fauteuil roulant, après deux années de détention.

Annexion de la Crimée par la Russie (2014)[modifier | modifier le code]

En mars 2014, la Russie annexe la Crimée : des troupes russes, sans uniformes identifiables, prennent le contrôle de cette région de l'Ukraine et parviennent à chasser les forces militaires ukrainiennes. Un référendum d'auto-détermination est organisé en mars et la Crimée est rattachée à la Russie. La légitimité internationale de cette annexion n'est pas reconnue. Le gouvernement ukrainien d’Oleksandr Tourtchynov accuse la Russie « d'invasion » et d'« occupation armée » tandis que la Russie nie la présence de soldats russes en Crimée et affirme que ces soldats sont des « forces locales d'auto-défense »[25], tout en évoquant la possibilité d'envoi de troupes en Ukraine[25]. Le 11 mars, le parlement de Crimée déclare l'indépendance de la République de Crimée (réunissant la République autonome de Crimée et Sébastopol). Le 18 mars 2014, à la suite d’un référendum tenu le 16 mars, le gouvernement russe annonce que la République de Crimée (correspondant à l’ancienne République autonome de Crimée) et la ville de Sébastopol, anciennement ukrainiennes, deviennent deux nouveaux sujets fédéraux de la Fédération de Russie.

Présidence Porochenko (2014-2019)[modifier | modifier le code]

Le soulèvement populaire d'Euromaïdan en 2013 était en partie motivé par la lassitude des ukrainiens envers une classe politique inefficace et corrompue. Aucun des dirigeants portés au pouvoir à la suite de la Révolution orange de 2004 n'était parvenu à changer cette situation. Petro Porochenko se porte candidat à l'élection présidentielle anticipée de 2014 avec le soutien de l’UDAR de Vitali Klitschko. Cet oligarque, à la tête de la confiserie industrielle Roshen, n'a ni programme précis ni charisme mais il est perçu par les électeurs comme un chef d'entreprise compétent qui grâce à sa fortune personnelle ne devrait pas être tenté de détourner l'argent public. Par ailleurs les électeurs considèrent que son expérience politique (il a occupé plusieurs postes ministériels) lui donne les capacités de réunifier une Ukraine en cours de désagrégation sous les coups de boutoir du voisin russe (Crimée, Donbass)[26],[27],[28],[29]. Les élections ont lieu le 25 mai et Porochenko est le premier président de l'Ukraine à être élu dès le premier tour avec 54,7 % des suffrages contre 12,8 % pour Tymoshenko qui vient tout juste d'être libérée de prison[30],[31]. Seuls 18 millions d’électeurs ont pris part au scrutin (25 millions en 2010), le scrutin n’ayant pu se tenir dans une partie de l'Est de l'Ukraine, notamment en Crimée et dans les régions de Donetsk et de Lougansk[32].

L'attention du nouveau président est immédiatement mobilisée par la guerre du Donbass et ses conséquences humanitaires. Le conflit qui prend de l'ampleur au cours des mois qui suivent son élection se traduit par une défaite sévère des troupes ukrainiennes confrontées en réalité à l'armée russe puis par un conflit larvé qui se poursuit tout au long du mandat de Porochenko. Ce dernier essaie également de lutter contre la corruption omniprésente et le clientélisme favorisés par le climat d'impunité qui ont jusque là empêché la mise en place d'un véritable gouvernement démocratique. Parmi les actions menées à bien figurent la création fin 2018 d'une Haute cour anti-corruption dotée d'une chambre d'appel spécialisée. Mais, compte tenu de l'ampleur du problème et de ses pouvoirs limités en tant que président, Porochenko ne parvient qu'à répondre très partiellement aux attentes de ses électeurs et sa côte de popularité dépasse à peine 10 % en 2019 à la fin de son mandat[26].

Le 27 juin 2014, le nouveau président Petro Porochenko, signe un accord de libre échange avec l'Union Européenne à Bruxelles[33].

Guerre du Donbass[modifier | modifier le code]

  • Oblasts sous contrôle nominal de l'Union des républiques populaires.
  • Oblasts revendiqués par l'Union des républiques populaires.
  • Crimée, annexée de facto par la Russie.

Le soulèvement pro-russe, premier événement de la guerre du Donbass, dans l'Est du pays (Donbass), le long de la frontière russe où les russophones et les partisans de l'ancien président Viktor Ianoukovytch sont les plus nombreux, se déroule contre le nouveau pouvoir ukrainien. Il se manifeste notamment par l'apparition en avril 2014 de deux républiques sécessionnistes proclamées par la « Milice populaire du Donbass » : la République populaire de Donetsk et la République populaire de Lougansk, qui s'unissent le 22 mai 2014 en une Union des républiques populaires, reconnue par la république séparatiste géorgienne d'Ossétie du Sud, elle-même reconnue par la Russie. Des affrontements armés ont lieu avec les forces loyalistes ukrainiennes, au cours desquels un avion de ligne malaisien survolant la région est abattu en juillet 2014. Cette situation de guerre civile donne lieu à des tensions entre l'Occident et le régime de Vladimir Poutine, accusé de déstabiliser la région par le gouvernement de Kiev et par la communauté internationale. À la suite du crash de l'avion malaisien de la compagnie aérienne commerciale Malaysia Airlines abattu par un missile sol-air, l'Ukraine interdit le survol de l'est de son territoire[34].

Présidence Zelensky (2019-)[modifier | modifier le code]

L'élection présidentielle de mars- porte au pouvoir l'humoriste et comédien Volodymyr Zelensky, qui, après avoir éliminé dès le premier tour Ioulia Tymochenko, pourtant donnée favorite durant toute l'année 2018, récolte 73 % des voix au second tour face à un Porochenko affaibli par cinq années de guerre et de corruption[35]. Se présentant comme un candidat antisystème[36], Zelensky a mené une campagne atypique axée avant tout sur les réseaux sociaux, jouant de l'identification avec le personnage de professeur d'histoire élu président qu'il incarne depuis 2015 dans la série télévisée Serviteur du peuple. Ses détracteurs soulignent son discours populiste, son inexpérience et sa quasi-absence de programme[35]. Lors de son investiture le , Zelensky dissout le Parlement, où son parti (Serviteur du peuple) ne compte aucun député et déclenche des élections législatives anticipées. Cette décision est jugée anticonstitutionnelle par une partie de la classe politique, dont le Premier ministre Volodymyr Hroïsman, qui donne sa démission[37]. Le scrutin, qui a lieu le avec un taux de participation de 49,8 %, donne la victoire au parti de Zelensky avec une majorité absolue de 254 sièges sur 450[38].

Volodymyr Zelensky fait de la lutte contre la corruption l'un des grands axes de sa présidence : à cet effet, il met en place de nombreuses mesures anticorruption, dont une loi engageant la responsabilité pénale des fonctionnaires reconnus coupables de déclarations de revenus mensongères. Celle-ci et plusieurs autres sont néanmoins invalidées en par la Cour constitutionnelle de l'Ukraine, qui les juge trop sévères, ce qui provoque des manifestations. Face à ce revers, Zelensky tente de destituer l'ensemble des juges de la Cour[39], nommés sous le mandat de Viktor Ianoukovitch[40] : la Constitution ne lui en donnant pas le pouvoir[39], il annonce la suspension pour deux mois du président de la Cour, Oleksandr Toupytsky (uk), accusé par la justice de subornation de témoins et de faux témoignages, mais sa décision est annulée par l'institution[40].

Zelensky remporte néanmoins une victoire politique le , lorsque le Parlement adopte une loi visant à restreindre le pouvoir des oligarques, riches hommes d'affaires qui influencent la vie publique ukrainienne, en les recensant dans un registre[41]. Les intéressés ont six mois pour cesser leurs activités politiques et vendre leurs médias[39], sans quoi ils sont classés comme oligarques et soumis à de fortes contraintes (obligation de déclarer leurs possessions, interdiction de financer des partis politiques, de rencontrer en privé des hauts fonctionnaires ou de participer à des privatisations)[41]. Zelensky est toutefois critiqué pour avoir pris la tête de la commission chargée d'établir le registre, ce qui engendre un conflit d'intérêts en raison de ses liens avec l'oligarque Ihor Kolomoïsky. Il est par ailleurs lui-même accusé d'évasion fiscale dans l'affaire des Pandora Papers[39].

Invasion de l'Ukraine par la Russie (2022)[modifier | modifier le code]

Vladimir Poutine nie l'existence d'un État ukrainien et d'une nation ukrainienne[42]. L'Ukraine est une nation beaucoup plus soudée qu'il y a vingt ans. Une grande partie de la populations est bilingue même dans les villes de l'est.

Le 23 janvier 2022, Joe Biden, président des États-Unis, ordonne aux familles de diplomates américains de quitter le territoire ukrainien en raison des fortes tensions avec la Russie, évoquant « la menace persistante d'une opération militaire russe »[43].

Le 21 février, le président russe Vladimir Poutine reconnait l'indépendance des républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk et ordonne à ses troupes de se rendre dans ces parties de l'est de l'Ukraine dans le cadre de ce que le Kremlin qualifie de « mission de maintien de la paix »[44].

Le , la Russie procède à des bombardements par missiles de croisière et balistiques sur plusieurs villes ukrainiennes, dont Kiev. Les troupes russes au sol pénètrent sur le territoire ukrainien[45],[46], ce qui constitue le point de départ de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. L'armée russe affirme avoir détruit les systèmes de défense antiaérienne et mis « hors service » les bases aériennes du pays. Cela constitue une guerre d'agression de la Russie sur l'Ukraine mais n'a pas été statué comme telle par le conseil de sécurité de l'ONU vu le droit de véto de la Russie[47]. L'assemblée générale des nations unies vote une résolution déplorant « l'agression de la Russie contre l'Ukraine » et affirme l'« attachement à la souveraineté, l'indépendance, l'unité et l'intégrité territoriale » de l'Ukraine. Le vote été approuvé par 141 pays sur les 193 membres que compte l'Organisation. Cinq pays ont voté contre : la Russie, la Biélorussie, la Corée du Nord, l'Erythrée et la Syrie[48].

Vladimir Poutine agite la menace nucléaire le 27 février[49],[50] et ordonne de bombarder les villes les plus russophones d'Ukraine, à savoir Kharkiv et Marioupol[51] oû les populations civiles se terrent, Kiev subissant le même sort les habitants s'abritent dans le métro, Il y a des inquiétudes concernant la ville russophone en majorité d'Odessa et dont le port est stratégique[52].

L'Agence internationale de l'énergie atomique exprime ses inquiétudes sur la situation en Ukraine et appelle à « un maximum de retenue pour éviter toute action qui mettrait les sites nucléaires du pays en danger ». Une réunion du Conseil des gouverneurs de L'AIEA à Vienne, siège de l’agence, est organisé pour discuter des « risques réels » posés par le conflit entre la Russie et l'Ukraine. La résolution adoptée appelle la Russie à « cesser immédiatement les actions contre les sites nucléaires ukrainiens ». Le texte estime que cette guerre « pose des menaces graves et directes à la sécurité de ces lieux et de leur personnel », avec « le risque d'un accident ou incident nucléaire qui mettrait en danger la population de l'Ukraine, des États voisins et de la communauté internationale »[53]. C'est la première fois qu'un conflit militaire se déroule dans un pays doté d'un large programme nucléaire[54].

Cartes historiques[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Paul Robert Magocsi, Ukraine, A Historical Atlas, University of Toronto Press, 1987, p. 8-9
  2. Olga Ostritchouk : Les Ukrainiens face à leur passé, P.I.E. Peter Lang, Bruxelles 2013, (ISBN 978-2-87574-035-9).
  3. Iaroslav Lebedynsky, 2004, Les Cosaques. Une société guerrière entre libertés et pouvoir. Ukraine 1490-1790, Paris, Errance, p. 201-207
  4. Daniel Beauvois, op. cité, p. 83
  5. (ru) Texte intégral du traité de la formation de l’URSS le 29.12.1922
  6. a b c et d Luc Pauwels, « L'Ukraine et les déchirements de la guerre », La Nouvelle Revue d'histoire, no 84,‎ , p. 47-50
  7. (en) http://www.infoukes.com/history/ww2/page-17.html
  8. (ru) « http://ecsocman.edu.ru/images/pubs/2006/11/21/0000295642/1999_n4_p92-101doc.pdf »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  9. a et b Sabine Dullin, « Le grand pays et les petites patries », ‘’L’Histoire’’, no 485-486, juillet-août 2021, page 86
  10. Sabine Dullin, « Le grand pays et les petites patries », L’Histoire, no 485-486, juillet-août 2021, page 87
  11. Nicolas Werth, « URSS : comment un empire implose », dans L’Histoire, no 485-486, juillet-août 2021, page 95
  12. Géopolitique de l'Ukraine, p. 5-7%
  13. a et b Géopolitique de l'Ukraine, p. 7-11%
  14. « Accueil > Venir en Ukraine > Découvrir l’Ukraine > Politique > Politique intérieure », sur Ambassade de France en Ukraine (consulté le )
  15. Géopolitique de l'Ukraine, p. 11-14%
  16. Serge Truffaut, « Chantage au gaz », Le Devoir,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. Peter Schwarz, « Le conflit du gaz entre la Russie et l'Ukraine », World Socialist Web Site,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. (en) Personnel de rédaction, « Ukraine gas row hits EU supplies », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. Pierre Avril, « La Russie tente d'empêcher les noces entre l'Ukraine et l'UE », sur LeFigaro.fr, , p. 5.
  20. Jean-Jacques Mével, « Mise en échec, l'UE laisse la porte ouverte à l'Ukraine », sur LeFigaro.fr, mardi 26 novembre 2013, page 5.
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Bibliographie[modifier | modifier le code]

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Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Histoire ancienne
Histoire contemporaine


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